Au Kenya, une pétition en ligne contre six violeurs relaxés a récolté plus d’un million de signatures. Les auteurs du texte dénoncent la peine dérisoire prononcée contre les six hommes accusés d’avoir jeté une jeune Kényane dans une fosse septique après l’avoir violée. Les militantes des droits des femmes espèrent que la calvaire de l’adolescente marque un tournant au Kenya, pays où le viol est souvent banalisé.
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Le calvaire de Liz
La jeune Kényane de 16 ans, – les médias kényans l’ont prénommée Liz – rentrait de l’enterrement de son grand-père dans le village de Tingolo, près de la frontière ougandaise, lorsque six hommes l’ont violée, chacun leur tour, avant de la jeter, inconsciente, dans une fosse septique d’une profondeur de 6 mètres.
« Leur peine ? Ils ont dû tondre la pelouse du commissariat avant de retrouver la liberté », s’insurgent les auteurs d’une pétition en ligne qui a déjà récolté plus d’un million de signatures. L’agression a laissé des séquelles psychologiques et physiques à l’adolescente : sa colonne vertébrale a été endommagée, l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant. Selon le Daily Nation, elle souffrirait également d’une fistule obstétricale.
Pétition en ligne
Indignés et choqués par l’impunité du crime, les auteurs du texte ont appelé le chef de l’inspection générale de la police au Kenya à prendre les mesures nécessaires pour « faire justice pour Liz en arrêtant et jugeant immédiatement ses violeurs ainsi que les policiers qui ont lamentablement échoué à s’occuper de ce cas. »
Une impunité qui révèle « l’échec complet d’un système »
Pour Nebila Abdulmelik, militante au sein de l’association Femnet (réseau de communication pour le développement des femmes en Afrique), à l’origine de la pétition, l’impunité des violeurs révèle « l’échec complet d’un système entier et une réponse absolument honteuse de la police kényane. » Pour la militante des droits des femmes, cette sordide histoire doit permettre de mobiliser l’opinion et les médias pour réclamer « des explications publiques », mais également «la fin d’une culture de la violence et de l’impunité qui sont devenues la norme. »
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Le viol, véritable fléau au Kenya
Le viol est un véritable fléau au Kenya : une étude menée en 2009 par le gouvernement, et rapportée par Jeune Afrique, a révélé qu’une femme sur cinq avait été victime de violences sexuelles dans le pays. La police ferme souvent les yeux sur ces crimes banalisés.
C’est ce que dénoncent les auteurs dans le texte de la pétition en ligne, estimant que rien ne changera sans mobilisation et pression internationale sur le gouvernement kényan. Les groupes de défense des droits des femmes espèrent que le viol de Liz « marque un véritable tournant dans l’épidémie de viols qui touche le Kenya. »
« Le supplice de Liz est impossible à imaginer, mais la seule façon pour que la police arrête de traiter les victimes avec une telle cruelle négligence est de lui demander des comptes », a, quant à elle, déclaré Dalai Hashad, directrice de campagne chez Avaaz, une organisation non gouvernementale internationale de cybermilitantisme.