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Les excédents allemands dans la ligne de mire de Bruxelles

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L’excédent allemand atteint désormais un niveau inacceptable

Le niveau de l’excédent dégagé par l’Allemagne, supérieur désormais au plafond de 6% défini dans les traités européens, a contraint la Commission européenne à réagir, en ouvrant une procédure d’enquête.

La balance des paiements allemande affiche en effet un solde positif record de 7% du produit intérieur brut (PIB) en 2012 et 2013. Aucun autre pays ne parvient à réaliser une performance supérieure ou même proche, la Chine restant, sur ce point, loin derrière.

Mais plus que le chiffre brut, c’est surtout l’évolution de l’excédent commercial qui inquiète. En septembre, ce dernier atteignait par exemple le niveau record de 18,8 milliards d’Euros. Il semble évident que si aucune mesure n’est prise, du fait de la compétitivité de l’économie allemande, rien ne pourra, à court terme, provoquer une réduction importante de ce déficit.

La Commission européenne lance une procédure d’enquête

Au regard de l’excédent croissant allemand, la situation devenait de plus en plus inconfortable pour la Commission européenne. Difficile en effet pour Bruxelles de maintenir sa pression sur les pays européens périphériques comme l’Espagne ou la Grèce, afin que ces derniers poursuivent sur la voie de l’austérité et de la réduction rapide des déficits, sans demander dans le même temps, un changement de position de l’Allemagne, qui porte une responsabilité non négligeable dans le creusement du déficit des autres pays.

Malgré ces « remontrances » de la Commission européenne et l’ouverture de la procédure d’enquête, il reste difficile d’imaginer un changement d’attitude côté allemand. Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, est encore loin d’être en mesure de « vaincre » l’intransigeance allemande, lui qui réclame pourtant « une croissance salariale durable » dans le pays.

Cette très improbable « concession » allemande passerait par un regain de consommation et donc une stimulation de la demande intérieure pour ne plus que les exportations représentent l’unique moteur de la croissance.

Critique vive de Washington également

Début novembre, le Trésor américain a lui aussi critiqué sévèrement le modèle allemand dans un rapport soulignant l’impact négatif de l’excédent allemand sur la croissance européenne. Le document part du principe qu’une situation de déflation s’installe nécessairement dans une zone si les pays en déficit doivent s’ajuster, par la mise en place de mesures d’austérité, et que dans le même temps, les pays en excédent n’appliquent aucune réforme pour favoriser l’équilibre global.

L’analyse des faits confirme la validité de ce « scénario » en Europe. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) se fixe une cible de 2%, l’inflation atteignait seulement 0,7% en octobre sur un an, d’après Eurostat.

Si une inflation faible comme c’est le cas actuellement permet de soulager le pouvoir d’achat des ménages, elle alourdit en revanche considérablement le fardeau de la dette des pays les plus touchés comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce.

Le rapport du Trésor américain précise : « la croissance anémique de la demande intérieure en Allemagne et la dépendance aux exportations empêchent un rééquilibrage au moment où de nombreux pays de la zone euro subissent une sévère pression pour diminuer leur demande et limiter leurs importations » (traduction du quotidien Le Monde).

Il est bien sûr difficile d’imaginer un brusque changement d’attitude de l’Allemagne, qui reste pour l’heure fidèle à sa ligne de conduite : les autres pays doivent faire les mêmes efforts que l’Allemagne aux débuts des années 2000, avec les réformes mises en place par Gerhard Schröder.

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