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Migrations internationales, quels enjeux?

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Ce jeudi 3 octobre, l’Assemblée générale de l’ONU qui s’est réunie en session ordinaire à la fin du mois de septembre, se retrouve à l’occasion d’une réunion de haut-niveau consacrée à ces migrations de tout type, qu’il s’agisse de migrations professionnelles, de migrations de loisirs ou encore de migrations forcées.

Catherine Wihtol de Wenden est directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique. A l’occasion de la sortie de la nouvelle édition de « L’Atlas des migrations. Un équilibre à inventer » il y a quelques mois, cette spécialiste des migrations internationales a répondu aux questions de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et a fait le portrait de ces nouveaux flux migratoires, de plus en plus nombreux et importants et qui deviendront des enjeux de plus en plus prioritaires pour les Etats.<!–jolstore–>

Les grandes tendances des migrations actuelles

Alors que pendant longtemps, les migrations ont suivi un trajet Nord-Sud, on remarque aujourd’hui que les migrations du Sud vers le Sud sont de plus en plus importantes et représentent une grande part des flux migratoires mondiaux.

« Il y a presqu’autant aujourd’hui de migrations Sud-Sud que de migrations Sud-Nord », explique Catherine Wihtol de Wenden pour l’IRIS. « Nous constatons aussi des migrations Nord-Nord, notamment en raison de la crise économique […] qui amène des jeunes diplômés à chercher du travail à l’étranger. Avec le rallongement de la durée de la vie, nous voyons aussi des migrations Nord-Sud, des seniors qui s’installent au soleil mais aussi des gens qui créent des entreprises dans des pays du Sud, dans des pays émergents ».

« Aujourd’hui, le monde est traversé par les migrations, » explique encore cette spécialiste « Et c’est un phénomène qui se développe puisque les migrations ont doublé depuis la fin des années 90 et ont été multipliées par trois depuis les années 75 ».<!–jolstore–>

La crise économique et l’impact sur les flux migratoires

La crise économique, qui sévit depuis 2008, a nécessairement eu u impact sur ces flux migratoires. Néanmoins, ce dernier a été modéré, comme l’explique Catherine Wihtol de Wenden.

« Nous voyons apparaître de nouvelles figures de migrations, notamment avec les diplômés des pays du Nord qui vont travailler ailleurs, soit dans d’autres pays du Nord – c’est ce qu’on appelle l’émigration Nord-Nord – […] mais aussi des étudiants qui vont chercher leur emploi dans des pays émergents comme l’Inde, la Chine, le Brésil ».

Enfin, il faut compter « les double-nationaux qui, profitant de la connaissance de la langue de leurs parents, et parfois aussi de leur nationalité, vont migrer à Istanbul, par exemple, si les parents étaient de la campagne anatolienne, ou au Brésil lorsque les parents sont d’origine portugaise etc. ».

« C’est un phénomène qui se développe considérablement », ajoute-t-elle encore.

Les enjeux des futures migrations internationales

Toute la série de phénomènes qu’implique le développement de ces flux migratoires existent déjà. La question de la démographie est notamment cruciale dans la mesure où « le vieillissement de l’Europe, de la Russie, du Japon va continuer à entraîner un besoin de migrations en raison du rajeunissement de la population qui est nécessaire au dynamisme d’un pays » explique Catherine Wihtol de Wenden pour l’IRIS.

L’arrivée au quatrième âge d’une large part de la population est un enjeu de taille pour des pays tels que l’Espagne ou encore l’Italie.

Parmi les nombreuses tendances qui poussent certaines personnes à quitter leur pays et leur région pour s’expatrier, Catherine Wihtol de Wenden note également « la question environnementale » qui « va amener de nouveaux déplacements de populations, pour l’instant internes, mais également, et marginalement, internationaux ».

Autre enjeu de taille, « la recherche de matière première ». « Les Chinois vont en Afrique pour pêcher mais aussi pour chercher des terres rares ou des minéraux qu’ils n’ont pas chez eux. Cela devient aussi un facteur de migrations internationales ».

L’exemple syrien en est sans doute l’exemple le plus actuel, « les crises politiques, parfois imprévisibles, créent des déplacements de population qui ont un effet sur la migration internationale ». « C’est aussi un élément très important, c’est ce qu’on appelle les réfugiés, les personnes déplacées, les migrations forcées ».

Finalement, « le désir de vivre mieux » est également un facteur de migration non-négligeable. « Les jeunes, qui ne sont pas les plus pauvres dans les pays du sud, ont envie de réaliser leur vie et parfois ils considèrent que chez eux il n’y a aucun espoir ».

Migrations internationales : enjeux et défis par IRIS-FRANCE

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