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Tunisie: l’image erronée d’une jeunesse apathique

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Selon les statistiques publiées un peu plus tôt cette année par le Ministère de la jeunesse et du sport, seul 17% de la jeunesse tunisienne sont intéressés par la politique et seulement 27% ont déposé un bulletin de vote dans les urnes lors de l’élection de l’Assemblée nationale constituante.

Ces chiffres reflètent une apathie face à la participation politique et les affaires nationales, principalement parce que les jeunes tunisiens sont largement exclus de la scène politique nationale. 

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Bien que ces chiffres soient perturbants, ils ne racontent pas toute l’histoire de la jeunesse. La jeunesse tunisienne est encore à la recherche de voies alternatives qui permettraient d’influencer le changement. Certains se sont concentrés sur la société civile, dans laquelle ils trouvent des opportunités pour stimuler ce changement. D’autres peuvent faire de même. 

Une jeunesse insuffisamment formée

Selon Najwa Karmi, membre du parti Al-Jumhuri (parti républicain) âgé de trente ans, 23 ans de dictature et de marginalisation ont crée une situation dans laquelle beaucoup de jeunes manquent d’expérience et n’ont pas les connaissances et les compétences nécessaires à une participation politique. Après une telle déclaration, les jeunes se retrouvent automatiquement sur le siège arrière.

Slim Omri (24 ans), un jeune de Sidi Bouzid, prétend que l’absence de la jeunesse de la scène politique est liée au fait que les partis élus n’ont pas tenus leurs promesses d’un futur meilleur pour tous. 

Une Assemblée constituante insuffisamment représentative

Selon Souha Bouazizi, de Sidi Bouzid et membre du Conseil des jeunes de Sidi Bouzid, il y a une autre raison qui explique le manque d’engagement des jeunes dans la politique : « la rupture avec la vie politique s’est produite lorsque l’Assemblée nationale constituante (NCA) a été élue le 23 octobre 2011 et que nous avons réalisé que la majorité de ses membres étaient âgés. Ceci a marqué le jour où l’espoir d’une implication de la jeunesse dans la politique tunisienne est mort. »

Indépendamment de sa cause, la faible participation de la jeunesse dans la politique ne signifie pas que la jeunesse tunisienne ne travaille pas à des changements positifs.

Aussi bien Souha Bouazizi que Ramzi Slimani, un membre de l’Association pour la protection du Patrimoine et du tourisme culturel de Sidi Bouzid, ont répondu au désengagement politique par une mobilisation dans la société civile. 

D’autres voies d’engagement…

Ramzi Slimani et d’autres membres de l’Association ont aidé à organiser, à financer et exécuter la campagne de marketing de 20 jeunes femmes des régions rurales qui tissent des tapis comme moyen de subsistance. Ramzi Slimani décrit l’expérience comme étant bénéfique pour lui-même et la cité. Ils ont aussi rédigé une pétition à l’intention des autorités afin qu’elles mettent en place un circuit touristique dans la ville. 

Lorsque Souha Bouazizi a rejoint le Conseil des jeunes de Sidi Bouzid, il a rejoint 20 autres jeunes âgés de 18 à 30 ans qui désiraient résoudre des problèmes locaux dans leur ville, tels que la violence dans les écoles et de construire une relation avec le gouvernement local grâce au dialogue.

« Notre objectif est d’améliorer le rôle des services de sécurité afin de rendre la ville sûre, » déclare Souha Bouazizi. Et de fait, en octobre dernier, le conseil a organisé des tables rondes et des ateliers avec les médias, des activistes de la société civile et des juristes afin de discuter de ce qui doit être fait afin d’améliorer la sécurité dans Sidi Bouzid. Ils ont rédigé la version préliminaire d’une lettre au Ministère de l’intérieur et à l’Assemblée nationale constituante dans laquelle ils expliquent le genre de réforme nécessaires et ont l’intention de fournir des recommandations dans un avenir proche. Le Conseil des jeunes a de plus travaillé afin d’identifier les inquiétudes des jeunes de Sidi Bouzid au travers d’un questionnaire largement diffusé. Les résultats seront eux aussi envoyés aux autorités locales. 

Alors que beaucoup de jeunes Tunisiens ont été laissé à l’écart de la politique nationale, ils ont trouvé d’autres voies afin d’aider à créer un futur meilleur pour nos villes et pour notre pays.

Ghada Daly est une activiste de Sidi Bouzid et membre du Conseil des jeunes de Sidi Bouzid. Article écrit pour Common Ground News Service (CGNews).

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