« La reprise, elle est là », c’est ce que déclarait, en juillet, François Hollande. Presque quatre mois après, difficile de croire que cela reflétait vraiment la réalité de notre pays. La France vient de voir sa note dégradée par l’agence de notation Standard & Poor’s, de AA+ à AA, et malgré le calme affiché par le patron de Bercy, Pierre Moscovici, les réformes entreprises par le gouvernement semblent loin de rassurer les analystes.
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S&P dégrade d’un cran la note de la France
L’agence de notation Standard & Poor’s, l’une trois principales agences mondiales avec Fitch Ratings et Moody’s, a annoncé ce vendredi 8 novembre avoir abaissé d’un cran la note à long terme de la France, cette dernière passant de AA+ à AA.
La perspective stable de ce AA, nous permet cependant d’exclure, à court terme au moins, une nouvelle dégration de la note de la France.
Les conséquences se sont manifestées directement sur les marchés. Le taux d’emprunt obligataire de la France à 10 ans a grimpé à l’ouverture, à pres de 2,4%, contre 2,15% à la clôture du marché la veille.
Il faut signaler que malgré la hausse, le taux d’emprunt à long terme de la France reste très faible. La dégradation n’a rien d’alarmante, il faudrait réellement s’inquiéter si la note de la France était abaissée à BBB+, puisque de nombreux fonds se retrouveraient dans l’impossibilité, légale, d’acheter des bons émis par la France. Dans cette configuration, les taux exploseraient.
Peu de pays bénéficient encore du triple A auprès des trois grandes agences de notation, onze au total. Il s’agit notamment de l’Allemagne, du Luxembourg, de la Finlande ou encore des Pays-Bas.
Qui a encore le fameux triple A ?
Peu de pays bénéficient encore du triple A auprès des trois grandes agences de notation, onze au total : Allemagne, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas, Australie, Canada, Danemark, Norvège, Singapour, Suède, Suisse.
L’Autriche, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Hong-Kong et la Nouvelle-Zélande ont conservé, pour leur part, leur triple A auprès d’au moins une des trois agences.
Bien sûr, si ce « rating » atteste de la qualité de la signature du pays, il ne détermine pas à lui seul le taux d’emprunt. Le taux d’intérêt à long terme des Etats-Unis reste extrêmement faible malgré le retrait du triple A par Standard & Poor’s.
Les raisons de cette décision
Pour l’agence de notation, les réformes entreprises par François Hollande ne seront pas suffisantes pour restaurer la situation du pays, et particulièrement celle du marché du travail.
Le « manque de marge de manœuvre » de l’exécutif, du fait de la situation des comptes publics, ne permettra pas au gouvernement de prendre les mesure nécessaires pour inverser la courbe du chômage. La pression fiscale atteignant des sommets, le volet recettes n’offre quasiment aucun levier au gouvernement. Si inversion réelle de la courbe du chômage il y a, avec un baisse sous les 10%, ce en sera pas avant 2016.
Dans un communiqué, l’agence précise : « Nous estimons également que les hausses d’impôts initiées par les gouvernements successifs, qui accroissent une pression fiscale déjà élevée, ainsi que ce que nous percevons comme une incapacité du gouvernement à réduire les dépenses de l’Etat de manière significative limitent la marge de manoeuvre budgétaire du pays ». S&P ajoute : « la persistance d’un taux de chômage élevé affaiblit le soutien populaire en faveur de nouvelles mesures d’envergure en matière de politique budgétaire et de réformes structurelles ».
Au-delà des incertitudes entourant le chômage en France, l’agence pointe les finances publiques du pays : « Nous pensons également que la faible croissance économique limite la capacité du gouvernement à consolider le redressement des finances publiques ».
Bercy conteste les arguments avancés par l’agence
Au travers d’un communiqué publié juste après l’annonce de la décision de l’agence de notation, Pierre Moscovici « réaffirme la qualité de la signature de l’Etat français » et déplore le jugement de S&P.
Le ministre de l’Economie et des Finances rappelle les réformes menées par le gouvernement pour redresser l’économie, réformes insuffisamment prises en comptes par l’agence, qui a porté un jugement « inexact » sur les perspectives économiques de la France : « jamais un gouvernement n’avait conduit autant de réformes en un temps si court, et dans un contexte conjoncturel aussi difficile ».
Le communiqué souligne que le double A reste l’une des notes les plus élevés, ce qui « témoigne des atouts reconnus de la France – en particulier ses perspectives démographiques, la qualité de ses infrastructures, le haut niveau d’éducation et de productivité de sa main d’œuvre, le niveau d’épargne élevé du secteur privé et son statut d’émetteur de référence au sein de la zone euro ».
L’exécutif est resté relativement calme devant cette décision, Jean-Marc Ayrault, mettant par exemple en avant le fait que cette note restait « l’une des meilleures du monde ».
Comme le rappelle La Tribune, lorsqu’en 2012 Standard & Poor’s avait retiré le triple A de la France, François Holande n’avait pas hésité à parler de bataille perdue pour Nicolas Sarkozy.