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Renfort massif de troupes françaises en Centrafrique

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Alors qu’il était en visite en République centrafricaine, dimanche 13 octobre, le ministre français des Affaires étrangères a annoncé officiellement l’envoi de troupes françaises supplémentaires sur le terrain, pour venir en renfort des troupes déjà présentes sur place.

Jusqu’à 1 200 Français déployés en République centrafricaine

C’est à l’issue d’un entretien avec Michel Am-Nondokro Djotodia, président de transition de la République centrafricaine, Nicolas Tiangaye, Premier ministre, ainsi qu’avec le président du Parlement et le représentant de l’ONU en Centrafrique, que le ministre des Affaires étrangères a annoncé ce nouveau déploiement, accepté sous condition de l’organisation d’élections libres pour le début de l’année 2015, « auxquelles ne se représenteront pas ces autorités. »

« Nous visons comme objectif un nouveau pouvoir au début 2015 », a déclaré Laurent Fabius à l’issue de son entretien, ajoutant que les « exactions doivent cesser en RCA. La dissolution de la milice Séléka doit être effective, il ne peut pas y avoir de bandes armées à travers le territoire. »

« Il faut que ceux qui commettent des exactions sachent qu’il n’y aura pas d’impunité […], s’il y avait par malheur une augmentation des exactions, évidemment la réaction (de la France) serait beaucoup plus forte et rapide », a poursuivi le ministre des Affaires étrangères.

« Nous avons decidé, la France, l’Union européenne et les Nations unies, de relever le défi. Nous n’allons pas vous laisser tomber, nous allons nous occuper sérieusement de redresser la situation », s’est encore engagé Laurent Fabius.

Un renfort pour la force panafricaine sur place

« Actuellement, nous avons 410 hommes. Au fur et à mesure des résolutions de l’ONU, nous allons donner un coup de pouce surtout dans le domaine logistique et nous allons augmenter (la présence française, NDLR), et ceci sera fait vraisemblablement d’ici la fin de l’année », a aussi annoncé le ministre des Affaires étrangères.

Si le nombre de militaires français déployés sur place n’a pas été précisé, il pourrait atteindre jusqu’à 1 200 hommes.

Comme au Mali, où les militaires français sont venus en renfort de la force panafricaine sur le terrain, les soldats déployés en Centrafrique viendraient appuyer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca), mise en place cet été.

Actuellement, 3 500 personnes de cette force sont en République centrafricaine. Leur mission est de protéger la population civile, d’aider à la stabilisation du pays et à la restauration de l’Etat centrafricain, de restructurer le secteur de la Défense et de créer les conditions propices à la mise en place d’une assistance humanitaire pour venir en aide aux personnes dans le besoin.

Le conflit en Centrafrique se confessionalise

La République centrafricaine est dans le chaos depuis plusieurs mois. Considérée comme un des pays les plus pauvres du monde, la République centrafricaine a connu un rapide coup d’Etat en mars 2013.

A l’origine de ce coup d’Etat qui a écarté l’ancien président François Bozizé du pouvoir, la rébellion du Séléka, composée de de plusieurs partis politiques opposés au régime. Le 24 mars 2013, cette rébellion avait atteint les portes de Bangui, la capitale, et le chef de la Séléka, Michel Djotodia se proclamait président de la République. François Bozizé, quant à lui, aurait fui vers le Cameroun.

Mais depuis, le calme n’est jamais revenu en Centrafrique et la rébellion du Séléka n’a jamais déposé les armes, malgré sa dissolution officielle. Depuis le début du mois de septembre, les affrontements entre anciens rebelles et des milices d’autodéfense, dans le nord-ouest du pays, ont déjà fait 150 morts.

Depuis, les conflits qui opposaient auparavant les rebelles au régime tendent à changer de visage et de nombreux experts craignent désormais que les violences deviennent confessionnelles dans un pays à majorité chrétienne et à minorité musulmane. 

Conscient de ce constat, Laurent Fabius a estimé qu’il « serait désastreux de laisser ce conflit se confessionaliser. »

Le cri d’alarme de François Hollande à l’ONU

La crise en République centrafricaine avait été abordée par le président François Hollande lors de son intervention à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, au mois de septembre. A cette occasion, le président français avait enjoint la communauté internationale à se mobiliser en faveur de l’unité de ce pays qui pourrait sombrer dans une forme de « somalisation ».

François Hollande n’a pas hésité a lancé un « cri d’alarme » en faveur de cette ancienne colonie française et a souhaité que la communauté internationale apporte son « soutien logistique et financier » à la Misca.

« Nous devons mettre un terme aux exactions qui prennent également des formes confessionnelles […]. Le chaos s’est installé et les populations civiles en sont les premières victimes », déclarait encore le président.

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