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Les grands mouvements contestataires n’ont pas toujours servi l’opposition

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Sept organisations syndicales régionales de Bretagne, CFDT, CGT, Solidaires, CFTC, UNSA, CFE-CGC et FSU ont appelé les salariés à une journée de mobilisation régionale ce 23 novembre, « pour l’avenir de la Bretagne » et pour « un pacte social ». Que des syndicats épousent la cause des « bonnets rouges » pour réclamer « un avenir pour l’ensemble des filières et des territoires » devraient profiter à l’opposition et à sa popularité. Mais non. L’opinion publique ne se range pas du côté de l’UMP. Est-ce une première ? Il semblerait que l’émergence de mouvements spontanés et populaires ne profite que rarement aux politiques.

Mai 68, une contestation divisée

L’éclatement spontané de la crise de mai 68 a pris de court le pouvoir, ainsi que pratiquement toutes les organisations, partis et syndicats organisés. Mais comme aujourd’hui, le camp du pouvoir n’était pas plus uni que celui de la contestation. Le Parti communiste et la CGT ne voulaient pas rejoindre le mouvement des étudiants trop « petits bourgeois » pour eux. Si la victoire sociale et culturelle du mouvement est indéniable, d’un point de vue politique on ne peut pas dire que mai 68 ait profité à la gauche, trop divisée pour être forte.

Dans L’Humanité du vendredi 3 mai, Georges Marchais, membre du comité central du Parti communiste français attaquait violement les étudiants « enragés » de Nanterre et traitait Daniel Cohn-Bendit d’« anarchiste allemand ». Dans ce contexte, toute union eu été difficile.

1986, un président dans l’opposition

Aux élections législatives de mars 1986, la droite retrouve le pouvoir après cinq ans de gouvernement de gauche. Le Premier ministre, Jacques Chirac, s’appuie pour gouverner sur un Parlement dominé par le RPR, son parti, et l’UDF. Il choisit de revenir sur un certain nombre de décisions de la gauche et de libéraliser le système et notamment l’enseignement supérieur. Le projet de loi Devaquet, qui prévoyait entre autres de sélectionner les étudiants à l’entrée des universités, et de mettre celles-ci en concurrence, a alors connu une forte contestation.

Mais là encore, l’opposition ne va pas profiter de ce mouvement de masse contre la politique gouvernementale. Il est vrai que lorsque Jacques Chirac annonce le 8 décembre le retrait du projet de loi, François Mitterrand n’hésite pas à reprendre à son compte la colère des étudiants, mais la crise ne sera pas suffisamment importante pour donner un coup d’arrêt à la politique gouvernementale.

En 2005, les banlieues s’embrasent

En 2005, des violences urbaines sont déclenchées à Clichy-sous-Bois, où Bouna Traoré et Zyed Benna sont morts par électrocution dans l’enceinte d’un poste source électrique, après avoir été poursuivis par la police. Les émeutes se sont propagées dans toute la France et ont été très médiatisées dans le monde entier. L’état d’urgence a été déclaré le 8 novembre 2005, puis prolongé pour une durée de trois semaines consécutives. Au 17 novembre, la police déclare être revenue en situation normale.

Si ces événements ont bouleversé la France, si la gauche a pointé du doigt la politique du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui avait promis de « nettoyer les cités au Karcher », on ne peut pas dire que l’opposition de l’époque ait profité médiatiquement et politiquement de ces émeutes. C’est au contraire le camp du pouvoir qui gagne l’opinion. Dans un sondage Ipsos pour l’hebdomadaire Le Point, publié le 14 novembre 2005, la popularité de Nicolas Sarkozy fait un bond de onze points, pour s’établir à 63 % d’opinions favorables.

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