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L’expansion du Front national sur les terres corses

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Le Front national gagne du terrain peu à peu sur les terres corses depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti. Le Rassemblement Bleu Marine (RBM) sera présent dans les grandes villes de Corse lors des prochaines élections municipales en 2014, et espère répéter les scores du FN lors des élections législatives de 2012.

La percée du FN en Corse

À l’origine, le Front national était considéré en Corse comme un parti « d’immigrés ». L’implantation du Front national en Corse a donc dû franchir de nombreux obstacles. Le 28 février 1992, Jean-Marie Le Pen était empêché d’atterrir à Bastia. Les militants nationalistes corses l’ont également empêché de tenir un meeting à Ajaccio en occupant les pistes de l’aéroport. En 2002 et 2007, Jean-Marie Le Pen s’était finalement contenté de réunir ses militants dans des hôtels, en périphérie du centre-ville.

Un accueil qui tranche avec celui qu’a reçu Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2012. Elle a obtenu la deuxième place dans les urnes corses  – devant François Hollande et derrière Nicolas Sarkozy – avec 24,3 % des suffrages. Au total, plus de 10 % de l’ensemble des villes et des villages de l’île ont voté FN. Un succès expliqué en partie le ralliement frontiste de l’électorat jeune, frappé par la crise, sous-diplômé, et dont le taux de chômage a augmenté de 8 % en 2012.

Par ailleurs, la Corse vote traditionnellement à droite. Et en reprenant à son compte des idées du FN, Nicolas Sarkozy a décomplexé les électeurs UMP corses, notamment sur l’immigration. Interrogé dans Le Monde, Jean-Guy Talamoni, leader de Corsisca Libera, mouvement nationaliste corse fondé en 2009, a expliqué que « Les électeurs du Front national viennent de tous horizons, mais surtout de droite : la responsabilité de ce vote incombe à Nicolas Sarkozy qui l’a dédiabolisé en chassant sur son terrain. »

La ligne Martinelli

Le vote frontiste s’est également propagé dans les rangs nationalistes. Les idées du FN ont été reprises par le parti d’extrême-droite – rebaptisé « Fiamma Corsa » – à l’échelle nationale : le renforcement de la sécurité, la lutte contre l’immigration et la défense de l’identité insulaire, menacée comme celle de la France par l’Europe et les marchés. Par ailleurs, en septembre dernier, les fédérations FN de Corse ont demandé l’interdiction du mariage gay en Corse au nom d’une adaptation des lois de la République aux spécificités de la Corse.

Un changement de discours radical impulsé par Olivier Martinelli. Ancien responsable du cabinet de Jean-Marie Le Pen, d’origine corse, il est un fervent partisan de la langue corse et défend ardemment la spécificité du peuple corse.

L’enjeu des municipales de 2014

Les élections municipales de 2014 concentrent toute l’attention des cadres du Front national aujourd’hui. S’enraciner localement est, pour le parti frontiste, gage de respectabilité et de professionnalisme sur la scène politique. La percée du FN lors des élections législatives en Corse semble avoir convaincu les candidats. Parmi eux, José Risticoni, secrétaire exécutif du FN de Corse-du-Sud, qui a presque doublé le score du FN de 207, avec  plus de 10 % des voix à Ajaccio au premier tour, rappelle France 3.

Plusieurs listes sont en train d’être négociées sous l’étiquette du Rassemblement Bleu Marine, notamment à Calvi et à Ghisonaccia. À Bastia, la candidature de l’ancien policier Tony Cardi est désormais officielle. 

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