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Pic de désertions dans l’armée afghane quand l’Otan quitte le pays

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Les défections se succèdent dans l’armée afghane. Le départ des troupes de l’Otan semble avoir un retentissement pour le moins inattendu au sein des troupes censées reprendre le flambeau des forces internationales. C’est ce que révèle un reportage mené sur place par des journalistes de France 24.

100 000 désertions par an

Après dix ans sur le sol afghan, les dernières troupes de l’Otan quitteront le territoire en 2014. Pour l’Etat afghan, qui sera d’ici peu dirigé par un nouveau président, successeur d’Hamid Karzaï, l’enjeu est de taille.

Face à une recrudescence des violences et des actes terroristes, et dans un climat de forte instabilité, l’armée afghane, aussi bien que les forces de police, auront une tâche de taille. Une tâche à laquelle ne semble pas prêts à s’atteler certains membres de ces forces.

En effet, selon les témoignages qu’on recueilli les journalistes de France 24, l’armée afghane peine à garder ses troupes.

« Chaque année, quelque 100 000 soldats ou policiers abandonnent leur poste, soit un tiers des effectifs », expliquent-ils. « Une situation qui fait douter de la capacité du gouvernement d’Hamid Karzaï à assurer la sécurité du pays après le départ des troupes de l’Alliance transatlantique, d’ici la fin 2014. »

Trop peu d’équipements, l’armée afghane ne fait pas le poids

Sur place, ces journalistes sont partis à la rencontre de ces déserteurs. Pour certains, l’armée afghane ne fait tout simplement pas le poids face aux talibans. Mieux armés, équipés avec du matériel de qualité, les insurgés ont un avantage de taille face à l’armée régulière.

« Pendant les affrontements, souvent nos armes s’enraillent, cela m’est arrivé trois fois, elles surchauffent et se bloquent. L’équipement des talibans est bien meilleur, ils ont de vraies kalachnikovs, alors que nous, nous avons des armes chinoises », explique un père de famille aux journalistes de France 24 qui l’interrogent.

La condition même de militaire dans l’armée afghane n’est pas satisfaisante pour cet homme. « Les salaires étaient versés avec 15 à 20 jours, parfois même un mois de retard. Et 220 euros par mois, ce n’est même pas assez pour payer un loyer à Kaboul », explique-t-il.

La peur du taliban, ou l’attrait des insurgés…

Bien entendu, derrière ces désertions massives, la peur des talibans reste vivace. Les insurgés n’hésitent pas à s’en prendre directement aux familles des futures recrues de l’armée afghane, ainsi que le révèlent les témoignages recueillis par France 24.

« Cela arrive souvent que des talibans menacent toute une famille si l’un d’entre eux rejoint l’armée », explique le Colonel Kareemullah, responsable du centre de recrutement de Kaboul, à France 24. « Dans ce cas, le soldat est obligé de retourner dans sa famille pour mettre les siens à l’abri et de postuler auprès de nous. »

Parfois encore, les talibans ne font pas peur. Bien au contraire, ils deviennent des alliés. C’est le cas de ces soldats qui quittent l’armée afghane pour rejoindre les insurgés, ou au moins pour marchander avec eux. Des armes contre un sauf-conduit, ou contre de l’argent. Tout se monnaye.

« Je connais plein de gens qui ont vendu leurs armes, tout le monde fait ça, même des commandants », affirme un ancien soldat à France 24. « Certains ont même vendu plein d’autres choses, comme des 4×4 et des réserves d’essence. »

> Lu sur France 24

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