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Socialistes marseillais: le rassemblement impossible?

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Avec 57,16 % des suffrages et plus de trois mille voix d’avance sur la sénatrice Samia Ghali, Patrick Mennucci a remporté haut la main la primaire socialiste en vue des municipales de 2014 à Marseille. Le plus dur reste toutefois à venir.

Même si les deux finalistes se sont affichés côte à côte dimanche soir à la fédération du PS, le rassemblement s’annonce difficile. Le député Mennucci devra rassembler son parti autour de sa candidature pour battre le maire UMP sortant Jean-Claude Gaudin et le candidat FN Stéphane Ravier.

L’unité affichée n’est pas gagnée

Durant la soirée, Patrick Mennucci a insisté sur la nécessité d’unité du parti. «  Je n’ai battu personne ce soir. Ce soir, j’ai gagné pour battre Jean-Claude Gaudin et le Front national. Je n’ai pas d’adversaire au PS. Je n’ai que des amis. Mon souhait est de nous rassembler et de rassembler les Marseillais pour offrir un nouveau destin à Marseille », a-t-il déclaré à l’AFP, dans un souci d’apaisement. Conscient également de l’amertume de Samia Ghali, il a déclaré devant la fédération du PS :« Parfois ma chère Samia, des mots ont pu blesser, et si c’est le cas, je le regrette », avant d’inciter la foule à scander le nom de la perdante. 

Tout en saluant « le succès énorme » des primaires – 24 000 personnes se sont déplacées -, le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a appelé au rassemblement « tous derrière Mennucci » sur BFMTV lundi matin. « Il y a eu à chaud des expressions de déception », a-t-il toutefois reconnu, évoquant les propos de Samia Ghali.

Bien que Samia Ghali ait reconnu la victoire de son adversaire, elle a assisté bras croisés et le visage de marbre au discours de Patrick Mennucci hier soir. Son attitude n’avait rien à voir avec l’image de François Hollande et Martine Aubry, main dans la main, sur le perron de Solferino, au second tour de la primaire pour la présidentielle, il y a tout juste deux ans.

Une campagne sous haute tension

Après les perturbations du premier tour – listes d’émargement fausses ou incomplètes et l’affaire des minibus loués par Samia Ghali pour conduire les électeurs aux bureaux de vote -, le scrutin de dimanche était placé sous haute surveillance par la Haute autorité des primaires. Et si aucun incident majeur n’a été signalé, les propos tenus par la ministre Marie-Arlette Carlotti, grande perdante du premier tour, accusant Samia Ghali de « clientélisme », ont laissé des traces. « Une atmosphère pesante » régnait dans les fiefs des candidats, révélait un observateur sous couvert d’anonymat à l’AFP.

L’entre-deux-tours, entre les deux finalistes, a également été explosif, Samia Ghali accusant son rival d’être « le candidat de Matignon », et Patrick Mennucci la taxant de « candidate du système » Jean-Noël Guérini, le président socialiste du conseil général en plein démêlés judiciaires. Par ailleurs, le député a bénéficié du soutien de trois candidats malheureux, la sénatrice zéro. Cette dernière était même allée jusqu’à laisser planer le doute sur son avenir politique au sein du PS samedi, en cas de défaite. 

Tout en reconnaissant la victoire de son rival, dimanche soir, Samia Ghali, amère, n’a pas ménagé ses propos à l’encontre du gouvernement. « Je voudrais dire à Jean-Marc Ayrault combien je suis déçue du comportement du gouvernement », l’accusant d’avoir mené une campagne anti-Ghali. Ces propos ont été accueillis par des sifflements à l’encontre du Premier ministre et du président de la République chez les militants socialistes leur reprochant de les avoir « oubliés. » 

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Quelle place future pour chacun ? 

Pour gagner contre la droite et l’extrême droite, Patrick Mennucci devra obligatoirement rassembler les socialites et purger les distorsions au sein du PS marseillais. A commencer par Samia Ghali, qui représente plus de dix mille voix, venant esssentiellement des quartiers populaires. Interrogé par Metronews, le candidat PS à la mairie de Marseille a d’ailleurs promis que « Samia Ghali choisira son poste. » Multipliant les messages d’apaisement à son égard, il a, à de nombreuses reprises, déclaré : « On ne saurait gagner sans Samia. »

La sénatrice des quartiers Nord devra également éclaircir son attachement au Parti Socialiste, puis se positionner dans l’optique des municipales. Choisira-t-elle de jouer un rôle à part, ou plutôt de se fondre dans l’ombre du député Mennucci ? Jean-Pierre Mignard, président de la Haute autorité des primaires et proche de François Hollande, les prévient : « Je veux leur dire qu’ils doivent gagner tous les deux. Aucun ne gagnera l’un sans l’autre. »

Le vainqueur des primaires devra également s’expliquer avec la ministre Marie-Arlette Carlotti. Piégé par l’humoriste Gérald Dahan, il a notamment déclaré  :« Si elle savait faire de la politique, ça se saurait. » Pour briguer la mairie de Marseille, les socialistes devront enfin et surtout chasser les fantômes du sytème Jean-Noël Guérini. 

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