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Europe: un modèle de compétitivité à construire

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L’Europe a résisté grâce aux politiques de « dévaluation interne »

L’Europe a résisté à la tempête qui a failli emporter l’euro et mettre à bas la construction européenne. Pour ce faire, elle s’est appuyée sur des cures d’austérité sans précédent. Les pays les plus sévèrement frappés que sont le Portugal, la Grèce et l’Irlande, pour recevoir le programme d’assistance de la Troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) n’ont en effet pas eu d’autre choix que de se conformer aux directives de leurs créanciers internationaux.

Ces pays ont réformé en profondeur leur marché du travail pour accroître la flexibilité et abaisser le coût du travail. La baisse des salaires a par la suite permis une baisse des prix, elle même à l’origine du dynamisme des exportations. Les entreprises ont trouvé à l’extérieur leurs débouchés, ne pouvant plus compter sur une demande intérieure rendue atone par les politiques des gouvernements.

Naturellement, dans le même temps, la chute du pouvoir d’achat a accentué le rééquilibrage de la balance commerciale, en limitant fortement les importations.

Et d’une certaine manière, cela a fonctionné. Au deuxième trimestre, le Portugal a connu la croissance la plus importante de la zone euro, à 1,1%, l’Espagne n’est plus en récession et la contraction du PIB s’est nettement ralentie en Grèce. Selon la Commission européenne, la reprise pourrait avoir lieu en 2014 pour ces trois pays. L’Irlande, premier pays a avoir mis en place une politique de « dévaluation interne » sortira du plan d’aide international le 15 décembre.

Quel modèle pour une croissance durable ?

Il est évident que les programmes d’austérité ne représentent qu’un moyen de surmonter les difficultés pour ensuite s’orienter vers un autre modèle, basé non plus sur une modération des salaires et une compétitivité par les prix, mais sur l’innovation et la recherche.

L’Europe doit profiter de l’accalmie pour se reconstruire et effectuer un changement de cap. Il faut capitaliser sur le dynamisme retrouvé des exportations, sur le retour de la croissance (même si elle reste faible), pour relancer l’investissement et la consommation. Certes, la situation dans les pays périphériques s’améliore, mais le modèle n’est pas tenable à long terme. Il faut d’ores et déjà engager la seconde phase du redressement.

Plusieurs problèmes se posent quant au changement de cap

Le problème vient du fait que les pays européens ne semblent pas, pour l’heure, prêts à coopérer. Une compétition visant à contracter au maximum les salaires pour obtenir un avantage sur les prix s’est installée. Les pays en excédent, comme l’Allemagne, doivent consommer davantage, recentrer leur modèle sur la demande intérieure pour aider les pays d’Europe du Sud.

De plus, pour que l’investissement reparte, il faut nécessairement que les entreprises aient accès au crédit bancaire. Sur ce point, la situation est encore délicate, avec des taux pour les emprunts bancaires tout simplement dissuasifs dans de nombreux pays périphériques. Il reviendra aux Etats, et à la BCE, de trouver une solution sur le sujet, sans quoi, aucune relance de l’investissement n’est envisageable. 

 

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