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Législatives au Mali: un premier scrutin sous surveillance

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La tenue des élections législatives au Mali, dont le premier tour est prévu ce dimanche, doit marquer une nouvelle étape dans le processus de retour à la stabilité du pays après des mois de crise politique, économique et sociale. Le deuxième tour des élections législatives aura lieu, si nécessaire, le 15 décembre prochain.

Une majorité présidentielle incertaine

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a pour objectif que son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), obtienne une majorité suffisante à l’Assemblée nationale, constituée de 147 députés, pour lui permettre de mener à bien ses actions en faveur du redressement économique et social du pays.

Mais si IBK avait remporté très largement l’élection présidentielle lors du deuxième tour en août dernier, récoltant plus de 77% des voix, la majorité ne semble pas encore acquise cette fois-ci, et le parti présidentiel pourrait bien devoir s’allier avec d’autres partis.

Le défi est d’autant plus grand pour le Mali dans les mois qui arrivent, après une année marquée par la recherche de stabilité dans un pays encore miné par des mois d’occupation djihadiste dans le Nord du Mali.

Même si l’élection du président et d’un nouveau gouvernement a été largement soutenue par la population malienne, qui y a vu un premier pas vers le retour à l’équilibre du pays, ces dernières semaines ont en effet été éprouvantes pour le Mali.

Le Mali à l’épreuve de l’insécurité

Les groupes djihadistes ont repris leurs actions meurtrières depuis la fin du mois de septembre, attaquant à plusieurs reprises des dizaines de civils et militaires, maliens et tchadiens, membres de la Minusma – la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Mali – à Gao, Tombouctou et Kidal.

Kidal, qui a également été le théâtre de l’enlèvement et de l’assassinat, le 2 novembre, de deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués en plein désert par des hommes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Kidal encore, qui représente, avec ses quatre députés, la plus petite circonscription du Mali, et dont la tenue de l’élection reste incertaine tant l’insécurité règne, malgré la présence des forces françaises, maliennes et de la Minusma dans la ville. Ce qui a d’ailleurs poussé certains observateurs à déclarer qu’il faudrait reporter les élections législatives à Kidal.

Mais « ne pas tenir les élections législatives à Kidal, c’est capituler face à ceux qui souhaitent remettre en cause l’intégrité territoriale du Mali », a laissé entendre Lazare Maurice Sehoueto, député de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), lors d’une conférence de presse jeudi à Bamako, la capitale malienne.

Les observateurs internationaux déployés

Afin de veiller au bon déroulement du scrutin, les élections législatives seront placées sous haute surveillance. Une Mission d’observation électorale de l’Union européenne, qui dispose de plus de 100 observateurs venus de 23 des 28 pays membres de l’Union européenne, ainsi que de Norvège et de Suisse, assurera le suivi du processus électoral dans chacune des zones de responsabilité des observateurs, soit sur 90% du territoire malien.

La Minusma a par ailleurs réactivé son centre d’appel afin de recueillir d’éventuelles plaintes lors des élections législatives. La Mission de l’ONU a affirmé dans un communiqué qu’une attention particulière serait accordée à la surveillance des violations des droits de l’homme avant, pendant et après les élections.

À Kidal, cependant, « faute de garantie pour leur sécurité, les observateurs internationaux pourraient ne pas se rendre dans les bureaux pour témoigner du bon déroulement du scrutin », note le site Jeune Afrique. « Les responsables des médias affichent la même prudence et hésitent à décider de l’envoi de journalistes dans la zone »Lors du premier tour de l’élection présidentielle en juillet dernier, un élu et cinq agents électoraux avaient été enlevés à Kidal par des hommes armés, avant d’être relâchés.

À Bamako, les forces de l’ordre maliennes ont renforcé leur sécurité auprès des militaires français présents dans la capitale malienne. Vendredi 22 novembre, un homme armé a tiré sur un capitaine de l’armée française à Bamako, blessant légèrement le militaire à la tête et à l’épaule. Une tentative de meurtre qui pourrait vraisemblablement avoir eu lieu pour des motifs religieux.

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