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Les dépouilles des moines de Tibhirine seront bientôt autopsiées

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Le mystère entourant la mort des moines de Tibhirine pourrait être éclairci dans les mois à venir. Alors qu’il était en déplacement en Algérie, le juge d’instruction chargé de l’affaire, Marc Trévidic, a obtenu des autorités algériennes l’autorisation d’autopsier les restes des dépouilles des moines assassinés en 1996.

François Hollande serait intervenu en faveur d’un déblocage de la situation

Si cette autorisation représente une grande avancée dans l’enquête, Marc Trévidic aurait voulu aller encore plus loin et se voir accorder l’autorisation d’interroger une vingtaine de témoins. Une demande qui a été refusée au juge français malgré l’inscription de cette demande dans la commission rogatoire internationale (CRI) adressée à l’Algérie par le juge d’instruction en décembre 2011.

Cependant, Marc Trévidic devrait pouvoir compter sur la coopération du juge qui dirige l’affaire en Algérie. Ils se sont déjà rencontrés et le juge algérien, qui sera présent durant l’autopsie des têtes des moines de Tibhirine, a affirmé à Marc Trévidic qu’il lui communiquerait certains éléments concernant les auditions demandées par la France.

Il est probable que l’avancée de cette affaire soit en partie due à l’intervention du président François Hollande. Ce dernier, lors de sa dernière visite à son homologue Abdelaziz Bouteflika, en décembre 2012, avait abordé le sujet après avoir été souvent sollicité par les proches des moines, afin que le juge puisse se rendre sur place.

Une bavure de l’armée algérienne ?

L’enquête de Marc Trévidic pourrait permettre de déterminer si les enquêteurs suivent actuellement la bonne piste. En effet, pendant plusieurs années, la piste d’un meurtre commis par un groupe islamiste – le Groupe islamique armé (GIA) – a longtemps été privilégiée, dans la mesure où des hommes de cette cellule avaient revendiqué leur acte quelques jours après que l’assassinat des moines eut été annoncé.

Mais en 2009, un nouveau témoignage a fait prendre une direction toute différente à l’enquête. Un ancien attaché de défense à Alger, le général François Buchwalter, a ainsi permis d’avancer l’hypothèse d’une bavure de l’armée algérienne, thèse désormais privilégiée.

Les corps des moines n’ont jamais été découverts

Les moines de Tibhirine étaient 9 à vivre dans l’Abbaye Notre Dame de l’Atlas. Sept d’entre eux sont enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Cette nuit-là, une vingtaine d’hommes pénètrent dans l’enceinte du bâtiment et partent à la recherche de tous les occupants. Seuls deux moines, qui dorment dans une autre aile du monastère, échapperont à cet enlèvement.

Les premières nouvelles des religieux n’arrivent que près d’un mois plus tard. Le Groupe islamique armé revendique l’enlèvement et propose un échange de prisonniers.

Le 21 mai, dans un communiqué, la cellule djihadiste affirme avoir assassiné les sept religieux retenus en otage depuis deux mois. « Nous avons tranché la gorge des sept moines, conformément à nos promesses », indique alors le communiqué.

Quelques jours plus tard, le 30 mai, le gouvernement annonce que les dépouilles des hommes ont été retrouvées. Après enquête du père Armand Veilleux, procureur général de l’ordre cistercien auquel appartenaient les moines de Tibhirine, le gouvernement algérien révèlera que seules les têtes des hommes ont été retrouvées. Les corps ne seront jamais découverts. 

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