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Madagascar: les deux favoris du scrutin s’accrochent à leur victoire

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Les Malgaches ont été invités à choisir entre 33 candidats, à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle, vendredi 25 octobre. Un premier tour marqué par l’espoir du retour à la stabilité politique après quatre années de crise qui ont suivi un coup d’Etat.

Jean-Louis Robinson, candidat de l’ancien président déchu

Pour le deuxième tour, qui devrait se dérouler au cours du mois de décembre, ce ne sont plus que deux candidats qui se présenteront face à la population malgache. Pour le moment, la Commission électorale n’a pas rendu son verdict et le décompte des voix est toujours en cours. Cependant, deux grands favoris se détachent du lot. Et s’ils sont, comme le veulent les sondages, en haut du podium de ce premier tour, il ne reste plus que quelques semaines aux deux favoris du scrutin, Jean-Louis Robinson et Hery Rajaonarimampianina pour convaincre la population.

Ces candidats, sûrs de leur victoire, n’ont que faire des résultats. Pour eux, la campagne électorale n’est pas terminée, bien au contraire. Le deuxième tour approche et même sans garanties, les candidats poursuivent leur opération séduction auprès de la population.

« Ainsi, samedi après-midi, Jean-Louis Robinson, le candidat soutenu officiellement par le président déchu Marc Ravalomanana, a tenu un meeting […] à Antananarivo », peut-on ainsi lire sur France 24.

Jean-Louis Robinson ne fait en fait pas campagne pour lui mais pour son mentor, l’ancien président Marc Ravalomanana.

« Madagascar a besoin de tous ses fils. Actuellement, tous les présidents sont là sauf Marc Ravalomanana », a déclaré Jean-Louis Robinson devant ses partisans. Un retour qui, selon lui, « montrerait la sagesse des Malgaches. »

Grand favori du scrutin selon les premiers résultats

Selon des résultats partiels publiés au lendemain du scrutin, Jean-Louis Robinson réunirait 24,25 % des voix, contre 15,11 % pour son rival Hery Rajaonarimampianina. Ces résultats portent sur 65 bureaux de vote pour un total de 20 001 bureaux sur l’ensemble du territoire national.

À 61 ans, le docteur Jean-Louis Robinson Richard se présente pour le parti Antoko ny Vahoaka Aloha No Andrianina (AVANA).

Il défend les couleurs de l’ancien président dont il a été ministre à deux reprises, à la Santé publique, au Planning familial et à la Protection sociale de 2004 à 2008 et aux Sports et à la Culture en 2009.

Actuellement, Jean-Louis Robinson est expert médical auprès des tribunaux de Madagascar, médecin agréé des Nations Unies et membre de la Société Française de Médecine Aérospatiale, en tant qu’expert.

« Hery », le candidat d’Etat

Face à lui, Hery Rajaonarimampianina, plus simplement appelé « Hery ». Ce candidat est également soutenu par un « poids-lourd » de la politique malgache. Soutenu par le président par intérim Andry Rajoelina, ce candidat a mené une campagne agressive à l’encontre de son principal adversaire.

« Hery accuse régulièrement Ravalomanana d’être responsable des privations du pays et qualifie Jean-Louis Robinson de candidat par procuration », peut-on lire sur France 24.

« Il dispose aussi d’une base de l’ancien président. Donc il a utilisé cette base et c’est elle qui a voté, je crois, intensément pour lui. Je crois que c’est un vote pro-Ravalomanana », a également déclaré ce candidat aux journalistes de France 24.

Né en 1958 à Antsofonondry dans la banlieue nord d’Antananarivo, « Hery » est diplômé en économie à l’université d’Antananarivo, puis en finance et comptabilité à l’université de Trois-Rivières, au Québec. D’abord directeur d’études à l’Institut national de sciences comptables et de l’administration d’entreprise, puis créateur d’un cabinet d’expertise comptable et commissariat aux comptes, Hery Rajaonarimampianina devient ministre des Finances et du Budget du gouvernement de la Transition mené par Andry Rajoelina qui le soutient directement pour ce scrutin.

La crise gagnera

Vu de la capitale et des bureaux de vote, le premier tour de l’élection présidentielle semble s’être bien déroulé.

Plusieurs centaines d’observateurs venus du monde entier ont témoigné du bon déroulement technique de ce scrutin.

Pourtant, les spécialistes sont unanimes pour affirmer que de cette élection présidentielle ne viendra pas la stabilité. « Un grand nombre de candidats espèrent décrocher la magistrature suprême. À Madagascar, le pouvoir donne tout. D’énormes dépenses électorales sont faites pour soudoyer les électeurs et beaucoup ont procédé à un investissement important à l’occasion de ces élections, pour s’exposer, ils n’ont pas l’intention de perdre leur mise », explique Jean Frémigacci, historien et spécialiste de Madagascar. « Il faut donc s’attendre à de virulentes contestations de la part de certains politiciens très engagés qui auront dépensé beaucoup d’argent en pure perte et qui seront confrontés à la nécessité de se refaire. »

« La situation actuelle est éminemment plus favorable à la contestation puisque parmi ce grand nombre de candidats, aucune personnalité charismatique n’a émergé. Un très grand nombre sont déjà discrédités parce qu’ils ont profité, non pas simplement de la crise des quatre dernières années, mais de la crise des trente dernières années », explique encore Jean Frémigacci.

« Sans être pessimiste, simplement réaliste, ce scrutin sera entouré de fraudes et c’est un des candidats d’Etat qui va remporter l’élection et par-dessus tout, c’est la crise et l’instabilité qui gagneront », commente de son côté  Solofo Randrianja, professeur d’histoire politique contemporaine à l’Université de Tamatave, à Madagascar. « Le résultat n’est donc pas difficile à prévoir. »

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