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La Pologne a dit «oui» au gaz de schiste

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Alors que le débat sur le gaz de schiste est de nouveau à l’ordre du jour en France, après la réouverture du dossier, mercredi 27 novembre, par deux parlementaires, le vice-ministre polonais de l’Environnement, Piotr Wozniak, a déclaré mercredi que « la première exploitation commerciale [du gaz de schiste] commencera en Pologne l’an prochain »

Au nom de son indépendance énergétique

Cette déclaration intervient après la publication des premiers résultats d’un forage dans le nord de la Pologne par la société San Leon Energy, spécialiste des ressources énergétiques.

Selon un communiqué de la société, qui a observé un débit régulier du gaz de schiste lors de ses essais de fracturation hydraulique, les résultats obtenus ont « de loin dépassé leurs espérances ».

Dans sa lutte contre la dépendance vis-à-vis du gaz russe, dont elle consomme plus de 9 milliards de mètres cubes importés par an, la Pologne a donc dit « oui » au gaz de schiste. Elle disposerait de réserves de cette ressource énergétique évaluées entre 800 et 2 000 milliards de mètres cubes.

Premier pays européen à extraire du gaz de schiste

Le gouvernement polonais, qui avait lancé une première extraction expérimentale en juillet dernier, compte ainsi investir, avant 2020, 12,5 milliards d’euros pour exploiter les gisements de gaz de schiste dont il dispose.

L’électricité polonaise est actuellement produite, à 91%, à partir de houille et de lignite, des roches sédimentaires qui pourraient encore, selon les estimations, couvrir les besoins de la Pologne pendant 150 ans.

Si plusieurs pays ont déjà commencé à explorer leurs sous-sols pour évaluer leurs réserves en gaz de schiste, la Pologne serait ainsi le premier pays européen à produire et exploiter cette ressource. Elle serait le troisième pays au monde, après les États-Unis et le Canada, qui produisent déjà du gaz de schiste.

La Pologne était déjà déterminée à exploiter cette ressource

En mars 2011, alors que la polémique sur les risques liés à l’exploitation du gaz de schiste commençait à enfler dans plusieurs pays européens, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, avait déclaré que la Pologne était déterminée à exploiter cette ressource énergétique.

« Nous sommes déterminés à ce que les recherches et l’exploitation du gaz de schiste deviennent un fait », avait-il indiqué lors d’une conférence à Varsovie. Cette perspective s’inscrivait, selon lui, « dans la stratégie de la sécurité énergétique de l’ensemble de l’Europe, donc de la Pologne. »

La Pologne avait ainsi commencé à distribuer des concessions en vue de prospection, et le forage de 43 puits avait débuté en avril dernier.

Zurawlow, « symbole de la résistance européenne » contre la fracturation

Mais cette exploration des ressources énergétiques polonaises est loin de faire l’unanimité. Car si certains y voient une manne économique de poids et un moyen d’assurer à la Pologne son indépendance énergétique, d’autres continuent de dénoncer le manque d’informations sur les risques potentiels de la fracturation hydraulique et de l’extraction du gaz de schiste.

La petite commune de Zurawlow, dans l’Est du pays, est ainsi devenue le symbole de la résistance européenne contre l’exploitation du gaz de schiste par la compagnie pétrolière américaine Chevron.

Dans un documentaire diffusé en janvier dernier sur Arte, après une première vague de mobilisation des agriculteurs polonais, le réalisateur Lech Kowalski, britannique d’origine polonaise, avait filmé le combat contre le gaz de schiste.

Début juin, la mobilisation avait repris et des centaines de personnes occupaient le terrain. Le 13 et 14 novembre, après plus de 150 jours d’occupation, l’écologiste européen José Bové, qui s’était déjà rendu à Zurawlow il y a deux ans, est de nouveau venu apporter son soutien aux paysans, en marge du sommet sur le climat à Varsovie « pour bien montrer qu’il faisait le lien entre les combats locaux concrets et la réflexion internationale, ou le combat global pour limiter le réchauffement de la planète ».

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