Le mollah Fazlullah a pris la tête des Taliban pakistanais, jeudi 7 novembre. Très connu pour avoir imposé la charia dans la vallée de Swat entre 2007 et 2009, le nouveau chef du TTP a d’ores et déjà annoncé qu’il ne négocierait pas avec le gouvernement.
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La « réconciliation » nationale entre le gouvernement pakistanais et les Taliban du parti Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), n’est pas d’actualité. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le nouveau chef de l’organisation, élu jeudi 7 novembre.
Pas de discussions avec les alliés des Etats-Unis
Le mollah Fazlullah a succédé à Hakimullah Mehsud, après le décès de ce dernier le 1er novembre, assassiné par un drone américain. Et dès les premières heures de son mandat, le nouveau représentant officiel des Taliban a affirmé qu’il était opposé à tous pourparlers de paix avec l’Etat central.
C’est le porte-parole du parti officiel des Taliban qui en a fait l’annonce alors que le mollah Fazullah venait à peine d’être élu. A ce jour, le représentant officiel n’a cependant fait aucune déclaration officielle à ce sujet.
Selon les explications qui ont filtrées depuis cette élection, le nouveau chef des Taliban serait opposé à des négociations avec un gouvernement qu’il considère comme illégitime puisqu’à la solde des Etats-Unis.
Cette annonce apporte un coup fatal aux tentatives de négociations ébauchées il y a à peine quelques semaines par Islamabad.
« Mollah Radio »
Le mollah Fazlullah aurait près de 40 ans. Il s’est fait connaître en prenant la tête du Tehreek-e-Nifaz-e-Shariat-e-Mohammadi (TNSM), en menant une offensive islamiste et en imposant la charia dans la vallée de Swat entre 2007 et 2009. Il est également connu sous le nom de Mollah Radio, notamment en raison de ses prêches en faveur de la charia, diffusés sur les radios locales.
Son action dans la vallée du Swat avait vallu au Mollah Radio de s’attirer les foudres de Malala Yousafzaï, cette jeune Pakistanaise désormais mondialement célèbre pour son combat en faveur de l’éducation des filles au Pakistan. Le gouvernement soupçonne d’ailleurs le nouveau chef des Taliban d’avoir été à l’origine de l’attaque commise contre cette jeune fille, et à laquelle elle a survécu.
Vers une nouvelle vague de violences au Pakistan
C’est depuis l’Afghanistan, où il s’est réfugié après avoir été expulsé de la vallée de Swat, que le mollah Fazlullah devrait désormais opérer. Sa mobilité géographique entre les deux pays a longtemps été source de tensions entre le Pakistan et l’Afghanistan. Kaboul demande à Islamabad de lutter contre les foyers taliban du Nord-Waziristan tandis qu’Islamabad exige de Kaboul la capture et l’extradition du nouveau chef des Taliban.
Nul doute que cette nouvelle nomination compliquera de nouveau les relations entre les deux pays. Cependant, la faculté du mollah Fazlullah de diriger depuis son sanctuaire afghan pose également question, tout comme son origine ethnique.
En effet, historiquement, tous les chefs du TTP ont été issus de la tribu des Mehsud, ce qui n’est pas le cas de ce nouveau dirigeant.
Une chose est sûre, de l’avis de nombreux experts, cette nomination devrait apporter une nouvelle vague de violences au Pakistan.