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L’investissement socialement responsable pour investir différemment

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JOL Press : Quels critères doit remplir un investissement pour être considéré comme « socialement responsable » ?
 

Grégoire Cousté : D’après la définition donnée aujourd’hui par les acteurs en France, il y a un certain nombre de critères précis. Un investissement est considéré comme socialement responsable s’il applique des filtres sur la politique environnementale, sociale, et la gouvernance.

Faire un investissement socialement responsable, c’est, en plus de la performance financière, chercher à avoir un impact environnemental, social, et à exercer une influence sur la gouvernance des entreprises.

Dans les années 90, l’éthique était au cœur de la définition, les critères « moraux » avaient la priorité. Depuis, en France, les acteurs ont cherché à se dégager de l’aspect purement éthique, pour appliquer des critères vraiment opposables, liés au développement durable. Des critères en lien avec le « Global Compact », qui vise notamment une meilleure responsabilité sociétale des entreprises.

JOL Press : Comment s’est développée cette démarche ? 
 

Grégoire Cousté : La démarche ISR n’est pas vraiment récente, même si relativement jeune par rapport à la finance en général. L’ISR s’est tout d’abord développé par l’éthique, par des fonds qui excluaient par exemple le tabac, les armes, l’alcool.

Le développement est passé ensuite par des fonds toujours éthiques mais plus politiques, qui excluaient par exemple les sociétés qui investissaient en Afrique du Sud ou participaient à la guerre du Vietnam.

Le modèle de l’ISR que l’on connaît actuellement est né au début des années 2000, avec une attention portée principalement au développement durable. 

JOL Press : Qui propose aujourd’hui ce type de produits ?  
 

Grégoire Cousté : L’ISR se décline en différents produits : immobilier, assurance vie, actions, obligations… Presque tous les grands réseaux de distribution, bancaires ou d’assurance, ont des produits ISR. Théoriquement, tout Français peut aller s’adresser à son établissement financier, là où il a ses comptes bancaires ou son assurance et lui demander de l’ISR.

JOL Press : Comment expliquer que ce type d’investissement reste relativement méconnu des Français ?
 

Grégoire Cousté : Il y a deux raisons. Tout d’abord, parce qu’il est complexe de comprendre la logique de prise en compte de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans un investissement. Il est beaucoup plus facile de comprendre l’exclusion de valeurs.

L’autre raison, c’est que les grands réseaux de distribution ne le mettent pas suffisamment en avant.

On sait qu’il y a une demande latente, que les gens sont intéressés, mais un chargé de clientèle, dans une agence, ne connaît pas encore forcement les produits ISR. C’est un marché totalement piloté par l’offre, il sera difficile de changer la situation tant que les réseaux ne seront pas mobilisés.

C’est aussi pour cela que nous avons mis en place la semaine de l’ISR, pour favoriser une prise de conscience du grand public.

JOL Press : Sacrifie-t-on la performance, avec l’ISR ?  

Grégoire Cousté : Il y a eu de nombreux débats, mais aujourd’hui les études universitaires semblent démontrer que les performances financières des fonds ISR et des fonds « classiques » sont à peu près équivalentes. On peut clairement dire que l’ISR ne détruit pas de valeur financière.

On n’est pas pénalisé lorsque l’on investit en prenant en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Propos recueillis par Rémy Brisson pour JOL Press

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