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Genève 2: l’unité de façade de l’opposition syrienne

15.11.2013 par La Rédaction
Genève 2: l’unité de façade de l’opposition syrienne

Après trois jours d’intenses discussions à Istanbul, les membres de la Coalition nationale syrienne (CNS) ont annoncé lundi 11 novembre qu’ils participeraient aux pourparlers de paix dits de « Genève 2 ». Une participation assortie de nombreuses conditions, qui rendent encore difficilement envisageable l’aboutissement de cette conférence, qui devrait avoir lieu avant la fin de l’année – le 12 décembre, selon le quotidien syrien Al Watan. Pour Barah Mikaïl, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord et chercheur au sein du think tank espagnol FRIDE, l’apparente unité de l’opposition syrienne cache de profondes divisions et l’espoir d’une transition politique est encore loin d’aboutir en Syrie.

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JOL Press : L’opposition syrienne a annoncé lundi qu’elle participerait à la conférence de paix Genève 2 « sous conditions ». Pourtant, fin octobre, elle était divisée sur la question de cette participation. Que s’est-il passé ? Peut-on pour autant dire que l’opposition est parvenue à s’unifier ?
 

Barah Mikaïl : Dire que l’opposition syrienne est d’accord pour participer à cette conférence est encore prématuré. Les groupes constitutifs les plus importants de cette opposition semblent avoir validé cette participation à Genève-2, certes. Mais il ne faut pas oublier qu’ils ont aussi exigé un ensemble de pré-conditions qui ne garantissent toujours pas à 100% la tenue de ces discussions.

Dans les faits, c’est la posture du Conseil National Syrien, groupe le plus important de la Coalition nationale syrienne, qui donne cette illusion d’un satisfecit de l’opposition syrienne. Mais il demeure prématuré de dire que les opposants ont dépassé leurs propres désaccords internes.

JOL Press : Sur le terrain, les rebelles syriens semblent en perte de vitesse. Dans quelle mesure leur participation à la conférence Genève 2 pourrait leur être favorable ?
 

Barah Mikaïl : Sur le terrain, les rebelles syriens paient à la fois le prix de leur désunion politique, de leur absence de stratégie efficace, de leurs moyens inadaptés à la confrontation avec les forces de l’armée de Bachar al-Assad, mais aussi de la coexistence d’une myriade d’acteurs aux objectifs et agendas divers et variés.

Genève-2 paraît favorable aux opposants amenés à y participer dans le sens où leurs soutiens politiques ainsi que l’opinion publique internationale retient maintenant qu’ils adhèrent finalement à l’idée d’une discussion. Mais dans les faits, Genève-2 ne leur sera et ne leur paraîtra favorable que s’ils aboutissent, à travers ces discussions, à leur principal objectif, l’écartement d’Assad.

Cette visée me semblant peu à même d’aboutir pour l’heure, je crois que, au-delà de cette unité et de ce satisfecit de façade, les déceptions ne tarderont pas à réapparaître.<!–jolstore–>

JOL Press : Les conditions invoquées par l’opposition sont-elles acceptables à ce stade du conflit ? Quels sont les points qui risquent d’être rejetés par le régime de Bachar al-Assad ?
 

Barah Mikaïl : C’est là que l’on se retrouve face à deux postures irréconciliables : l’opposition veut que le départ de Assad du pouvoir figure noir sur blanc ; Assad estime qu’il n’a pas à participer à une conférence dont l’ordre du jour serait la validation de son exclusion du pouvoir ; le reste des conditions exigées par l’opposition s’inscrivent dans le même sens, alors qu’en contrepartie l’exigence du régime syrien de ne discuter qu’avec les opposants ne soutenant pas la lutte armée en Syrie se voit tout aussi bien rejetée de facto par ces derniers.

Bref, je crois que tant que les soutiens du régime et ceux de ses opposants n’insisteront pas sur la réorientation de Genève-2 vers un seul objectif pour l’heure, à savoir l’imposition d’un cessez-le-feu entre les protagonistes, toute cette architecture sera vouée à l’échec. C’est la cessation des combats qui peut accoucher du politique, pas l’inverse.

JOL Press : La nomination, par l’opposition, de neuf ministres pour former son propre gouvernement intérimaire est-elle selon vous un premier pas positif vers la transition politique ?
 

Barah Mikaïl : Il y a là une tendance à mettre la charrue avant les bœufs. Cette nomination n’a pas plus de sens que la reconnaissance par la France d’un ambassadeur syrien issu des rangs de l’opposition.

L’une des erreurs de l’opposition c’est qu’elle croit que ce type de nominations unilatérales lui donnera plus de consistance et de crédibilité vis-à-vis de ses soutiens occidentaux ; elle continue de surcroît à croire en la possibilité pour le scénario qui a mis à mal le régime du Libyen Kadhafi de se vérifier dans le cas syrien ; mais cela reste à prouver.

Ces décisions ne lui donnent pas plus de consistance, elles ne lui procurent pas non plus de crédibilité supplémentaire auprès de la population syrienne. Quant à la transition politique, encore faudrait-il qu’on lui devine un horizon, ce qui est loin d’être acquis à ce stade.

JOL Press : Bachar al-Assad a-t-il à s’inquiéter de la tenue de la conférence de Genève 2 ?
 

Barah Mikaïl : Je ne crois pas qu’Assad s’inquiètera outre-mesure tant que le soutien des Russes lui sera acquis. Et c’est ce qui continue à prévaloir pour l’heure. Des trois niveaux les plus importants de la guerre syrienne – local, régional, international – c’est ce dernier qui paraît le plus déterminant pour la possibilité pour le régime d’Assad de se maintenir au pouvoir ou non.

Or pour l’heure on n’a pas encore vent d’un possible retournement des Russes au profit des revendications américaines.

JOL Press : Quel rôle devraient, selon vous, jouer les soutiens internationaux au régime syrien d’un côté et à l’opposition de l’autre ? Ont-ils intérêt à continuer à faire pression sur chacune des parties ou au contraire à leur laisser « les mains libres » dans la résolution du conflit ?
 

Barah Mikaïl : Le rôle des soutiens de chacun de ces protagonistes est crucial. Mais il leur appartient aussi de faire en sorte que les conditions pour l’imposition d’un cessez-le-feu puissent être obtenues. Cela passe par des pressions sur chacun de ces acteurs mais également par la limitation voire l’arrêt des flux d’armement à destination de chacun d’entre eux.

Le mythe d’une armée syrienne surpuissante écrasant dans le sang l’ensemble d’une population a vécu, il suffit de consulter les recensements d’une organisation telle que l’Observatoire syrien des droits de l’homme, pourtant proche de l’opposition, pour  voir que tant l’armée syrienne que ses opposants sont responsables chacun pour moitié des morts syriennes.

Les rapports de Human Rights Watch soulignent également le fait que l’accusation de « crime contre l’humanité » s’applique aussi bien aux combattants pro-Assad qu’à certains de leurs opposants armés.

On est ainsi devant une guerre, et une sale guerre. Il appartient en premier lieu aux Etats-Unis et à la Russie de voir s’ils demeurent prêts à mettre de côté, au moins l’espace d’un instant, leurs considérations stratégiques et politiciennes, le temps de se consacrer à ce qui compte vraiment dans le cas syrien, à savoir le drame humain. Sans cela, le tunnel syrien risque malheureusement de se prolonger allègrement sur l’année qui vient et au-delà.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

———————————————————————-

Barah Mikaïl est spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord et chercheur au sein de l’institut de géopolitique espagnol FRIDE. Il est notamment l’auteur de Une nécessaire relecture du Printemps arabe, Editions du Cygne, 2012 et de La Syrie en cinquante mots-clés, L’Harmattan / Comprendre le Moyen-Orient, 2009.

La Rédaction


Bachar al-Assad États-Unis Genève 2 Russie Syrie
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