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Cap au centre: qui seront les électeurs séduits par l’Alternative?

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Après onze ans de séparation, François Bayrou et Jean-Louis Borloo vont sceller leurs retrouvailles, nouvelle union centriste, ce mardi 5 novembre, lors d’une conférence de presse commune. Baptisée « l’Alternative », une charte va établir des règles pour une coalition de formations. Cette nouvelle alliance a-t-elle des chances de séduire les électeurs ? Sans aucun doute, pour Grégoire Le Blond, maire UDI de Chantepie. Entretien.

JOL Press : Quel est l’objectif de cette alliance entre un ancien ministre de Nicolas Sarkozy et un ancien candidat à la présidentielle qui a appelé à voter pour François Hollande ?

Grégoire Le Blond : Je pense que le centre à une force, c’est sa diversité. Il faut qu’on l’accepte, c’est indispensable si on veut se rassembler. Par ailleurs, François Bayrou a observé pendant un an et demi l’action du gouvernement et clairement il ne se sent pas proche de cette majorité. C’est pour cette raison qu’il a souhaité se rapprocher de Jean-Louis Borloo.

Leur objectif, c’est avant tout que les centristes se rassemblent. Nous avons trop souffert d’une dispersion dans des micros-partis. Nous avons l’UDI d’un côté, le MoDem de l’autre mais les deux partis ont la ferme intention de travailler ensemble. Il faut donc profiter de ce rassemblement-là pour séduire de nouveaux électeurs et construire, au niveau du projet, mais aussi, au niveau de l’attitude politique, une réelle alternative par rapport à la majorité en place et une UMP qui a un peu de mal à sortir de ses déchirements.

JOL Press : Quelle est la ligne politique de cette Alternative ?

Grégoire Le Blond : UDI et MoDem se retrouvent sur une démarche qui accepte de prendre de bonnes idées quelle que soit leur origine politique. Je vous donne un exemple : les contrats d’avenir ont été votés par les députés UDI alors qu’ils étaient proposés par le gouvernement socialiste. L’UDI ne se positionne pas dans la majorité mais quand une mesure intéressante est proposée l’UDI vote pour. C’est la grande force et maturité du centre, c’est d’être capable, parmi les propositions qui sont faites, notamment dans les Assemblées, de faire la différence entre des mesures qui sont vraiment utiles pour le pays et celles qui ne le sont pas, indépendamment des lignes politiques.

JOL Press : Sur quelles valeurs se retrouvent les centristes ?

Grégoire Le Blond : Les valeurs fondatrices du centre sont, par exemple, l’attachement à l’idée européenne, c’est un sujet sur lequel nous avons une vraie vocation, ou l’importance que  nous accordons à la décentralisation avec l’évolution des compétences des différents niveaux des collectivités. Le centre est fort d’un réseau d’élus locaux, 2600 entre l’UDI et le Modem. Partageant cette idée de décentralisation, nous voulons profiter de cette alliance pour développer encore plus, notamment à l’occasion des élections municipales, notre réseau d’élus locaux.

JOL Press : Ne doit-on pas d’ores et déjà s’attendre à une guerre des chefs entre le patron d’une UDI forte de 17 députés et un ancien candidat à l’élection présidentielle ?

Grégoire Le Blond : Avant d’envisager d’éventuelles querelles, il y a des étapes à franchir. Au cours des élections municipales, la base va s’exprimer, lors des élections européennes, c’est le projet du centre et de l’Alternative qui va être jugé. L’élection présidentielle, c’est dans trois ans et demi, on a encore le temps d’y penser. D’ici là nous devons nous concentrer sur les prochaines échéances électorales qui nous attendent.

Dans cette Alternative, il y a plusieurs leaders, on cite François Bayrou et Jean-Louis Borloo mais d’autres personnalités de qualité pourraient aussi incarner le centre pour la présidentielle, je pense à François Sauvadet, député UDI de la Côte d’Or, Jean-Christophe Lagarde, député UDI de la Seine-Saint-Denis, Yves Jégo, député UDI de Seine-et-Marne et ancien secrétaire d’État à l’Outre-Mer, Marielle de Sarnez, députée européenne et bras droit de François Bayrou. Une relève se prépare autour de ces deux leaders, chacun arrivant avec ses spécificités et chacun ayant la volonté de permettre à l’autre de trouver sa place.

JOL Press : Quel électorat l’Alternative vise-t-elle ?

Grégoire Le Blond : Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui sont déçus par les politiques qui ont pu être menées depuis 18 mois. Beaucoup d’électeurs de la gauche modérée ne se retrouvent pas dans les hésitations et le manque de cap du gouvernement actuel et sont en attente d’une véritable alternative. Je crois aussi que des électeurs de la droite modérée et du centre-droit, qui en ont marre des querelles de personnes à l’UMP, ne souhaitent pas pour autant se tourner vers le Front national et seront heureux de pouvoir entendre nos propositions. C’est pourquoi il est si important pour nous de proposer un projet crédible qui puisse les séduire mais aussi les fédérer et les rassembler.

JOL Press : Comment cette alliance est-elle perçue par les militants sur le terrain ? Un sympathisant UMP pourra-t-il se rapprocher d’un mouvement dont l’un des leaders a appelé à voter François Hollande ?

Grégoire Le Blond : Je crois que ces incompréhensions éventuelles nécessitaient une clarification de la part de François Bayrou. François Bayrou, depuis l’université d’été du MoDem, a clairement dit qu’il n’était pas dans la majorité, qu’il faisait partie de ceux qui voulaient qu’elle change. Maintenant, les électeurs doivent se faire à l’idée.

JOL Press : Comment vont se faire les listes pour les municipales ? Comment vont être départagés les différents candidats entre le MoDem et l’UDI ?

Grégoire Le Blond : Vous me posez une question dont je n’ai pas les éléments de réponse. Ce qui est sûr, c’est que nous travaillons ensemble pour les élections à venir, que dans la plupart des villes, l’UDI travaille de concert avec la droite modérée, le MoDem le fait aussi, je pense par exemple à la ville de Bordeaux où des élus MoDem siègent avec Alain Juppé. Si on est en phase sur le positionnement, sur le projet, les choix se feront facilement.

JOL Press : Etes-vous optimiste en vue des prochaines élections ?

Grégoire Le Blond : Oui, car les élections municipales sont des élections où le projet local est important, nous avons des élus bien implantés et un projet de nature à séduire les électeurs qui s’intéressent à la vie locale. Donc oui, je suis confiant.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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