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Espagne: 80 000 foyers en moins, effet collatéral de la crise

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80 000 foyers familiaux en moins

Dans un article publié dimanche 3 novembre et rapporté par Courrier International, le quotidien espagnol El Pais démontre que 80.000 foyers familiaux ont disparu en 2012: « Le troisième trimestre de 2013 s’est achevé avec un total de 17.391.000 foyers familiaux, soit une perte de 48,900 par rapport au trimestre précédent et de 80.000 depuis septembre dernier, selon les dernières données sur la population active (EPA) ».

Retour à la case départ

Ce phénomène s’explique d’une part par le regroupement familial: dans un pays où le taux de chômage atteint les 26%, les jeunes, frappés de plein fouet par la crise, n’ont parfois plus d’autres choix que de retourner au domicile familial, ou d’opter pour la colocation.

« Nous connaissons tous quelqu’un qui est retourné chez ses parents parce qu’il avait perdu son emploi et qu’il n’arrivait plus à s’en sortir », a expliqué à El Pais Ange Laborde, directeur adjoint de la Fondation des Caisses d’Epargne (Funcas), avant de souligner qu’il fallait aussi « prendre en compte tous ces foyers qui n’ont pas été créés par les jeunes, car ils sont aujourd’hui incapables de s’émanciper ».

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Flux migratoire vers l’extérieur

Autre facteur qui explique la disparition de foyers en Espagne : le flux migratoire croissant vers l’extérieur. « Pour la première fois depuis 1971, l’Espagne a enregistré en 2012 une baisse de sa population. Le pays a perdu 113 902 habitants, soit 0,2%. Le nombre d’immigrants a diminué de 2,3% à 5,1 millions, tandis que le nombre d’Espagnols à l’étranger a augmenté de 6% en un an » rapporte El Pais. Face à la conjoncture économique défavorable, les Espagnols, comme les résidents étrangers, sont de plus en plus nombreux à quitter l’Espagne pour fuir la précarité, à la recherche de travail et de meilleures conditions de vie.

L’exil forcé des jeunes Espagnols

Le collectif Juventud Sin Futuro, issu de la mouvance des Indignés, a pointé ce phénomène de migration des jeunes, à travers la campagne « No nos vamos, nos echan » (« On ne s’en va pas, on nous chasse »). Grâce à une carte interactive, le collectif géolocalise avec des points jaunes les Espagnols exilés aux quatre coins du monde. Destination : Buenos Aires, Paris, Berlin, Londres… Depuis leur pays d’accueil les jeunes exilés nourrissent cette plateforme en partageant leurs histoires. « Les témoignages racontent une réalité : il y a de la précarité partout. La situation dans les autres pays peut être meilleure macroéconomiquement, mais pas dans la rue », a expliqué à JOL Press Jesús Gil Molina, journaliste et membre du collectif.

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Avenir sombre

A court et moyen termes, les perspectives d’amélioration en Espagne sont minces : le ministère de l’emploi a annoncé, mardi 5 novembre, que le nombre d’inscrits au chômage sur la péninsule ibérique avait continué à progresser au mois d’octobre, pour le deuxième mois consécutif, portant le taux de chômage à 25,98 %, selon l’Institut national de la statistique (INE). Selon les prévisions du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy qui a adopté des mesures d’austérité drastiques, le chômage pourrait atteindre 26,6 % en 2013 puis à 25,9 % en 2014.

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