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Le Front national prend Racine dans le monde enseignant

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JOL Press : Le collectif Racine rassemble des professeurs proches du Front national. Comment s’est-il formé ?

Alain Avello : Au départ, Yannick Jaffré et moi-même – les cofondateurs du collectif – étions deux amis, professeurs de philosophie. Nous avons à peu près suivi le même itinéraire politique : chevènementistes tous les deux, nous avons été ensuite déçus par la gauche. Après une période de flottement politique, j’ai, pour ma part, adhéré au Front national en 2011, reconnaissant chez Marine Le Pen une ligne républicaine semblable à celle défendue par Jean-Pierre Chevènement.

Après l’élection présidentielle de 2012, nous avons décidé de monter un collectif, affilié au Rassemblement Bleu Marine, qui traiterait des questions éducatives. Le 2 mai dernier, nous avons alors publié notre texte fondateur Pour le redressement de l’école, dans les colonnes du Figaro, cosigné par une dizaine de professeurs.

JOL Press : Le collectif Racine n’est-t-il pas seulement un instrument de dédiabolisation du Front national ?
 

Alain Avello : Ce sont des mythes. Il y a bien sûr eu une stratégie de dédiabolisation, et elle ne doit pas seulement être cantonnée à de la communication. Les positions du Front national ont réellement évolué depuis l’arrivée de Marine Le Pen. Le collectif Racine est incontestablement et irréprochablement républicain.

Dire qu’il s’agirait d’un instrument mis en œuvre à des fins électoralistes, visant à séduire les enseignants, ne repose sur aucun fondement. 

Par ailleurs, lors de la conférence de lancement, Marine Le Pen et moi-même avons assuré que nous n’entendons évidemment pas faire le moindre prosélytisme. Nous n’avons pas non plus vocation à être un syndicat.  Cela s’explique pour une raison simple, un syndicat par nature défend ses intérêts catégoriels. Or notre perspective est éminemment politique. Amoureux de l’école et de la France, nous sommes habités par le sens de l’intérêt général.

JOL Press : Sachant que le milieu enseignant est de tradition hostile au Front national, quel est aujourd’hui le profil de vos adhérents ?
 

Alain Avello : On ne peut pas nier les réticences idéologiques qui existent au sein du monde enseignant, expliquées en partie, par son origine sociale. Certains de nos membres – essentiellement des enseignants en début de carrière – préfèrent d’ailleurs conserver l’anonymat.  Marine Le Pen a reconnu en 2012 le malentendu qui existait entre le Front national et les enseignants depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, toutefois, les digues idéologiques sont en train de s’affaisser, et y compris dans le monde enseignant. Notre but est de faire comprendre que le Front national est, sans aucun doute, devenu le seul réel parti attaché aux fondamentaux de la République.

Après la conférence de lancement du collectif, le 12 octobre dernier, nous avons considérablement élargi notre audience : nous sommes passés d’une petite quarantaine à plus d’une centaine de membres.

JOL Press : Identifiez-vous comme « les hussards de la République » du XXIe siècle ?
 

Alain Avello : Certes nous prônons un certain retour à un ordre antérieur, rétablissant le cours magistral et l’autorité du professeur, mais ce n’est pas par pur passéisme. Vu le déclin du système scolaire depuis trente ans, je dirai même que le véritable progressisme est de s’attacher à des normes plus anciennes. La multitude de pédagogies alternatives et modernistes mises en place ont produit les pires effets sur le système scolaire.

Les hussards noirs de la IIIe République sont bien sur une référence pour nous : l’école remplissait sa mission d’élever socialement les enfants qui lui étaient confiés. Par l’instruction, elle leur donnait des chances égales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Moins l’école instruit, moins l’égalité des chances entre les élèves est effective.  

JOL Press : Quelle est, selon vous, l’école idéale ?

Alain Avello : Notre école idéale serait celle qui remplirait, de façon absolue et impérative, la mission d’égalité et d’équité des chances. L’école de l’égalité des chances est, par définition, celle de l’excellence.

Contrairement à l’école de l’égalitarisme, édifiée sous l’influence néfaste du sociologue Pierre Bourdieu – qui proclame l’égalité à tout prix et qui ignore les différentes capacités des élèves -, nous aimerions mettre en place un système qui effectue une sélection légitime en fonction de dispositions de chacun. Nous luttons particulièrement contre le collège unique qui consiste à donner les mêmes cours dans les mêmes établissements scolaires, à des élèves aux capacités radicalement différentes. Nous sommes également particulièrement attachés à la valorisation effective de la voie professionnelle.

Le collectif Racine collaborera certainement à l’élaboration du programme éducatif du FN à la présidentielle de 2017. 

Propos recueillis par Carole Sauvage pour Jol Press

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