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Le Bitcoin, nouvelle valeur refuge?

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JOL Press : Aujourd’hui, pour quels types d’utilisation a-t-on recours au Bitcoin ?
 

Phlippe Herlin : Le Bitcoin sert aujourd’hui principalement de monnaie de réserve, de thésaurisation. Il y a beaucoup de personnes qui achètent des Bitcoins simplement pour placer une partie de leur épargne sur un compte entièrement sécurisé.

Au moment du sauvetage du système bancaire de Chypre par exemple, en mars – avril, beaucoup de personnes dans le monde se sont rendus compte qu’un compte bancaire n’était pas forcément une sécurité absolue. Le cours du Bitcoin a alors explosé.

Avec ce type de monnaie, il y a la sécurité en tant que telle, et puis il y a le cours du Bitcoin. Ce dernier, qui était à dix euros l’année dernière, est à plus de cent euros aujourd’hui. La tendance haussière est presque intrinsèque, du fait du plafond de 21 millions de Bitcoins. On pourrait dire que c’est de l’or numérique, il y a une quantité donnée, fixe. Si la monnaie voit sa clientèle augmenter, ce qui est le cas, et continuera de l’être, sa valeur augmente. C’est principalement cette utilisation comme moyen d’épargne qui soutient la demande.

L’autre aspect est l’utilisation comme intermédiaire de paiement. Plusieurs sociétés, startups, commencent à se positionner sur ce secteur, aux Etats-Unis, dans une moindre mesure en France avec paymium. Dans cette utilisation, on ne paie pas en Bitcoins directement. Si un site accepte le Bitcoin et que vous possédez un compte Bitcoin, le mécanisme est le suivant. Lors de l’achat du produit votre compte est débité en euros et celui du commerçant aussi. Mais vos euros sont transformés en Bitcoins, envoyés au commerçant, puis transformés en euros. Ce n’est bien sûr pas à vous de vous en occuper, des entreprises s’occupent de ça.

L’avantage, c’est que cela coûte beaucoup moins cher que de passer par une carte bleue, par paypal ou tout autre moyen de paiement sur internet. Le Bitcoin bénéficie, d’un coût de fonctionnement extrêmement faible. Les commissions sont nettement inférieures aux cartes bancaires.

Ce mécanisme représente l’autre axe de développement du Bitcoin. Ici, le fait que le cours de la monnaie monte ou baisse n’importe pas, elle ne fait que l’intermédiaire.

Le mécanisme est le même pour les transferts d’argent. Si vous voulez virer de l’argent, à un ami aux Etats-Unis par exemple, et que vous passez par une banque, par Paypal ou par Western Union, vous allez avoir des frais importants, alors qu’ils seront extrêmement faibles en passant par le Bitcoin.

JOL Press : L’utilisation du Bitcoin pour payer directement reste donc encore marginale ?
 

Phlippe Herlin : Oui, il y a très peu de sites sur lesquels il est possible de payer directement en Bitcoins. Il y a quelques bar alternatifs à Berlin où on peut payer en Bitcoins, mais c’est plus pour le côté culture alternative.

Il y a bien quelques endroits et sites où l’on peut payer en Bitcoins directement, mais cette utilisation reste très marginale. Ce n’est pas ça qui fait la croissance du Bitcoin.

JOL Press : Comment varie le cours du Bitcoin ? Il s’apprécie quand les grandes économies connaissent des difficultés ?
 

Phlippe Herlin : L’or a tendance à faire office de valeur refuge lorsque des difficultés se font sentir aux Etats-Unis ou en Europe. Son cours s’apprécie alors. On pourrait dire que c’est pareil pour le Bitcoin mais la situation diffère malgré tout. A la différence de l’or, que tout le monde connaît, le Bitcoin, commence tout juste à être connu du public.

Petit à petit les gens s’intéressent aux Bitcoins et en achètent. C’est l’arrivée de nouveaux intervenants, qui viennent de découvrir le Bitcoin, qui explique la hausse du cours, pas uniquement les doutes sur les grandes monnaies. C’est ce qui explique la multiplication par dix de la valeur de la monnaie numérique depuis l’année dernière.

Quand il y a tout à coup beaucoup de gens, comme à l’occasion de la crise à Chypre, qui veulent acheter quelques Bitcoins, on assiste à une bulle. Ca a été le cas en avril, avec un krach par la suite. Le cours du Bitcion, qui était en dessous de dix euros pendant toute l’année 2012, est monté en avril à plus de 200 euros, avant de s’effondrer. Mais il n’est pas retombé en dessous de cinquante euros et s’est stabilité à un niveau nettement supérieur à celui qui était le sien avant cet épisode.

Je pense qu’il y aura encore des phénomènes de bulles et de krachs, avec une croissance en escalier, mais sans que cela entrave la tendance haussière de la monnaie.

JOL Press : Comment peut-on se procurer des Bitcoins aujourd’hui ?  
 

Phlippe Herlin : On peut aller sur une place de marché, par exemple Bitcoin-Central en France, pour échanger ses dollars ou euros, toutes les principales devises en fait, contre des Bitcoins. Les prix dépendent de l’offre et de la demande.

JOL Press : Le Bitcoin est accusé de servir à certaines activités illégales, par l’anonymat de ses transactions, est-ce vraiment le cas ?
 

Phlippe Herlin : C’est quelque chose qui échappe aux banques centrales et au système bancaire, qui est difficilement contrôlable par l’Etat. Naturellement, cela ne plaît pas forcément. On accuse en effet le Bitcoin d’être la monnaie de la mafia, mais ce n’est pas le cas. On l’a vu de manière très claire lorsque le principal site qui vendait de produits illicites, Silk Road, a été fermé par les autorités américaines. Ce site acceptait les paiements en Bitcoins. Si une grande partie des utilisateurs de Bitcoins utilisait la monnaie pour acheter de la drogue, cela aurait dû faire baisser le cours, mais ça n’a pas été le cas. Il y a certes eu une variation assez forte le jour même, mais le cours est remonté directement par la suite. Ce n’est pas l’argent sale qui soutient la croissance du Bitcoin.

Propos recueillis par Rémy Brisson pour JOL Press

> Lire le blog de Philippe Herlin sur JOL Press

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