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Argentine: découverte de documents secrets de la dictature militaire

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Une découverte d’une « grande valeur historique »

C’est une découverte « d’une grande valeur historique » qui vient d’être effectuée en Argentine, selon les mots du ministre argentin de la Défense, Agustín Rossi. Des rapports secrets de la dictature argentine ont été retrouvés lors d’un nettoyage effectué au sous-sol du bâtiment de l’Armée de l’air. Au total ce sont 1500 archives qui ont été découvertes, réparties sur six dossiers regroupant les procédures secrètes de la junte militaire ainsi que le détail de la « liste noire » d’artistes et intellectuels.

« La majorité des documents sur la question des disparus portaient sur ce qu’il fallait dire à l’opinion publique. Les discussions internes étaient plus sur la manière d’aborder les médias et sur comment il fallait désigner les personnes disparues en utilisant des euphémismes tels que “allées et venues à vérifier », a expliqué Agustín Rossi, lundi 4 novembre, lors d’une conférence de presse à Buenos Aires.

Des personnalités sur la liste noire

Sur la liste noire, se trouvent les noms de centaines de militants politiques, de syndicalistes, de musiciens et d’intellectuels. Figurent par exemple les noms du célèbre écrivain Julio Cortazar, mort à Paris en 1984, de la chanteuse Mercedès Sosa, du musicien de tango Osvaldo Pugliese ou encore de l’actrice Norma Aleandro. Au total, 331 personnalités considérées comme « dangereuses » ont été fichées. « Ils étaient classés de F1 à F4 en fonction de leur niveau de menace [pour la société] », a précisé Agustín Rossi devant une horde de journalistes.

Des documents classés de manière chronologique

C’est la première fois depuis la fin de la dictature qu’une découverte de cette ampleur est rendue publique en Argentine. Depuis trois décennies, les proches de disparus, notamment les grand-mères de la Place de Mai, appellent les militaires et l’Eglise à diffuser leurs archives. « C’est la première fois que nous avons accès à une documentation qui s’étend sur toute la période du régime: des documents classés de manière chronologique et par thèmes » a encore indiqué le ministre de la défense.

Une valeur juridique ?

Lors de la présentation de ces documents, Agustín Rossi a précisé que « la justice déciderait si, en plus de valeur historique, [ces documents] avaient une valeur juridique dans les différents tribunaux argentins ». Pour l’instant, les fichiers sont analysés par la Direction de Défense des Droits de l’Homme. Pour Ignacio de los Reyes, journaliste de la BBC à Buenos Aires, il est encore trop tôt pour déterminer si ces documents permettront de faire la lumière sur les milliers cas de disparitions et d’assassinats sous la dictature de la junte militaire.

Selon les organismes de défense des droits de l’Homme, plus de 30 000 personnes ont été tuées pendant les sept années de la dictature argentine (1976-1983). L’ancien dictateur Jorge Rafael Videla, qui dirigea le pays après le coup d’État militaire du 24 mars 1976, est mort en prison le 17 mai dernier.

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