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La relative amélioration de la situation économique en zone euro

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L’activité manufacturière

Le Purchasing Manager Index (PMI) manufacturier est un indice des directeurs d’achat de la zone. Il est un outil économique synthétique qui permet d’anticiper l’évolution du secteur manufacturier. Il reflète l’état de confiance dans l’avenir des chefs d’entreprises au travers d’un ensemble de critères tels que l’évolution des commandes, l’environnement global, les prix ou encore l’emploi. Dans ce cadre, c’est un indicateur psychologique mais en même temps pertinent de l’ensemble des secteurs économiques. La lecture de cet indicateur est la suivante : un indice PMI au-dessus de 50 indique une amélioration de la situation économique globale, alors qu’un indicateur en-dessous de 50 indique une dégradation.

L’indice PMI manufacturier évolue positivement depuis mai/juin 2013. En effet, si cet indicateur est positif pour la zone euro depuis juillet 2013, il a commencé à se rapprocher du seuil de 50 depuis mai, et s’est ensuite accéléré en juin. Cependant, il convient de modérer cette nouvelle car avec un indice PMI manufacturier à 51,4 en août 2013, si la situation économique semble devoir s’améliorer, la tendance n’est pas encore euphorique. De plus, cet indice s’est légèrement tassé en septembre à 51,1. Toutefois, le changement de tonalité est suffisamment important pour qu’il constitue en soi un signe encourageant. En effet, cela faisait plus de deux ans que cet indicateur n’était pas passé au-dessus du seuil de 50 (juillet 2011). Au-delà de la tendance générale, il apparaît qu’il y a encore quelques mois l’indice PMI manufacturier par pays donnait des résultats très différents avec des trajectoires propres à chaque pays. Depuis le printemps 2013, la tendance devient plus homogène et une forme de convergence se dessine vers une trajectoire commune alors que ce n’était pas le cas précédemment.

Il y a deux explications principales à cette amélioration généralisée : de nouvelles marges de manœuvre ont été créées grâce aux efforts des entreprises et le sentiment d’incertitude s’est estompé, en effet :

  1. il y a eu beaucoup d’ajustement au sein des entreprises durant les trimestres précédents. Elles ont effectué de nombreuses modifications internes (organisations, baisse des coûts…) afin de s’adapter à leur nouvel environnement et ainsi retrouver de nouvelles marges de manœuvres.

  2. l’autre explication est la modification de certaines incertitudes. En effet, il convient de se rappeler qu’il y a un an la situation de la zone euro était encore très fragile, et que des doutes raisonnables existaient quant à la survie même de l’euro. Dès lors, ces éléments ont été générateurs d’attentisme auprès des agents économiques, et peu propice à l’optimisme.

Du sentiment d’amélioration à l’augmentation de la production

Il convient maintenant de savoir si l’amélioration du sentiment va se traduire par une augmentation de la production. Il est raisonnablement possible d’espérer que cela se produise car plusieurs éléments plaident en cette faveur :

Par conséquent, ces trois éléments sont positifs. En effet, chaque retournement cyclique de la production a toujours été jusque-là précédé par une reformation des stocks des entreprises, une augmentation des commandes et une hausse des échanges entre les pays. Dès lors, l’indice PMI manufacturier pourrait encore s’avérer un bon indicateur avancé de l’activité économique.

De plus, le phénomène n’est pas seulement circonscrit au domaine manufacturier. En effet, même au niveau agrégé (Indice PMI Composite flash) qui combine les performances des secteurs manufacturiers et des services, l’amélioration de tendance apparaît également.

En revanche, seules la France et la Grèce n’ont pas encore dépassé ce seuil de 50. En effet, même si l’évolution existe dans ces pays, elle est moins marquée. Dans le cas de la France, la raison  principale est que pendant que les autres pays ont développé des stratégies qui leur permettent de profiter du retournement conjoncturel global, la France quant à elle ne l’a pas fait. Ainsi, si la reprise se confirme, il est probable que la France va voir sa position relative par rapport aux autres pays encore se dégrader car les efforts en amont n’ont pas été réalisés. De plus, l’instabilité et la pression fiscale qui pèsent sur les entreprises, ainsi que le cadre réglementaire général peu propice au développement de l’activité risquent de retarder encore une dynamique de reprise.

Implications en termes de croissance et d’emploi

Si le sentiment d’amélioration se traduit effectivement sur la production, il convient maintenant de s’interroger sur les implications possibles en termes de croissance et d’emploi. L’évolution trimestrielle du PIB (la croissance économique) et l’indice PMI manufacturier sont deux indicateurs qui sont généralement très bien corrélés. En effet, ils se suivent bien, malgré un léger décalage temporel, mais ce qui est normal. L’amélioration du PMI manufacturier, étant un indicateur avancé de l’activité économique, précède la hausse de la croissance. Dans ce cadre, l’amélioration de l’activité devrait normalement se traduire par une amélioration de l’emploi dans un second temps. Toutefois, cette amélioration est conditionnée au fait que les entreprises augmentent leurs investissements. En effet, in fine, l’augmentation de l’investissement des entreprises est l’élément clef qui permettra une transition entre les légitimes espoirs et la concrétisation pratique de ces derniers en une amélioration de l’emploi.  

Citation

Sylvain Fontan, “La relative amélioration de la situation économique en zone euro”, décryptage publié sur «leconomiste.eu»

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