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Mali: fin du cessez-le-feu à Kidal, le MNLA reprend les armes

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Après plusieurs semaines d’un calme relatif au nord du Mali, la tension est montée d’un cran, depuis ces derniers jours, entre l’armée malienne et les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Le contexte des attaques reste confus

Lundi 30 septembre, pour la deuxième journée consécutive, des affrontements sont survenus dans la région de Kidal, capitale régionale de l’Azawad, territoire revendiqué par les Touaregs et où l’armée nationale peine à revenir après ces derniers mois de conflit.

C’est dans cette ville, source de tensions, que se sont produits des échanges de tirs dans la journée de lundi. La veille, à Tombouctou, un attentat-suicide revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) faisait au moins deux morts.

L’origine des affrontements de Kidal reste aujourd’hui difficile à interpréter. Dimanche 29 septembre au soir, le Mouvement national de libération de l’Azawad a directement accusé l’armée malienne d’avoir « provoqué » un convoi d’hommes du MNLA qui circulait dans la ville.

« Des soldats maliens ont délibérément ouvert le feu sur une unité mobile du MNLA alors que celle-ci circulait dans le centre de Kidal », ont déclaré les hommes du MNLA, affirmant que les soldats maliens avaient envoyé « des rafales de mitraillettes » sur le convoi.

Cette attaque aurait fait plusieurs blessés et parmi eux, le chef de l’unité qui circulait et qui était « descendu de son véhicule en levant les mains pour bien montrer que son unité n’était nullement dans une position de belligérance. »

« Cette flagrante agression a poussé le reste de l’unité à riposter », ajoute encore le Mouvement sur son site Internet.

Le MNLA met un terme au cessez-le-feu des accords de Ouagadugou

Depuis, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la région où des contingents supplémentaires de soldats français de l’opération Serval ainsi que de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont été déployés mais ne sont pas intervenus durant les échanges de tirs, selon des informations transmises par le gouvernorat de Kidal.

Ces violences interviennent trois jours après la rupture de cessez-le-feu par les indépendantistes touaregs.

Jeudi 26 septembre, les Touaregs ont annoncé que le cessez-le-feu, décidé dans le cadre des accords de Ouagadougou signés en juin dernier entre les autorités maliennes et divers groupes séparatistes du nord du pays, n’était plus valable. Le MNLA a affirmé que le gouvernement n’avait pas respecté ses engagements.

La situation sur place semble désormais avoir laissé place au calme, a indiqué RFI. « Selon nos informations, les Français sont arrivés sur place accompagnés de responsables du MNLA. Ils ont réussi ainsi à calmer les esprits et chacun est retourné dans son camp de cantonnement », relate RFI.

Pourtant, la tension reste grande et toutes les parties semblent prêtes à reprendre les armes à tout moment.

« Kidal ressemble depuis plusieurs jours à une cocotte-minute après la grenade tirée en fin de semaine dernière et l’explosion dans un ancien dépôt du Programme alimentaire mondial (PAM) », commente RFI.

Les Touaregs se battent toujours pour l’autonomie de l’Azawad

Ces affrontements armés sont un indicateur témoignant que les revendications autonomistes des Touaregs sont encore fortes, alors que l’administration de Bamako, dont le retour n’a que peu été apprécié par la population, fait de l’Azawad, territoire revendiqué par les touaregs, une zone de quasi non-droit.

Après les accords de Ouagadougou, signés le 18 juin 2013, les autorités de Bamako et les Touaregs étaient parvenues à un compromis. Cet « accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali », censé engager les termes de la réconciliation nationale, se confronte pourtant aujourd’hui aux revendications de certains nordistes, notamment dans cette région de Kidal.

Quelques jours après l’investiture du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, élu le 28 juillet dernier, ces événements sonnent comme un rappel.

Celui qu’on appelle IBK avait promis, durant sa campagne électorale, faire de la reconstruction nationale et de l’unité du Mali une priorité de son mandat.

IBK face à ses promesses

Durant cette campagne, Ibrahim Boubacar Keïta avait été l’un des rares candidats à s’aventurer au Nord-Mali.

Une visite de quelques heures, symboliquement forte puisqu’elle avait coïncidé avec le retour du gouverneur de Kidal dans sa ville.

Lors de son premier meeting, organisé dans le stade de Bamako le 7 juillet dernier, Ibrahim Boubacar Keita a promis qu’il convoquerait des assises nationales du Nord, et ce avant la fin de l’année.

« Cette plateforme réunira toutes les composantes communautaires du Nord-Mali : les forces politiques, les chefs traditionnels, les représentants de l’administration locale et centrale, des experts et des représentants de la société civile », déclarait-il devant la foule de ses partisans.

Les événements semblent pourtant se précipiter au Nord-Mali, et à peine investi, le président doit s’atteler à une tâche qui n’aurait pas été si délicate si les accords de Ouagadougou avaient été respectés.

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