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De plus en plus de mariages précoces en Afrique

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Les mariages forcés et précoces sont un fléau qui n’a pas encore déserté de nombreuses régions du monde. Parmi elles, l’Afrique siège sur le podium des continents qui continuent à faire perdurer des traditions jugées aujourd’hui dangereuses pour la santé physique et psychologique des jeunes filles.

Mariée puis violée

A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, instaurée le 25 novembre de chaque année, de nombreuses ONG ont souhaité attirer l’attention de l’opinion publique sur cette situation de plus en plus préoccupante. En effet, le nombre de cas de mariages forcés serait en augmentation constante sur le continent africain.

Le Cameroun est particulièrement touché par ce fléau. Au nord du pays, les mariages forcés sont une tradition bien ancrée qui voit de nombreuses jeunes filles de moins de 15 ans – âge légal pour se marier dans le pays – offertes à leur futur mari.

France 24 est parti à la rencontre de ces jeunes femmes, mariées de force alors qu’elles n’étaient que des adolescentes.

« C’est mon père qui m’a forcée […] mais il a regretté après », témoigne Izza, selon des propos recueillis par Sarah Sakho, correspondante de la chaîne au Cameroun. « Le premier jour, il (son mari imposé, ndlr) a cherché à coucher avec moi. J’ai refusé. Le deuxième jour, ce fut la même chose, on s’est bagarrés. C’est le troisième jour qu’il m’a eue », décrit la jeune femme.

« Il m’a forcée, il m’a frappée partout, tellement que je ne pouvais plus bouger et c’est comme cela qu’il m’a violée », raconte-t-elle encore.

41% des jeunes filles mariées de force en Guinée-Bissau

Le cas d’Izza n’est bien entendu pas isolé. Nombreuses sont ces jeunes filles encore soumises à ces traditions. « Là d’où elle vient, les mariages précoces sont légion : selon les statistiques des ONG qui luttent contre cette pratique, celle-ci pourrait toucher jusqu’à une fille sur deux », indique France 24.

Le Cameroun n’est pas le seul pays d’Afrique subsaharienne à conserver ces coutumes. En Guinée-Bissau, 41% des jeunes filles seraient d’ailleurs mariées « avant l’âge », selon les chiffres de la ligue bissau-guinéenne des droits de l’homme.

Dans ce pays, dans lequel 36 groupes ethniques ont conservé la tradition du mariage précoce, « quinze cas de violation des droits des jeunes filles sont enregistrés tous les jours », apprend-t-on sur le site Afrik.com qui révèle l’histoire d’une jeune fille, Odette Na Bia, « mariée de force à un militaire » puis « retenue séquestrée dans un endroit inconnu au sud du pays ».

En France, 70 000 victimes potentielles

C’est en Afrique que se concentre la majorité de ces mariages puisque le continent « totalise plus d’un cinquième de ces unions sans consentement », apprend-t-on encore sur Afrik.com. « Les zones urbaines sont les plus exposées à ce phénomène, avec un taux de 44%. En zone urbaine, il est de 22% ».

L’Europe n’est cependant pas éloignée de ces traditions et selon les chiffres du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (Gams), environ 70 000 jeunes filles, en France, seraient « potentiellement menacées de mariage forcé », lit-on dans Le Point.

L’hebdomadaire relate d’ailleurs le cas d’une jeune fille de 19 ans, Malienne d’origine et habitant dans les Yvelines. Cette dernière a été conduite dans son pays d’origine par sa mère, sous couvert de vacances en famille. « Ma cousine avait entendu que c’était pour me marier, mais je disais ce n’est pas possible, ma mère ne peut pas me faire ça », témoigne cette jeune femme d’aujourd’hui 27 ans.

« La deuxième semaine, une de mes cousines m’a demandé de l’accompagner au marigot pour laver le linge. On a croisé deux garçons, ils m’ont pour ainsi dire enlevée et emmenée dans une case, où une dame que ne connaissais pas m’a dit que j’allais me marier », raconte-t-elle encore. « J’étais dans tous mes états, je pleurais, je criais |…] Quand ma mère est venue me voir, elle m’a dit : ‘soit tu te maries, soit tu n’es plus ma fille’ ».

C’est une crise de paludisme qui sauvera cette jeune fille, qui a requis l’anonymat, d’un mariage non désiré. Aujourd’hui en France, cette jeune femme a refait sa vie, mais reste « encore fiancée ». « Ma mère m’a dit ‘si on annule les fiançailles, il va falloir qu’on rembourse la dot’ », témoigne-t-elle.

Selon les chiffres du Fonds des Nations Unies pour la population, 14,2 millions de filles de moins de 18 ans seront mariées de force entre 2011 et 2020, des chiffres qui se concentrent dans les pays en voie de développement. Cela représente 39 000 mariages précoces par jour.

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