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Pourquoi l’assurance-vie plait-elle autant aux Français?

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JOL Press : A l’heure actuelle, les Français souscrivent aux contrats d’assurance-vie plutôt dans une logique d’épargne ou de prévoyance ?

Philippe Crevel : C’est vrai qu’à l’origine, ce type de contrat était plus utilisé pour s’assurer, en cas de décès notamment, dans une logique de prévoyance. Aujourd’hui, l’objectif numéro un d’un contrat d’assurance-vie, c’est avant tout de l’épargne à moyen et long terme.

De manière accessoire, c’est aussi un produit de préparation à la succession. Donc, à l’heure actuelle, on est essentiellement dans un produit d’épargne.

JOL Press : Compte tenu de l’alourdissement de la taxation des produits de l’assurance-vie, ce type de contrat est–il toujours intéressant, par rapport à un PEA ou un compte-titres classique par exemple ?

Philippe Crevel : Indéniablement, le paysage fiscal a bien changé. Avant, il y a une vingtaine d’années, il y avait l’exonération complète des droits de succession, il n’y avait pas de prélèvements sociaux.

Aujourd’hui, il y a 15,5 % de prélèvements fiscaux et de la fiscalité sur les droits de succession, donc inévitablement la donne a changé. Mais malgré tout, cela reste avantageux car l’imposition sur le revenu demeure inférieure à ce qu’elle peut être pour la détention en direct d’actions ou d’obligations. Le compte-titres ordinaire est lourdement pénalisé du fait des prélèvements sociaux, mais surtout par le fait que ce soit le barème de l’impôt sur le revenu qui s’applique.

Avec l’assurance-vie, on est sur un taux de 7,5 % au bout de huit ans, donc très avantageux. Avant c’était un havre fiscal et social, maintenant c’est un produit qui demeure attractif au niveau fiscal. Aujourd’hui, deux grands produits restent relativement compétitifs : l’assurance-vie et le PEA.

L’avantage de l’assurance vie par rapport au PEA, c’est le fait qu’il y ait le fonds euros qui permet une garantie en capital, ce que ne permet pas le PEA. Le deuxième avantage, c’est que l’assurance-vie n’est pas plafonnée en montant, quand le PEA a un plafond de 132 000 euros, qui passera d’ailleurs à 150 000 euros au premier janvier 2014.

L’assurance-vie offre plus de souplesse et surtout la sécurité du capital du fonds euros, ce que les Français apprécient particulièrement.

JOL Press : A quoi doit-on être attentif lorsque l’on souscrit à ce type de contrat ? Quels sont les défauts de ce placement ?

Philippe Crevel : C’est un produit pour lequel il faut faire attention aux frais de gestion qui peuvent être relativement importants et amputer une partie importante du rendement qui est offert à l’épargnant. Il faut surveiller les frais qui sont prélevés par les organismes d’assurance.

Autre point : du fait de leur préférence pour la sécurité du capital, les Français choisissent plutôt le fonds euros, qui est aujourd’hui moins bien rémunéré qu’il ne l’était auparavant, aux alentours de 2,8 % cette année. Cela peut être considéré comme un désavantage, même si en contrepartie le capital est garanti.

Pour les unités de compte, la situation est inverse. Ces contrats offrent un plus grand rendement, mais sont plus aléatoires, il y a une part de risque. Encore une fois, ce n’est pas réellement un défaut.

Mais c’est vrai que ce qu’il faut regarder, c’est vraiment les frais de gestion, de fonctionnement de son contrat d’assurance-vie.

JOL Press : Concernant la baisse de rendement des fonds en euros, comment peut-on l’expliquer ?

Philippe Crevel : Les fonds euros suivent fortement les taux des marchés obligataires d’Etat. Donc évidemment, quand la Banque centrale européenne ou la Fed appliquent des taux d’intérêt très faibles, cela a des conséquences sur la rémunération du fonds euros.

Même s’il y a aussi des obligations d’entreprise et un peu d’immobilier dans les fonds euros, la partie la plus importante est tout de même constituée d’obligations d’Etat.

Puisque les assureurs s’engagent sur la garantie de capital, ils vont naturellement placer l’argent dans les obligations qui présentent le moins de risque, les moins bien rémunérées. Cela peut être des obligations allemandes, françaises, un peu américaines également. Et évidemment, cela pèse nécessairement sur les rendements. Il y a aussi une petite partie en actions, mais vraiment marginale.

Propos recueillis par Rémy Brisson pour JOL Press

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