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Le 1er décembre, Jean-Luc Mélenchon court après la fronde fiscale

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Sauter dans un train déjà en marche n’est jamais simple. Le Front de gauche va s’y tenter en organisant le 1er décembre une « marche pour la révolution fiscale » contre la hausse de la TVA prévue pour 2014 – de 7 à 10% pour le taux intermédiaire, et de 19,6 à 20% pour le taux normal -, plusieurs semaines après que la contestation fiscale ait déjà débuté.

Eva Joly a décliné l’invitation de Mélenchon

L’ambition de Jean-Luc Mélenchon est de rassembler largement à gauche pour trouver un écho dans cette révolte antifiscale déjà bien entamée. Il pourra compter avec certitude sur Pierre Laurent, numéro un communiste, le 1er décembre prochain à la manifestation contre la hausse de la TVA.

Les choses s’annoncent plus compliquées du côté des Verts. Alors qu’en mai dernier, après le départ du gouvernement de Jérôme Cahuzac, l’eurodéputée écologiste Eva Joly avait manifesté aux côtés de Jean-Luc Mélenchon pour réclamer « une VIe République », elle a, cette fois, décliné l’invitation du chef de file du Front de gauche. Le quotidien Libération rappelle qu’à l’époque, certains de ses amis avaient été très agacés de ce flirt avec le Front de gauche, allant jusqu’à lui intimer « d’aller chez Mélenchon ». Ce refus traduit la volonté de prise de distance avec son collègue du Parlement européen. Toutefois, il pourra compter sur la présence de certains écologistes, comme l’a confié un responsable d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) à l’Humanité.

L’aile gauche du PS n’a pas pour le moment tranché sur sa présence ou non. La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann a précisé au même journal « on verra si on y participe, mais on a jamais cessé de demander l’annulation de la hausse de la TVA, et la conditionnalité du crédit d’impôt compétitivité. On est totalement d’accord avec le mouvement et avec l’exigence de rassemblement de l’ensemble de ces forces ».

Certains leaders syndicaux, comme la CGT, hésitent également à participer à cette marche. L’Unsa et les représentants de Solidaires ont d’ores et déjà dit qu’ils n’y prendraient pas part, ne sachant pas encore d’où viendront les protestataires.  

Reprendre la main sur la fronde fiscale

Premier objectif de Jean-Luc Mélenchon : reprendre la main sur la fronde fiscale, après le mouvement des « bonnets rouges » en Bretagne. Il s’était d’ailleurs montré très critique à l’égard du rassemblement à Quimper du 2 novembre : « A Quimper, les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maîtres ». Il avait préféré appeler à manifester aux côtés des syndicats à Carhaix « Il faut qu’on soit là avec nos idées, nos drapeaux, nos mots d’ordre » a-t-il lancé lors d’un meeting à Garges-lès-Gonesse. Vendredi 7 novembre, sur RTL, il avait ajouté que « ce [n’était] pas une affaire bretonne, il faut régler cela à travers le pays ».

Par ailleurs, il souhaite éviter que l’UMP et l’extrême-droite récoltent les fruits de la révolte antifiscale. « La droite, le Medef et l’extrême-droite cherchent à en tirer profit, en jetant la confusion sur les causes de la crise et sur les solutions nécessaires, en nourrissant un climat de violences », a constaté Pierre Laurent, patron du Parti communiste français lors d’une rencontre entre les neuf organisations du Front de gauche

A cinq mois des élections européennes et municipales, le 1er décembre permettrait également à la gauche radicale de se présenter réconciliée. Après ces dernières semaines où les divisions entre le PCF et le Parti de gauche, pour ou contre des alliances avec le PS, l’image du Front de gauche s’est fortement dégradée. Il « n’apparait pas à ce jour comme une alternative possible » a même reconnu Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. « Il s’est empêtré dans des polémiques sur les municipales qui ne correspondent pas aux préoccupations des gens » explique-t-il.   

Le Front de gauche marche sur des œufs

Le Front marche sur des œufs avec cette fonde antifiscale. Pour eux, pas question de souscrire au « ras-le-bol fiscal », une cause qui jure avec les thèmes qu’ils défendent habituellement. Même chose pour les organisations syndicales : « L’impôt est utile », précise Jean-Claude Mailly, numéro un de Force Ouvrière. Il finance les services publics et contribue à réduire les inégalités », dans Le Figaro.

Par ailleurs, il est difficile de prévoir à l’avance de quel camp viendront les manifestants. L’UMP et l’UDI, aux côtés des artisans et des commerçants de l’Union professionnelle artisanale, ont également prévu de fustiger la hausse de la TVA. Cela risque de ne pas mobiliser les foules à gauche, notamment chez les syndicats, craignant le mélange des genres.

Malgré ces différents obstacles, le Front de gauche ne devra pas rater le coche de la grogne antifiscale et antisystème s’il veut être audible à quelques mois des prochaines échéances électorales. 

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