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Le mot «paix» gravé dans 52 langues et 16 alphabets

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JOL Press : Quel est l’objectif du Mur pour la paix à Paris ?
 

Marek Halter : Pour célébrer le passage au deuxième millénaire, Jean-Jacques Aillagon, chargé par le président Jacques Chirac de préparer les événements, souhaitait quelque chose de particulier et de symbolique qui transcendait les âges, les siècles, une sorte de nécessité morale. Nous nous sommes rencontrés par hasard et Clara Halter a déclaré qu’il fallait un Mur pour la Paix, à la manière du mur des Lamentations. Ce monument permet à tout le monde d’introduire ce désir de la paix dans sa propre langue entre les fentes du mur.

Clara Halter et l’architecte Jean-Michel Wilmotte se sont donc mis au travail et ont conçu ce projet. Clara a écrit le mot « paix » dans 52 langues dans 16 alphabets. Pour cela, elle est allée voir tous les ambassadeurs, et devant eux, elle a recopié le mot paix pour être sûre de bien l’écrire. Il a fallu ensuite placer ce monument quelque part. Jean Tiberi, maire de Paris à l’époque, a eu idée de l’ériger sur le parvis des droits de l’homme. Mais les architectes se sont rendus compte que cela ne tiendrait pas. Les deux créateurs ont donc érigé le mur de l’autre côté du champ de mars devant l’École militaire.

Très fier, Jacques Chirac a inauguré le monument. Lors de son discours, il a déclaré, avec raison, qu’il y avait énormément de monuments qui commémoraient les morts mais pas un seul qui célébrait les vivants. Or, la paix c’est la vie.

Cette œuvre est aujourd’hui pérennisée puisqu’une loi dit qu’après dix ans, une œuvre d’art posée dans un espace public devient unie à cet espace. Aujourd’hui, elle se trouve dans tous les guides du monde. Les touristes adorent photographier la Tour Eiffel à travers ce monument transparent symbolisant la paix. 

L’écriture : le mot « paix » est décliné dans une cinquantaine de langues à travers 16 alphabets, sur ce monument. L’écriture : l’expression humaine la plus universelle pour délivrer un message comme la paix ?
 

Marek Halter : Effectivement. L’invention de l’écriture a changé le monde. Il y a eu les hiéroglyphes, les pictogrammes… Il y a 4 000 ans, à l’époque sumérienne, les hommes ont inventé le premier alphabet abstrait. A partir de là, tout a été possible : on pouvait enfin signer des accords de paix entre les belligérants, la littérature s’est créée… C’est peut-être là que le monde est devenu un, car la communication était devenue possible. Aujourd’hui, nous sommes tributaires de cela. Lorsque Clara répète ces lettres, elle rend hommage à cette invention extraordinaire. C’est beau, c’est comme de la peinture, et en même temps, elle réconcilie les gens qui sont encore en guerre. C’est d’autant plus important lorsqu’on sait que chaque jour, il y a quelques langues qui disparaissent dans le monde. Ce qu’on garde de nous, c’est cela : leur mémoire.

JOL Press : Dans quelle autre ville du monde, un monument pour la paix devrait être érigé ?
 

Marek Halter : Au Japon, et c’est déjà fait !  A Hiroshima, Clara Halter et Jean-Michel Wilmotte ont conçu les Portes de la paix qui introduisent les visiteurs au mémorial d’Hiroshima. Chaque année, des dizaines de milliers de visiteurs se photographient devant ces portails illuminés avec le mot paix gravé. Lorsque Clara est allée voire le maire d’Hiroshima, elle a proposé neuf portes en référence aux neuf portes de l’enfer de Dante. Le maire de la ville a répondu qu’il préférait qu’ils en construisent dix : « la dixième porte, c’est Hiroshima », a-t-il expliqué.  

>> Plus d’informations sur le site du Mur pour la paix

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