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Xavier Cantat, boulet ou porte-flingue de Cécile Duflot?

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On ne le connaissait pas vraiment, le compagnon de Cécile Duflot. On savait qu’il était le frère de Bertrand Cantat, ancien chanteur de Noir Désir, rendu très impopulaire par la mort de Marie Trintignant, mais personne ne semblait s’intéresser vraiment à lui, jusqu’à ce qu’il se mette à tweeter. Le 14 juillet dernier, invité comme tous les conjoints de ministres à assister au défilé militaire en tribune officielle, il avait décliné et lancé sur le réseau social : « Fier que la chaise à mon nom reste vide au défilé de bottes des Champs-Elysées ».

Le message avait fait l’effet d’une bombe et avait contraint la ministre du Logement à se désolidariser des propos de son compagnon. « Il serait donc important à l’avenir d’inviter à la tribune officielle des personnalités qui ont la décence de respecter l’engagement de nos hommes, notamment au Mali, et sur les terrains des opérations extérieures, au péril de leur vie », avait estimé, à l’Assemblée nationale, quelques jours plus tard, le député UMP Philippe Meunier, parvenant ainsi à faire pleurer une Cécile Duflot affligée.

Récidive acide

Mais le scandale n’a pas eu l’air de lui suffire, il devait en remettre une couche et montrer au monde entier qu’il était libre de ses propos. Le voilà donc tweetant, jeudi 3 octobre, un message assassin à l’égard du ministre de l’Intérieur, en plein démêlé avec sa compagne sur la question délicate de l’intégration des Roms.

« Si j’ai bien compris, désormais #Valls devra obtenir l’autorisation de #Matignon avant de pouvoir tenir des propos racistes #maîtrisedelacom », a lancé Xavier Cantat, faisant référence à la nouvelle directive du Premier ministre qui souhaite que toute demande d’interview de ministre ait reçu, au préalable, le feu vert de Matignon, pour assurer une meilleure « coordination d’ensemble. »

Une semaine auparavant, Manuel Valls avait nié la volonté d’intégration d’une majorité de Roms, estimant qu’ils avaient « vocation à retourner dans leur pays. » Une prise de position qui avait poussé la ministre du Logement à dire, devant la presse, que son collègue de l’Intérieur était allé « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain. » Ambiance !

Tweet supprimé, compte fermé

Que s’est-il passé en coulisse ? Personne ne le sait vraiment, mais le message a été retiré très vite. « Juste pour info : je n’ai rien supprimé », tweete alors Xavier Cantat. Mais à quoi joue-t-il ? Tente-t-il de nous dire que sa compagne a les codes de son compte et a supprimé ledit message, sous pression de Matignon ? Cette affaire commençait à prendre une tournure de plus en plus grotesque lorsque, dans la journée, le compte a finalement été fermé – il reste  toujours visible en cache. Une fermeture décidée « d’un commun accord », selon l’entourage de la ministre du Logement…

Mais la polémique servirait-elle une Cécile Duflot qui ne pouvait pas dire tout haut ce que son compagnon a écrit ? « Il n’est pas en service commandé pour faire passer les messages qu’elle n’assumerait pas, assure un proche du couple », ont indiqué les services de la ministre au Nouvel Observateur« S’il l’avait écoutée, il se serait abstenu au contraire de tout commentaire et depuis longtemps ! A un moment donné, il devient compliqué de mettre sa compagne en difficulté. »

Son parcours en quelques mots…

Elu à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne, Xavier Cantat est adjoint au maire en charge de la culture et de la jeunesse et engagé depuis 2001, chez les Verts, où il joue le rôle de photographe officiel. Il avait, en effet, pendant de nombreuses années, été le photographe de Noir Désir, jusqu’au fameux drame de Vilnius. Cet événement tragique et les terribles conséquences pour son frère que ce drame a entraînées, il les racontera dans un livre, en 2004, Méfaits divers (Michalon).

Ne jamais se faire dicter sa conduite, tel est son cheval de bataille. Eliminé au 1er tour des cantonales de 2011, il refusera, contrairement aux consignes d’ EELV, d’appeler à voter Front de gauche, face au FN : « Je n’ai rien à voir avec ces gens-là, qui n’ont eu de cesse de me désigner publiquement comme le frère d’un assassin », dira-t-il.

Il veut être libre ce « compagnon de », mais jusqu’où ira-t-il ? Est-ce la fin des aventures médiatiques de Xavier Cantat, ou va-t-il trouver un nouveau stratagème pour faire parler de lui ? Il semblerait que, depuis l’affaire Trierweiller, un « compagnon de » ne puisse plus dire ce qu’il veut publiquement. Vous n’avez plus le choix M. Cantat…

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