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Samia Ghali, étoile montante ou étoile filante du PS?

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Samia Ghali se prépare pour la seconde manche de la primaire PS de Marseille, qui aura lieu le dimanche 20 octobre. Arrivée en tête du premier tour, elle a renversé les pronostics favorables à la ministre, Marie-Arlette Carlotti.

« L’icône des cités »

Enfant des quartiers Nord à Marseille, Brassens et Campagne-Lévêque, Samia Ghali revendique ses origines modestes. Après que son père l’ait abandonnée et sa mère délaissée, elle fut élevée par ses grands-parents, et était surnommée « Letema », en arabe « l’orpheline ». Confrontée très tôt à la délinquance et aux ravages de la drogue durant son adolescence – elle a perdu un amoureux mort d’une overdose -, elle se bat aujourd’hui pour aider la jeunesse, et lutter contre les trafics dans les quartiers. Depuis, elle vit dans un quartier plus cossu: « elle incarne la rencontre du nord et du sud de Marseille », selon son mari Franck Dumonte, dans Le Monde.

Issue d’une famille chaouie – berbères algériens -, elle ne veut pas faire de ses origines un étendard, rapporte France Info. Son adjointe à la Culture, Pascale Reynier, explique que « ce n’est pas juste une petite beurette de quartier, c’est très violent d’être sans cesse renvoyer à ses origines » au Parisien.

Interrogée par Le Parisien, Shérazade Ben Messaoud, une militante associative qui a grandi à ses côtés dans les quartiers, voit en sa victoire « un symbole pour tous ces adolescents qui ne croient plus en rien ». « Ce serait bien qu’elle soit maire. Elle serait la Barack Obama française et en plus, c’est une femme », a-t-elle déclaré, s’enflammant.

Une femme politique marseillaise née

Encouragée par une professeure, elle se rend, à 16 ans, à une réunion du Parti socialiste animée par Patrick Mennucci, son rival aujourd’hui. Elle y attrape le virus de la politique, et depuis gravit tous les échelons avec succès. En 1995, elle devient conseillère d’arrondissement du 8e secteur (15 et 16e arrondissement). Puis en 2004, elle entre dans la cour des grands en accédant au poste de vice-présidente de la région Paca, chargée des sports, de la jeunesse et de la vie associative. Enfin en 2008, elle devient sénatrice et maire de « son » 8e secteur.

Insérée dans le système socialiste marseillais depuis près de vingt ans, elle n’est clairement pas la candidate la plus antisystème de la primaire citoyenne. Le président du conseil général, Jean-Noël Guérini, empêtré dans les affaires judiciaires, n’est autre qu’un de ses principaux mentors politiques. Et elle est aujourd’hui la seule à refuser de le critiquer publiquement.

Ses détracteurs l’accusent également de clientélisme. « Pour avoir un emploi ou une subvention pour une association, il faut s’afficher pour elle » dénonce notamment un éducateur des quartiers Nord dans Le Parisien. Dimanche dernier, au soir du premier tour de la primaire, c’est la ministre Marie-Arlette Carlotti, qui dénonçait à son tour « un fonctionnement à plein régime de clientélisme ».

Un style « poil à gratter »

Son franc-parler, ses piques au gouvernement socialiste, son accent marseillais, ses tailleurs colorés, et ses sourires éclatants, font le sel de Samia Ghali. De sa « vie de misère », elle explique dans son livre La Marseillaise, avoir appris « à serrer les poings pour survivre ». De ses galères, elle y puise sa poigne. Selon Libération, elle explique que la boxe thaïe et sa famille lui ont appris à canaliser son agressivité.

Son « cri de détresse » appelant l’armée pour lutter contre les trafics de drogue dans les quartiers, a bousculé les lignes du Parti socialiste, embarrassant notamment Manuel Valls et François Hollande. Sa ligne sécuritaire lui a d’ailleurs valu le surnom de « Ségolène Royal de Marseille » au sein du gouvernement, selon Le Monde. Dans Libération, elle se montre très sévère à l’égard du gouvernement, notamment concernant « le recul sur le droit de vote des étrangers ».

Son image « brute de décoffrage » lui permet également de jouer la carte de la proximité avec les marseillais, et notamment avec l’électorat populaire. « Moi les diplômes, c’est dans la rue que je les ai obtenus »  se targue celle qui a arrêté ses études après un CAP de secrétariat comptabilité, rapporte Le Figaro. Un de ses électeurs justifie son choix à Le Monde : « Elle vient des quartiers, elle sait comment ça se passe ». « On n’a jamais eu de candidate qui nous ressemble. C’est la première qui peut être maire de Marseille. On tente le coup. On verra ».

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