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Affaire Leonarda: vacances finies, les lycéens de retour dans la rue?

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Les organisations lycéennes – UNL et Fidl – et étudiante – Unef – appellent à reprendre la mobilisation  mardi 5 et jeudi 7 novembre, partout en France. Avant les vacances de la Toussaint, des milliers de lycéens avaient en effet manifesté contre la politique migratoire de François Hollande et de Manuel Valls,  à la suite des expulsions de la collégienne d’origine Kozovare Leonarda Dibrani, 15 ans, et du lycéen arménien Khatchik Kachatryan, 19 ans.

Dès lundi 4 novembre, le jour de la rentrée, huit lycées – sur une centaine – ont été le théâtre de blocus selon le rectorat de Paris, et deux cents cinquante personnes se sont retrouvés au calme place de la République à Paris. 

« Au cas par cas » pour Vincent Peillon

Au micro de France Inter, lundi  4 novembre, le ministre de l’Education, Vincent Peillon a exhorté aux lycéens mobilisés de ne pas recourir à la « violence » et aux « blocus ». « Il ne faut pas empêcher, quand on veut la scolarisation des enfants, ses autres camarades d’être scolarisés. (…) Je demande aux uns et aux autres d’être cohérents », a-t-il expliqué. Il a indiqué que le gouvernement avait entendu « leur émotion légitime » en rédigeant une circulaire qui sanctuarise l’école et le périscolaire.

Interrogé sur la possibilité d’aller plus loin dans la législation concernant les expulsions de familles avec enfants scolarisés, Vincent Peillon est resté ferme : « Non, nous sommes d’une extrême générosité, tant mieux, c’est la tradition de la France ». « Nous traitons au cas par cas. Il peut y avoir (…) des difficultés par moment, des maladresses, elles ont été corrigées »

Interactiv’ : Vincent Peillon par franceinter

Une loi qui interdirait l’expulsion de tout jeune poursuivant un cursus scolaire 

Juliette Chilowicz, secrétaire générale de la Fidl, premier syndicat lycéen, explique à Jol Press les raisons des poursuites de la mobilisation lycéenne.

JOL Press : Pourquoi appelez-vous à une semaine de mobilisation nationale lycéenne ?

Juliette Chilowicz : La Fidl a appelé à une semaine d’actions – distributions de tracts, rassemblements, assemblées générales -, avec deux dates-clés. Le mardi 5 et le jeudi 7 novembre, sera organisée une manifestation nationale partout en France. Cette semaine sera certainement reconductible si nous n’obtenons aucune proposition satisfaisante.

Nous réclamons une loi qui interdirait l’expulsion de tout jeune poursuivant un cursus scolaire en France, ainsi que celle de sa famille. Il ne s’agit pas de demander leur régularisation, seulement leur non-expulsion. En parallèle, nous espérons toujours le retour de la collégienne d’origine Kosovare, Leonarda, 15 ans,  et du jeune Arménien, Khatchik, 19 ans.

JOL Press : Après les révélations faites sur la scolarité de Leonarda – absente durant 21 demi-journées en six semaines -, et deux semaines de vacances, ne craignez-vous pas que la dynamique de la mobilisation soit rompue ?
 

Juliette Chilowicz : Tout d’abord, durant les deux semaines de vacances, la Fidl n’est pas restée les bras croisés. Chaque jour, une permanence était organisée, de sorte que nos locaux n’étaient jamais fermés. Par ailleurs, nous avons déposé une lettre aux 577 députés. Le directeur du cabinet de Bruno Le Roux, chef de fil du PS au Palais Bourbon, nous a également reçus. De plus, nous avons distribués des tracts dans les universités afin de mobiliser également les étudiants.

Concernant la situation de Leonarda, il faut savoir qu’en France, une heure d’absence équivaut à une demi-journée d’absence. De plus, étant sans-papier, elle connait des obligations administratives, où sa présence est requise.

JOL Press : Qu’attendez-vous aujourd’hui du gouvernement ?
 

Juliette Chilowicz : La circulaire durcissant l’interdiction faite aux forces de l’ordre d’intervenir dans le cadre scolaire et périscolaire ne suffit clairement pas. Les lycéens pourront toujours être exclus le soir à 19 heures chez eux. De plus, nous demandons non pas une circulaire, mais une loi qui interdise l’expulsion de toute personne, et sa famille, poursuivant un cursus scolaire.  

JOL Press : Que répondez-vous à ceux qui voient en votre mouvement une façon opportuniste de sécher les cours ?
 

Juliette Chilowicz : Aujourd’hui les lycéens connaissent l’objet de notre mobilisation. Ils ne descendent pas dans la rue sans rien avoir à dire et dans l’objectif premier de sécher les cours. Certains de ces lycéens passent le baccalauréat à la fin de l’année : ils préféraient sans doute aller en cours et se préparer au mieux à cet examen. Néanmoins, nous sommes obligés de descendre dans la rue, ne tolérant pas l’idée que l’éducation ne soit pas un droit pour tous.

Propos recueillis par Carole Sauvage pour JOL Press.

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