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Les Turcs se désintéressent-ils de l’Union européenne?

24.10.2013 par La Rédaction
Les Turcs se désintéressent-ils de l’Union européenne?

Après trois ans de silence, l’Union européenne a décidé de rouvrir, mardi 22 octobre, les négociations d’adhésion avec la Turquie. L’Union européenne a notamment mis en avant les « avancées démocratiques » de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan pour justifier l’ouverture de ce nouveau chapitre.

La Turquie est-elle vraiment devenue démocratique ? Les Turcs se sentent-ils Européens ? Sont-ils toujours tentés par la perspective d’une Union européenne en crise ? Eléments de réponses avec Etienne Copeaux, chercheur et spécialiste de la Turquie.

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L’Union européenne relance le dossier d’adhésion de la Turquie. Qu’en pensent les Turcs ? Attendent-ils cette adhésion ?
 

Etienne Copeaux : C’est difficile à dire, les Turcs représentent beaucoup de monde et des personnes très différentes. Je pense que dans l’opinion de gauche, il y a une réelle volonté d’entrer dans l’Europe, mais qui va peut-être en diminuant depuis une dizaine d’années.

Il faut dire que l’Europe n’offre pas de perspectives très réjouissantes en ce moment. Depuis 2000, à peu près, les Turcs, y compris les milieux d’affaires, cherchent d’autres issues et d’autres marchés, témoignant d’un désir décroissant d’entrer dans l’Union européenne.

Après ces années de négociations, les Turcs se sentent-ils Européens ?
 

Etienne Copeaux : Pour nous, Français, le sentiment d’appartenir à l’Europe est naturel car nous avons grandi dans cette idée. Pour la Turquie, c’est autrement plus compliqué.

Cependant, la Turquie est dans la perspective d’entrer dans l’Union européenne depuis 1963. Elle a obtenu le statut de candidat en 1999. Pendant toute la période qui a préparé la Turquie à obtenir ce statut, les Turcs avaient véritablement envie d’être Européens et en avaient le sentiment. Ils ressentaient même comme une injustice cette difficulté, pour eux, d’intégrer l’Union, car ils se sont sentis comme un véritable outil de l’Ouest et de l’Otan, au moment de la Guerre Froide, face au bloc soviétique.

Les dirigeants et les milieux d’affaires estimaient alors qu’ils avaient rendu beaucoup de service au monde occidental dans cette lutte contre le bloc communiste et que ce même monde leur devait une contrepartie.

En Europe, beaucoup estiment que les Turcs, de par leur histoire et leur culture, n’ont pas leur place dans l’Union européenne…
 

Etienne Copeaux : C’est justement à cause de leur histoire que les Turcs se sentent Européens. L’empire ottoman a été essentiellement européen, dès le XIVe siècle.

Les conservateurs, les nationalistes et les islamistes considèrent que cette Europe ottomane est un héritage, ce qui n’est pas du tout perçu de la même manière par les Européens.

L’Union européenne est en crise. Les Turcs n’auraient-ils pas plutôt intérêt à se tourner vers de nouveaux pays en développement et en croissance ?
 

Etienne Copeaux : Etienne Copeaux : Des tentatives ont été faites par le passé, notamment par le premier gouvernement islamiste de Necmettin Erbakan, en 1996 et 1997, pour former une union de pays musulmans en développement qui représentaient d’importants marchés. Cette union, le « D-8 », était constituée de pays très divers, allant du Nigéria à la Malaisie. Ce premier essai n’a pas fonctionné.

Il y a également eu une tentative, après l’écroulement de l’URSS, de créer un grand marché « turcophone » avec tous les pays d’Asie centrale. Ce marché fonctionne déjà mieux et il y a eu beaucoup d’investissements turcs dans ces régions. Il pourrait être porteur d’avenir, une communauté d’intérêt pourrait se former, même s’il peut prendre plus de temps à se mettre en place.

Il y a également eu des tentatives avec le marché arabe. Cependant, les Turcs, bien que musulmans, ne se trouvent pas beaucoup de parenté avec les Arabes. Il y a une forte coupure culturelle entre eux. Mais ils sont leurs voisins et des investissements ont été faits. Malgré les révolutions arabes qui ont créé une certaine instabilité, on voit de plus en plus d’hommes d’affaires turcs en Tunisie, en Algérie, en Egypte.

Ces marchés pourraient tous être des alternatives à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

En relançant les négociations, l’Union européenne a notamment salué les avancées démocratiques de la Turquie. Pourtant, la Turquie est encore un pays où les minorités sont persécutées et où une récente révolte populaire a été réprimée dans la violence. Qu’entend donc l’Union européenne par le terme « avancées démocratiques » ?
 

Etienne Copeaux : C’est effectivement affligeant. L’Union européenne s’est focalisée sur les événements de la fin du mois de juillet, en constatant qu’il y a effectivement eu des excès de la police, mais en jugeant que la situation était désormais réglée, et elle a totalement fermé les yeux sur la répression terrible qui dure depuis au moins 2009 et qui a abouti à l’arrestation d’environ 10 000 prisonniers d’opinion.

La Turquie reste le deuxième pays au monde pour le nombre de journalistes emprisonnés. Certains procès durent depuis maintenant des années et les libérations conditionnelles se font au compte-goutte et depuis ces deux dernières années, il n’y a eu aucun acquittement pour les prisonniers d’opinion.

Pourquoi alors un tel discours de l’Union européenne ?
 

Etienne Copeaux : Je me le demande. Il y a une complaisance européenne vis-à-vis de la Turquie. Les grands médias européens ont toujours fermé les yeux sur la répression en Turquie, alors qu’actuellement, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan est dans une phase de répression presque comparable à la Russie de Vladimir Poutine.

On critique Poutine, mais on critique très légèrement Erdogan et je trouve ce « deux poids-deux mesures » lamentable.  Ce que je crains, c’est que l’Union européenne se « turquifie » dans le sens policier du terme. Qu’elle devienne répressive sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme.

Il y a une importante et constante collaboration policière entre l’Europe et la Turquie, qu’il s’agisse d’échanges de moyens, de techniques ou de renseignements et si la Turquie entrait en Europe, cela pourrait entraîner une aggravation des régimes à tendance policière.

La Rédaction


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