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L’Espagne sommée de libérer une soixantaine de détenus de l’ETA

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On la surnommait « Nieves » (« Neiges ») ou « La Pequeña » (« La Petite »). Ines Del Rio Prada, aujourd’hui âgée de 55 ans, est devenue membre du « Comando Madrid » de l’ETA dans les années 1980. Au sein du groupe séparatiste basque, elle participe  à de nombreux attentats, notamment celui de la voiture piégée contre un autobus de la garde civile, le 14 juillet 1986, à Madrid, tuant 12 agents et blessant 51 autres personnes. La militante sera arrêtée en juillet 1987, à Saragosse, au volant d’une voiture chargée de 35 kilos d’explosifs.

Condamnée à 3 828 années de prison

Condamnée à 3 828 années d’emprisonnement pour 23 assassinats, Ines Del Rio Prada aurait dû être libérée en 2017, après avoir purgé sa peine initiale de 30 ans de prison. Mais la militante a été libérée ce mardi 22 octobre alors que la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) de Strasbourg venait de condamner l’Espagne pour sa détention prolongée. L’étarra aurait  en effet pu sortir de prison dès 2008 si les autorités espagnoles n’avaient pas appliqué la nouvelle jurisprudence baptisée «doctrine Parot». Objectif : retarder la remise en liberté de certains criminels.

La «doctrine Parot», jugée contraire aux droits de l’Homme 

Cette doctrine, approuvée par la Cour suprême espagnole en 2006, permettait à la justice espagnole d’appliquer la peine maximum de prison autorisée. Mais le texte – qui porte le nom d’Henri Unai Parot, ancien membre français de l’ETA – a été jugé contraire aux droits de l’Homme, lundi 21 octobre par la CEDH. 

Indignation des familles et des associations des victimes

Cette décision de Strasbourg a suscité la colère et l’indignation des familles des victimes, comme le titre le quotidien basque El Correo. L’Association des victimes du terrorisme (AVT) a, quant à elle, appelé à une manifestation dimanche 27 octobre, comme rapporte Le Monde,  afin de protester contre cette décision et demander au gouvernement de rester ferme dans sa politique pénitentiaire appliquée aux  membres de l’ETA. L’organisation, placée sur la liste des groupes terroristes par les Etats-Unis et l’Europe, avait annoncé dans un communiqué, le 20 octobre 2011,  « l’arrêt définitif de son activité armée ».

Une soixantaine de détenus bientôt libres ?

La décision de la Cour européenne des droits de l’Homme pourrait permettre la libération de 54 autres etarras sur les 600 répartis dans des prisons espagnoles et françaises, selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Le gouvernement a déclaré « regretter » cette décision, précisant que les tribunaux devraient désormais se prononcer au « cas par cas » sur les recours que déposeraient les membres de l’ETA détenus.

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