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Malala, jeune icône de la résistance au mal

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Malala a dix ans lorsqu’elle rencontre, en 2007, un journaliste pakistanais qui enquête sur la montée en puissance du régime taliban dans la vallée du Swat, près de la frontière afghane. La jeune fille parle anglais et lui confie ses craintes face aux idéaux extrémistes des talibans.

Ecole interdite

En 2009, elle commence à raconter son quotidien sur un blog de la BBC, après la décision des talibans d’interdire aux filles l’accès à l’école.

« La nuit a résonné du bruit des tirs d’artillerie, et je me suis réveillée trois fois. Mais comme il n’y avait pas d’école, je me suis levée tard, à 10 heures. Ensuite, mon amie est venue et nous avons discuté de nos devoirs. Aujourd’hui, nous sommes le 15 janvier, dernier jour avant que la décision des talibans n’entre en vigueur », écrivait-elle.

La région de Swat, dans le nord-est du Pakistan, était alors sous contrôle taliban depuis deux ans. Les combats entre les activistes islamistes et l’armée pakistanaise faisaient rage. Les talibans avaient appliqué la charia – la loi islamique –, détruit des écoles et interdit l’éducation aux filles. Dans son « Journal quotidien », la jeune Malala racontait les assassinats d’opposants et les agressions dont étaient victimes les jeunes écolières.

Une balle dans la tête

Une prise de risque qui a failli lui coûter la vie. Distinguée en 2011 par le gouvernement pakistanais qui lui remet un prix national pour la paix, Malala, qui avait reçu plusieurs lettres de menaces, connaît l’horreur ultime un an plus tard.

Le 9 octobre 2012, alors qu’elle sort de l’école, la jeune icône du militantisme est visée dans un bus par des talibans du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), principale mouvance des talibans pakistanais. Elle reçoit une balle en pleine tête. Transférée quelques jours après à l’hôpital de Birmingham au Royaume-Uni, elle est finalement sauvée, la balle n’ayant pas atteint son cerveau.

Sur le devant de la scène

L’attaque, condamnée par la communauté internationale, propulse la jeune fille sur la scène médiatique. Le 12 juillet 2013, lors de son seizième anniversaire, elle s’adresse à la tribune de l’ONU, prônant le libre accès des enfants à l’école et lançant un appel à plus de tolérance. « Nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo, peuvent changer le monde », déclarait-elle.

Quelques jours plus tard, elle reçoit une lettre d’un responsable du TTP qui lui écrit : « Les talibans ne t’ont jamais attaquée parce que tu allais à l’école et aimais l’éducation […]. Les talibans estiment que tu écrivais délibérément contre eux et tentais de déjouer leurs efforts pour établir un système islamique à Swat. »

Sans pour autant s’excuser, le responsable expliquait ainsi que les talibans n’ont « rien contre l’éducation », mais qu’ils haïssent la « satanée éducation séculière » imposée par les Occidentaux, qui sont « esclaves des juifs. »

Prix Nobel de la paix ?

Jeudi 10 octobre, la jeune fille, qui figurait parmi les prétendants au prix Sakharov, a remporté ce prix qui récompense chaque année « des personnalités exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression ». Vendredi, c’est le prix Nobel de la paix 2013 qui pourrait bien revenir à la jeune militante qui vient de sortir une autobiographie intitulée : « Moi Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans. »

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