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La ministre Dominique Bertinotti révèle son cancer du sein

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« Dominique Bertinotti va bientôt enlever la perruque qu’elle porte depuis plus de huit mois. On verra d’un coup ses cheveux très courts », explique la journaliste Marion Van Renterghem, dans le journal Le Monde, vendredi 22 octobre. La ministre déléguée à la Famille a choisi de faire tomber le masque et de révéler, après neuf mois de chimiothérapie, de chirurgie et de radiothérapie, souffrir d’un cancer du sein.  

Un seul Conseil des ministres manqué

Souhaitant garder le secret, elle n’en a parlé qu’à très peu d’intimes, à trois collaborateurs et au chef de l’Etat. « Instinctivement, je ne voulais pas mettre le cancer au centre. Je voulais bien être une ministre malade, pas une malade ministre » confie-t-elle au Monde.

Aucun responsable politique ou journaliste ne se doutait, lorsque Dominique Bertinotti défendait le projet de loi du mariage homosexuel dans l’Hémicycle ou sur les plateaux télévisés, des efforts surhumains qu’elle accomplissait. Il y a une quinzaine de jours, elle a mis au courant le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. « Est-ce que tu as pu te reposer ? » lui a-t-il demandé, tombant des nues face à cette nouvelle.

Alors qu’elle venait d’apprendre être atteinte d’un cancer en février dernier, sa première interrogation a été de savoir si elle allait pouvoir continuer de travailler, et garder le secret, en tant que personnalité publique. « Je n’avais aucun signe. Et puis à un moment, sans transition, vous devenez malade. Vous entrez bien portante, vous ressortez dans un autre monde. Ça vous tombe dessus et ça ne s’arrête plus, les examens, l’IRM, les sueurs froides, les résultats qui font peur. Vous prenez tout sur la tête » raconte-t-elle.

En cent soixante-dix heures de débat sur le mariage pour tous, elle était toujours en première ligne, aux côtés de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Une seule fois, à bout de forces au lendemain d’une opération, Dominique Bertinotti a manqué le Conseil des ministres, fin août « J’avais atteint mes limites physiques ».

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« Faire évoluer le regard de la société sur cette maladie »

A 59 ans, elle raconte l’épreuve du miroir, des cheveux et des ongles qui tombent, la disparition des sourcils et la perte de goût. « C’est une maladie qu’on ne peut pas oublier. Ministre, pas ministre, ça vous atteint dans votre chair » déclare-t-elle. En tant que personnalité de premier plan, elle devait s’occuper d’elle « deux fois plus » : « J’ai remonté mon heure de réveil pour me pomponner. Plus ça se détériore, plus vous vous maquillez ».

 Elle ajoute que, si elle a décidé de révéler son état de santé aujourd’hui, ce n’est pas pour susciter la compassion, ou en faire un instrument politique. Elle l’affirme : elle est une femme politique comme les autres, et rien ne changera cela.

Ce qu’elle souhaite, c’est briser un tabou, « faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène, pour montrer qu’on peut avoir un cancer, et continuer une vie au travail. Pour que les employeurs comprennent que la mise en congé longue maladie n’est pas forcément la meilleure des solutions. Pour qu’il y ait moins de peur, plus de compréhension. Pour qu’on réfléchisse sur les inégalités face au coût des traitements de confort, comme le vernis spécial pour les ongles ou la perruque qui sont si importants ».

Soutien unanime chez les politiques

Les messages de soutien ont proliféré en quelques heures, notamment sur Twitter. Alors que son amie Ségolène Royal reconnait son courage, sa collègue déléguée aux Personnes âgées, Michèle Delaunay, affirme savoir « ce que représente ce qu’elle révèle aujourd’hui ».

L’ex-présidente du Medef, Laurence Parisot a également tenu à lui rendre hommage sur Twitter.

Le Premier ministre a également salué « sa dignité et son courage » ajoutant « qu’elle a toujours fait son travail avec la plus grande disponibilité, je tiens à dire toute mon admiration », sur le site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques).

A droite également, les responsables politiques ont salué sa force et son courage, à commencer par Nadine Morano et Christian Estrosi.

Au micro de RTL, Bernard Debré lui « a tiré son chapeau ». « Elle a un cran formidable, quelle force » s’est-il exclamé. « Elle est un exemple pour toutes les femmes », et particulièrement « toutes celles qui ont un cancer du sein ». Assumer sa maladie « est un signal fort ». Ce médecin de formation ajoute qu’il est important de « dire : « oui j’ai un cancer du sein et je continue à travailler », car la psychologie et la volonté sont extrêmement importantes pour la guérison ».

Bernard Debré était l’invité RTL du 23 novembre… par rtl-fr

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