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«La Révolution Sida»: l’histoire d’un combat de 30 ans

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Trente millions de personnes ont été tuées en trente ans par le virus du sida dans le monde. Cette épidémie n’en finit pas d’infliger la mort, mais depuis quinze ans, grâce aux traitements, aux trithérapies, de très nombreux séropositifs vivent presque normalement avec cette maladie devenue chronique.

Le sida a tout perturbé, la science, la médecine, la politique, le domaine social et associatif, et a contraint la société française à se réformer au plus profond d’elle-même. C’est ce que raconte ce livre.

Le combat contre cette maladie doit continuer car le virus, toujours aussi menaçant, n’a pas livré tous ses secrets. Et ceux qui le combattent doivent disposer des moyens nécessaires pour qu’un monde sans sida soit un jour possible. La révolution sida a tout bouleversé, beaucoup reconstruit, elle est toujours en marche.

Extraits de La Révolution SIDA, d’Hélène Cardin et de Danielle Messager (Editions Odile Jacob)

La fin du sida ?

« Renverser ensemble le cours de l’épidémie », la dernière conférence mondiale sur le sida qui s’est tenue en juillet 2012 à Washington, mobilisant plus de vingt mille chercheurs, responsables politiques et militants, affichait clairement son objectif. Et peut-être n’a-t-on jamais été aussi prêts de ce renversement de tendance ? Lors de la cérémonie d’ouverture, le président de la Banque mondiale, intervenant pour la première fois dans un tel congrès, a déclaré « We can stop aids », nous pouvons mettre un terme au sida, nous pouvons et non pas nous espérons. Alors en avant !

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Le traitement comme moyen de prévention

C’est sur ce concept que repose l’espoir de stopper la progression de l’épidémie de sida. Depuis deux ans, de multiples essais cliniques le prouvent : une personne séropositive, dont la charge virale (quantité de virus dans le sang) n’est plus détectable, grâce à un traitement bien adapté, n’est plus contaminante. Elle ne transmet plus le virus. Autant de patients soignés, autant de personnes qui ne transmettent plus la maladie.

Traiter le maximum de malades (huit millions bénéficient aujourd’hui des antirétroviraux), c’est casser la courbe de la progression du sida. Il y a quelques années, une campagne de prévention intitulée « Le sida ne passera pas par moi » était illustrée par une courbe cassée. Ce sera peut-être une réalité dans quelques années. Déjà dans les pays du Nord, on ne parle plus de sida, mais d’infection chronique à VIH. Et la même chose doit pouvoir être réalisée ailleurs. Mais cette idée doit encore faire son chemin dans les pays du Sud. Françoise Barré-Sinoussi raconte qu’elle se trouvait récemment dans une réunion sur les traitements de l’hépatite C.

Un orateur s’exprime pour dire à quel point les nouveaux médicaments étaient efficaces pour les patients de nos pays riches, mais qu’il serait totalement fantaisiste d’imaginer en faire profiter les malades des pays du Sud parce que trop chers et trop contraignants. Elle n’en crût pas ses oreilles ! C’est le même genre d’inepties que des gens bien pensants et bien informés affirmaient d’un ton péremptoire il y a encore une dizaine d’années ! Mais les choses ont évolué. Aujourd’hui, les prix des médicaments, sous la pression internationale ont baissé et les génériques fabriqués en Inde ou au Brésil remplacent aisément les premières molécules.

Quant à l’observance des malades des pays pauvres, dès l’arrivée des antirétroviraux, elle s’est révélée identique à celle des malades des pays riches. Qui pouvait croire que si on lui proposait un traitement qui l’empêcherait de mourir, un malade, où qu’il soit, ne ferait pas tout pour le suivre ? Et c’est aussi « grâce » au sida que des structures de soins ont été montées, s’élargissant à d’autres pathologies ou pouvant bénéficier à toute une famille.

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