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Les rebelles touaregs accusent l’armée malienne d’exactions

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Le nord du Mali s’enflamme. Jeudi 28 novembre, des rebelles touaregs, et parmi eux des femmes et des enfants, ont envahi l’aéroport de Kidal – seule ville du pays qui n’est pas encore revenue sous contrôle malien  – interdisant l’accès des lieux au Premier ministre.

Exactions de l’armée malienne durant une manifestation

Les forces françaises et onusiennes présentes sur place n’ont pas permis le retour à l’ordre et le Premier ministre Oumar Tatam Ly a dû annuler sa visite.

Au cours de cette manifestation, l’armée malienne aurait tiré sur la foule à balles réelles, faisant un mort et cinq blessés. La Coordination des Mouvements de l’Azawad a immédiatement réagi, condamnant une exaction de l’armée sur des femmes et des enfants.

« La Coordination des Mouvements de l’Azawad condamne fermement cet acte barbare et injustifié perpétré contre des femmes et des enfants innocents », ont déclaré les responsables des mouvements dans un communiqué commun.

Cet « acte de forfait de l’armée malienne » donne les preuves de « l’incapacité » et de la « haine », ont encore estimé les responsables rebelles qui appellent la communauté internationale, « notamment la Minusma et Serval » à « prendre toutes les mesures nécessaires pour exiger l’arrestation des auteurs de ces actes criminels ».

La France trop complaisante ?

La présence des forces françaises sur place lors de cette manifestation sème une nouvelle fois le trouble dans les esprits maliens. Quelques jours auparavant, de nombres Maliens, résidant à Bamako, sont descendus dans la rue pour manifester contre la politique française sur place.

Au nord, alors que Kidal n’est toujours pas revenu dans le giron malien, les forces de l’opération Serval semblent faire preuve de complaisance à l’égard de la rébellion touarègue.

Une attitude confirmée par certains observateurs sur place. « Les forces de la Minusma et celles de la France ne contrôlent pas Kidal parce qu’elles ne veulent pas le faire ! », s’indigne Francis Simonis, chercheur pour le Centre d’études pour les mondes africains, actuellement au Mali.

« Le problème n’est pas militaire, mais politique. […] Peut-on sérieusement croire que Serval et la Minusma n’ont pas les moyens de sécuriser l’aéroport de la ville ? », s’interroge-t-il encore.

[Lire l’intégralité de l’interview de Francis Simonis]

Les rebelles touaregs se réservent le droit « d’assumer leur responsabilité »

Depuis plusieurs mois, Kidal est aux mains des rebelles touaregs réunis au sein du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA).

Les hommes armés de ces derniers mouvements auraient dû être cantonnés, après les Accords de Ouagadougou du 18 juin dernier, permettant ainsi le retour de l’administration malienne dans la capitale de l’Azawad – territoire revendiqué par les Touaregs. Or, depuis la signature de ces accords, les rebelles contrôlent toujours ce territoire.

Accusés de vouloir jouer la carte de la victimisation, ces rebelles touaregs estiment pour leur part avoir fait suffisamment d’efforts.

« Les Mouvements, depuis la signature de l’accord de Ouagadougou le 18 juin dernier, ont suffisamment fait de concessions pour aboutir à une solution pacifique à ce conflit » et face à ce qu’ils qualifient « d’attitude irresponsable des autorités maliennes », se réservent le droit « d’assumer leur responsabilité ».

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