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«Shutdown»: pourquoi les Etats-Unis se réveillent dans la tourmente

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Le gouvernement fédéral américain est comme paralysé ce mardi 1er octobre. La première puissance économique du monde n’a pas de budget. Si l’on peut être surpris qu’aucun compromis n’ait été trouvé pour empêcher cette situation de se produire, l’attitude des deux grands partis américains n’incitait pourtant guère à  l’optimisme et rendait presque inévitable ce « shutdown ».

Peu après l’officialisation de la situation, et de l’échec des négociations, un tweet a été publié sur le compte officielle de Barack Obama pour faire part de l’exaspération du camp démocrate devant l’attitude des républicains : « Ils l’ont fait. Un groupe de républicains de la Chambre des représentants à contraint le gouvernement à s’arrêter à cause d’Obamacare plutôt que de voter un budget« .

Comment en est-on arrivé là ?

La loi américaine prévoit ce « shutdown » si le budget n’est pas voté par le congrès. Ce qui est le cas actuellement. Pour bien appréhender la situation il faut avoir en tête la composition du congrès américain. La chambre basse du Congrès, ou Chambre des représentant, est détenue majoritairement par les républicains. C’est donc sans surprise que ces derniers ont proposé et fait adopter à la Chambre des représentants des projets de budget allant dans leur sens. Celui proposé dimanche exigeait par exemple le report d’un an de l’application de l’Obamacare, la réforme emblématique du premier mandat d’Obama sur la réforme du système de santé. Cette mesure symbolique votée en 2010 a toujours été très largement critiquée côté républicain.

La validation par le Sénat du texte proposé par la majorité républicaine à la Chambre des représentants aurait permis aux Etats-Unis de se financer jusqu’au 15 décembre. Mais sans surprise également, côté démocrate, pas question de repousser l’entrée en vigueur l’Obamacare ou de l’amputer. Etant majoritaire au Sénat, le parti du président a ainsi pu rejeter le projet de budget de la Chambre des représentants.

Tout au long de la journée du lundi, le Sénat à majorité démocrate et la Chambre des représentants, dominé par les républicains, n’ont cessé de se renvoyer la balle parlementaire. En l’absence d’accord, les Etats-Unis démarrent donc leur année budgétaire ce mardi 1er octobre sans budget.

Concrètement, quelles conséquences ?

La fonction publique sera immédiatement frappée par ce « shutdown », dès ce mardi. Au total, dans le pays, ce sont près d’un million de fonctionnaires qui se retrouvent ce matin au chômage technique. Il s’agit évidemment des postes jugés comme non vitaux. Les contrôleurs aériens ou encore les gardiens de prison continueront par exemple à travailler.

Près des trois quarts des 1700 fonctionnaires travaillant à la Maison blanche seront privés de travail dès aujourd’hui. Le travail du président subira donc l’impact de l’absence de budget. Au Pentagone, la moitié des effectifs sont concernés. Au ministère de la justice, 18 000 personnes n’ont pas repris le chemin du travail ce matin. 90 000 agents des impôts cesseront également de travailler.

Le quotidien des Américains sera touché par le « shutdown ». Dans certaines villes la collecte d’ordure et le nettoyage des voies sera stoppé. Des procès civils seront retardés, des demandes de passeport ou de visas ne pourront pas être traitées.

Autre domaine sur lequel l’impact sera visible : le tourisme. De nombreux parcs nationaux et musées ne pourront plus accueillir de touristes. Les pertes financières pour le secteur du tourisme pourraient se chiffrer en millions de dollars.

Une situation qui n’est pas inédite

Une situation similaire s’était déjà produite en 1995, sous la présidence de Bill Clinton. Newt Gringrich, alors chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants entendait réduire de façon drastique les dépenses et réduire le déficit public. Il préconisait notamment une coupe sévère dans les dépenses liées à la protection sociale.

Les démocrates et Bill Clinton s’y sont refusées engendrant alors un « shutdown », du 14 au 19 novembre 1995, puis du 16 décembre au 6 janvier 1996. De la même manière que ce qui se produit actuellement, des centaines de milliers de fonctionnaires ont été automatiquement mis au chômage technique.

Au final, l’épisode a clairement profité à Bill Clinton. Suite au blocage, l’opinion publique a estimé que le parti républicain était largement responsable de l’échec des négociations et de ses conséquences. Bill Clinton a été, quelques mois plus tard, fin 1996, réélu relativement facilement.

La donne est évidemment différence à l’heure actuelle. Difficile de dire si Barack Obama saura tirer avantage de la situation. Les sondages semblent montrer que l’opinion publique tendrait plutôt à imputer la responsabilité aux deux camps. 

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