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Le choix de Barack Obama: Janet Yellen, future présidente de la Fed

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L’annonce de sa nomination par le président américain devrait avoir lieu à 21 h, heure française, lors d’une cérémonie à laquelle l’actuel président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, devrait participer.

Favorite depuis le renoncement de Larry Summers

La « course » à la direction de la Fed a véritablement basculé avec le retrait de Larry Summers. Ce dernier, qui a longtemps fait figure de favori de Barack Obama – dont il a été un proche conseiller -, a en effet fait savoir mi-septembre qu’il renonçait, « à contre-cœur », à postuler à la présidence de la Réserve fédérale. De sévères critiques venant notamment de l’aile libérale du Parti démocrate, s’étaient élevées suite aux rumeurs sur sa possible nomination.

Son profil, jugé trop proche de Wall Street, a sans aucun doute joué en sa défaveur. Il avait été amené au cours de sa carrière à conseiller la banque Citigroup, travailler pour la bourse des valeurs technologiques, le Nasdaq, ainsi que pour un fonds spéculatif. Il a également participé à la suppression du fameux Glass-Steagall Act de 1933, qui assurait la séparation des activités de marchés des activités de dépôt, lorsqu’il occupait le poste de secrétaire au Trésor, sous la présidence de Bill Clinton.

Ce renoncement a naturellement ouvert la voie à Janet Yellen, qui n’avait dès lors pour adversaire crédible que l’économiste Donald Kohn, ancien numéro deux de la Fed ayant passé 38 ans au sein de l’institution. Ses chances d’être nommé étaient malgré tout considérées comme relativement faibles.

Une personnalité respectée, soucieuse de la situation de l’emploi aux Etats-Unis

Agée de 67 ans, Janet Yellen est titulaire d’un doctorat d’économie obtenu à l’université de Yale sous la direction de James Tobin (rendu célèbre pour sa proposition de taxer les transactions financières).

Elle n’est évidemment pas nouvelle dans l’établissement puisqu’elle occupait le poste de vice-présidente depuis 2010. Sa position de « colombe » au sein de l’institution tranche avec celle des  « Faucons » qui accordent une priorité à la lutte contre l’inflation. C’est d’ailleurs cet intérêt pour la situation de l’emploi et la lutte contre le chômage qui a contribué à forger son image. 

Elle a toujours défendu la mise en place et la poursuite d’une politique monétaire accommodante pour lutter contre le chômage, même au prix d’une inflation plus importante. Sa vision du rôle de la Fed ne devrait donc pas entrer en contradiction avec ce qui a été fait par Ben Bernanke depuis le déclenchement de la crise des subprimes.

Sa nomination a été grandement facilitée par son image positive auprès des médias américains et des économistes, qui reconnaissent son indépendance vis-à-vis des marchés financiers ainsi que son expérience. Un groupe d’économistes de renom, dont Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, avait même envoyé une lettre ouverte à Barack Obama pour appuyer sa candidature. La lettre soulignait entre autres le fait que Janet Yellen avait été l’une des premières à mettre en garde sur le fait que « les difficultés du secteur financier en 2007 risquaient de causer une récession majeure. »

Une mission pourtant délicate

Sa mission s’annonce délicate car elle devra nécessaire à un moment ou à un autre réduire les injections de liquidités de la Fed dans le circuit économique américain, le soutien exceptionnel à l’activité ne pouvant se poursuivre ad vitam aeternam.

Ce changement de politique devra se faire sans affoler les marchés financiers, ce qui est compliqué, tant chaque annonce de la Banque centrale américaine a des répercussions immédiates sur les marchés (qui ne sont pas « habitués » à bénéficier de liquidités en abondance). La Fed rachète actuellement 85 milliards de dollars de Bons du Trésor et de titres hypothécaires chaque mois.

La nomination de Janet Yellen devra encore être validée par le Sénat, actuellement dans l’impasse sur la question du budget fédéral, mais aussi du relèvement du plafond de la dette.

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