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Assassinat des journalistes de RFI au Mali: des zones d’ombre demeurent

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L’enlèvement et le meurtre de deux journalistes français, samedi 2 novembre, soulève encore de nombreuses questions, à l’heure où s’organise le rapatriement des dépouilles en France. C’est en effet la première fois que la région est la cible d’autant d’enlèvements et d’assassinats, près d’un an après le début de l’intervention française au Mali.

Qui sont les responsables de ces meurtres ?

Bien que cet enlèvement n’ait pas été revendiqué, les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique sont largement accusés d’être les auteurs de ce crime. Dimanche 3 novembre, le ministre français des Affaires étrangères a désigné des « groupes terroristes qui refusent la démocratie » comme responsables de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Il pourrait s’agir d’AQMI ou du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui agit également au nord du Mali.

Bien que cette hypothèse soit moins probable, les mouvements autonomistes du nord du pays pourraient également être impliqués. Deux groupes cohabitent à Kidal, zone dans laquelle ont été retrouvés les deux corps.

Le Mouvement national de libération de l’Azawad et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont néanmoins condamné ces meurtres. Les soupçons pourraient se tourner vers la base de ces mouvements, parfois proches de mouvements islamistes comme Ansar Dine.

Qui sont les suspects interpellés ?

Dans la soirée de dimanche 3 novembre, et à la suite de plusieurs heures de quadrillage de la ville de Kidal par les forces françaises et la gendarmerie malienne, cinq suspects ont été interpellés. Ces suspects auraient été arrêtés alors qu’ils se trouvaient dans deux camps de cantonnement des anciens rebelles du MNLA. Ces informations ont été rapportées par Europe 1 et RFI mais n’avaient toujours pas été confirmées par le gouvernement français dans la matinée de lundi 4 novembre.

Y a-t-il un lien avec la libération des otages d’Arlit ?

La proximité entre les deux événements porte à confusion. Au lendemain de la libération des quatre otages français enlevés au Niger en 2010, les rumeurs sont allées bon train concernant le versement d’une rançon aux ravisseurs islamistes des quatre salariés d’Areva.

Il est donc envisageable que certains des bénéficiaires de ces rançons se soient sentis floués par la somme qu’ils ont reçue à la suite de la libération des otages. Il est également possible que lors de leur dernière mission, les journalistes aient fait la découverte d’un bénéficiaire gênant. Ce dernier aurait pu vouloir faire taire la source.

Pourquoi avoir tué Ghislaine Dupont et Claude Verlon ?

À quelques jours des élections législatives, la culpabilité des islamistes aurait un certain sens. En effet, les groupes terroristes qui ont été délogés par l’opération Serval début 2013 ont eu de nombreux mois pour se reconstruire et ont prouvé, depuis ces dernières semaines, qu’ils avaient été capables de se remettre en rangs.

Les islamistes n’ont pas quitté le nord du Mali et prouvent une nouvelle fois qu’ils ont des ambitions pour ce pays.

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