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Crise en Espagne: les billets de la colère

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Épuisés par les mesures d’austérité, certains Espagnols lancent des initiatives citoyennes pour faire face à la crise, quand d’autres trouvent un moyen pour le moins original d’exprimer leur colère contre le système bancaire et la classe politique, qu’ils tiennent responsables de la crise économique qui frappe le pays depuis cinq ans.

« Montre ton indignation »

Créée en juin 2011, une page Facebook baptisée « Montre ton indignation sur les billets » (« Muestra tu indignación en los billetes » en espagnol) invite les internautes à inscrire leur colère sur leurs billets de banque, de sorte que « chaque fois qu’un billet tombe entre les mains d’un homme politique, d’un banquier ou d’un simple citoyen, il prenne conscience de notre indignation ».

« Pour ceux qui doutent de la légalité [de ce procédé], lorsque des billets sont faiblement endommagés ou mutilés, par exemple lorsqu’ils comportent des annotations ou des chiffres, ils ne sont pas considérés comme des billets endommagés ou mutilés intentionnellement » rappelle la page Facebook, en se référant à la législation européenne.

La révolte dans la poche

En inscrivant des messages plus ou moins courts sur leurs billets de banque, ces citoyens exaspérés souhaitent faire passer leur révolte de main en main.

« Ces petits graffitis, qui n’enlèvent rien de leur valeur légale aux billets, font leur bonhomme de chemin de poches en poches, de caisses enregistreuses en distributeurs de billets, ainsi que sur les réseaux sociaux », indique Euronews, qui relaie l’information sur son site.

Contre « la dictature des marchés »

Cette initiative fait suite à la création, le 15 mai 2011, du mouvement des Indignés ou « Mouvement du 15-M » – rassemblé pour la première fois sur la Puerta del Sol à Madrid – qui regroupait des centaines de milliers d’Espagnols qui souhaitaient en finir avec « la dictature des marchés ».

Quelques mois plus tard, Mariano Rajoy remportait les élections générales espagnoles, promettant davantage d’austérité. De réductions budgétaires en baisses de subventions, la crise dans laquelle s’est enfoncée l’Espagne pousse régulièrement la population à manifester contre les mesures d’austérité.

Les billets circulent aussi sur Twitter

Les billets ont beau avoir vocation à passer de main en main dans l’espace public, ils passent également de tweet en tweet sur les réseaux sociaux :

« Mr Botín je suis conscient que ce billet tombera un jour dans vos mains. Permettez-moi de vous dire que vous pouvez aller vous faire voir » [Emilio Botín est le président de la banque espagnole Santander].

« Ah, chers politiciens et banquiers, comme je suis sûr que ce billet finira entre vos mains, j’en profite pour vous laisser un message privé : vous êtes des voleurs et des fils de p***. J’invite tout le monde à leur envoyer des messages privés, c’est sûr qu’ils les auront ».

« S’il vous plaît, que quelqu’un retourne dans le passé et fasse en sorte que les parents de Rajoy [le Premier ministre espagnol] ne se rencontrent jamais »

« Politiques / (choziros ?) / banquiers / voleurs »

« Il n’y a pas de crise / Il y a de l’arnaque »

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En Argentine aussi, la révolte passe par les billets… Sur celui-ci, un Argentin écrit « Arrêtez d’incriminer Callejeros ! On n’oublie pas ». Callejeros est un groupe de rock argentin, accusé en 2004 d’être à l’origine d’un gigantesque incendie lors d’un concert, qui a tué 193 personnes.

…et un autre ajoute : « La musique de tue pas – Arrêtez d’incriminer Callejeros » :

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