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Enlèvements, exécutions: la marque de fabrique d’Al-Qaïda

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Après plusieurs jours de rumeurs, Al-Qaïda au Maghreb islamique a finalement revendiqué l’enlèvement et le meurtre de deux journalistes français, Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, le 2 novembre dernier au Mali.

Une réponse aux « crimes » des Français

Al-Qaïda au Maghreb islamique a affirmé, dans des propos retransmis par l’agence de presse mauritanienne Sahara Medias, avoir commis cet assassinat pour se venger des « crimes commis par la France contre les Maliens », depuis le début de l’opération Serval.

« Cette opération intervient en réponse aux crimes commis par la France contre les Maliens et à l’œuvre des forces africaines et internationales contre les musulmans de l’Azawad ».

Pour Al-Qaïda au Maghreb islamique, cet assassinat « constitue le minimum de la facture que (le président français François) Hollande et son peuple doivent payer en contrepartie de leur nouvelle croisade ».

Premiers enlèvements en 2008

Dès l’annonce du décès des deux journalistes, les soupçons se sont tournés vers ce groupe islamiste présent notamment au nord du Mali. En effet, 90% des ressources de l’organisation proviennent des rançons obtenues contre la libération des otages qui sont désormais nombreux à être passés entre les mains de ce groupe terroriste.

Créée en 2007, l’organisation, mieux connue auparavant sous le nom de Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), commence à pratiquer ses premiers enlèvements en 2008.

Le 22 février de cette année, deux touristes autrichiens, Andrea Kloiber (44 ans) et Wolfgang Ebner (51 ans), sont enlevés en Tunisie puis transférés en Algérie. Le chef de l’époque, Abou Zeïd, exige le versement d’une rançon – certains parlent de 5 millions de dollars – et la libération de militants islamistes emprisonnés en Algérie et en Tunisie. Ces deux touristes ont été libérés après huit mois de détention.<!–jolstore–>

En décembre de cette année, deux diplomates canadiens sont kidnappés à leur tour, ils seront libérés en avril de l’année suivante.

Les demandes de rançons se multiplient

En 2009, de nombreux enlèvements sont revendiqués par l’organisation terroriste. Au mois de janvier, quatre touristes britanniques sont enlevés au Mali. Deux sont libérés assez rapidement tandis que quatre Européens sont enlevés le 22 du même mois.

Le 31 mai, Edwin Dyer, un des otages britanniques enlevés en janvier, est exécuté, selon une annonce du « bureau de presse et d’information d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ».

Quelques jours plus tard, un travailleur humanitaire américain, Christopher Leggett, est assassiné en Mauritanie. Selon les déclarations d’Al-Qaïda, cet Américain aurait été tué pour avoir tenté de convertir des musulmans au christianisme.

A la fin de l’année, c’est un Français, président de l’ONG Icare de lutte contre le terrorisme, qui est enlevé alors qu’il se trouve dans un hôtel de la ville de Ménaka, au Mali. Son enlèvement est revendiqué le 8 décembre suivant dans un enregistrement diffusé sur Al-Jazeera.

Les Français, cibles des djihadistes

Au début de l’année suivante, AQMI menace de tuer cet otage si quatre prisonniers islamistes ne sont pas libérés en échange. Ces derniers seront finalement libérés.

Le 19 avril 2010, le Français Michel Germaneau, âgé de 78 ans, est enlevé au Niger. Son exécution est annoncée le 24 juillet suivant dans un enregistrement sonore diffusé par Al Jazeera.

Cinq mois plus tard, le 16 septembre 2010, cinq Français, un Togolais et une Malgache sont enlevés au Niger. Le Togolais et la Malgache sont rapidement libérés, ainsi qu’une Français quelques semaines plus tard, tandis que les quatre Français restants, tous salariés d’Areva, sont gardés en détention et ne sont libérés que fin octobre 2013.

Le 8 janvier 2011, Al-Qaïda au Maghreb Islamique enlève deux Français au Niger, l’un faisant partie d’une ONG, l’autre était un ami du premier. Antoine de Léocour et de Vincent Delory seront tués au cours d’une tentative de libération menée par les forces françaises.

L’année 2012 marque une légère accalmie dans la vague des enlèvements. Le coup d’Etat du 21 mars 2012 au Mali marque le début d’une nouvelle phase politique qui conduira à l’intervention française, en janvier suivant.

L’enlèvement et l’assassinat quasiment immédiat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tous deux journalistes pour RFI, marque un des premiers enlèvements de civils depuis que l’opération Serval a mis les groupes djihadistes présents au nord du Mali en déroute.

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