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Les Egyptiens s’engagent sur la voie de la paix

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Londres. Le mot  »paix » n’est peut-être pas celui qui vient de prime abord à l’esprit lorsqu’on pense au Caire ces temps-ci. Le paysage politique égyptien apparaît plus divisé que jamais et les affrontements de la semaine dernière ont mis en évidence les dissensions entre partisans et opposants des Frères musulmans.

Pourtant, le Caire est une ville où tout peut arriver.

La Journée internationale de la paix, célébrée le 21 septembre dernier, a montré un autre visage du Caire et a marqué une étape vers une Egypte plus ouverte fondée sur l’équité et le respect mutuel.

Au-delà des tensions liées à la transition démocratique, de nombreux Egyptiens – jeunes activistes technophiles qui établissent des contacts grâce aux réseaux sociaux mais aussi hommes et femmes plus âgés discutant de politique ou s’associant aux campagnes populaires pour la première fois – se sont engagés sur la voie de la paix. 

Le 21 septembre dernier, pour la troisième année consécutive, MasterPeace, une initiative populaire de consolidation de la paix d’envergure internationale qui mobilise des gens de plus de quarante pays, a célébré la Journée internationale de la paix au Caire en organisant un événement intitulé le Festival des Artistes de rue. Près de quatre mille personnes ont participé à cette journée de graffiti artistiques, de musique et d’ateliers. Des Egyptiens de tous milieux et de tous âges sont venus prendre part à la manifestation.

Les gens semblaient plus que jamais désireux de se rassembler et de renforcer le tissu social.  »Personne n’a affiché de symboles politiques tendancieux ; les gens sont venus pour célébrer ensemble l’Egypte, quel que soit le parti qu’ils soutiennent », rapporte Raghda El-Halawany, directrice de projet pour MasterPiece au Caire. 

 »Les gens n’ont pas eu peur de se rassembler dans la rue malgré la situation prétendument dangereuse décrite par les médias », ajoute Raghda El-Halawany,  et la manifestation s’est déroulée sans le moindre incident.

Les ateliers organisés pour l’occasion ont abordé des thèmes tels que le harcèlement sexuel, la tolérance sociale et le dialogue interreligieux, ainsi que l’art du débat. D’autres sujets se rapportant à la façon dont les Egyptiens peuvent faire avancer leur pays, des élections prochaines à la manière d’inclure toutes les opinions et idéologies politiques dans la construction d’une nouvelle Egypte, ont également été traités. 

Avant la révolution du 25 janvier, de telles initiatives n’auraient pas eu autant de succès car à l’époque, des questions comme le harcèlement sexuel étaient tabous. Même des concepts comme le dialogue interreligieux n’étaient pas aussi largement débattus qu’ils ne l’ont été lors de la manifestation.

Le point culminant de la journée fut le moment où les Egyptiens se sont joints aux artistes indépendants de MasterPiece pour couvrir un mur entier de graffitis représentant leur unité.

Les murs de graffitis caractérisent la journée internationale de la paix dans la capitale égyptienne. En 2011, l’année où la manifestation s’est tenue pour la première au Caire, d’autres figures murales représentant l’espoir d’un avenir meilleur et de paix avec la nature avaient vu le jour. 

 »Au cours des ces trois années, personne n’a dégradé ces murs, pourtant, ils sont au beau milieu de la rue… Les gens apprécient la beauté et les Egyptiens ont aimé disposer d’un endroit agréable et propre en pleine rue », explique Raghda El-Halawany.

Un tel soin de l’espace public et une telle utilisation de l’art comme forme d’expression sociale et politique témoignent de l’élan grandissant qui anime les jeunes Egyptiens pour construire leur nation.

Après presque deux années de troubles politiques, d’une gouvernance faible et d’une industrie du tourisme anéantie, les musulmans, chrétiens, libéraux, ceux qui veulent une religion pour jouer un rôle en politique et ceux qui n’en veulent pas, luttent encore pour une stabilité politique et économique.

Quel que soit le point de vue idéologique de chacun, la révolution du 25 janvier a marqué le début d’une nouvelle conscience civique et d’un sens de l’Etat qui s’expriment lors de manifestations comme celle-ci. Pour façonner une véritable société démocratique et pluraliste, les Egyptiens devront continuer de bâtir sur ce qui les unit.


* Randa Ghazy est une journaliste indépendante qui est née de parents Egyptiens et qui a grandi en Italie. Elle est l’auteur de trois romans. Cet article a été écrit pour Service de Presse de Common Ground(CGNews).

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