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L’intégration des FARC en politique, une nouvelle étape clé vers la paix

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« Toutes les guerres finissent par un accord » affirmait le président colombien Juan Manuel Santos, cité par le quotidien El Espectador en septembre 2012. Après un demi-siècle de guerre civile, la Colombie pourrait bientôt retrouver le chemin de la paix. Depuis près d’un an maintenant, les forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et le gouvernement de Bogota négocient à la Havane, à Cuba, pour trouver une issue au conflit.  

«Une nouvelle ouverture démocratique»

Après un accord historique sur la question épineuse de la réforme agraire – cruciale dans la résolution du conflit – les deux parties ont scellé un accord partiel, mercredi 6 novembre, sur la participation des anciens guérilleros dans la vie politique colombienne, le deuxième des cinq points au programme des pourparlers.

« Cette nouvelle ouverture démocratique va ouvrir le chemin à l’enracinement définitif de la paix après la fin du conflit », a expliqué à Cuba le chef de la délégation du gouvernement aux négociations, l’ex-vice-président colombien Humberto de la Calle.

Des peines symboliques ou des amnisties

Des questions demeurent par ailleurs, notamment autour des peines symboliques ou des amnisties dont pourraient bénéficier les chefs des FARC, pourtant responsables de crimes de guerre.  Pour le spécialiste des FARC, Daniel Pécaut, « il est très difficile d’accorder une justice transitionnelle qui pourrait permette aux leaders de la guérilla de ne subir aucune condamnation, sachant qu’ils sont responsables de dizaines de milliers d’enlèvements et d’actes de terreur » expliquait-il en mai dernier à JOL Press.

Appel à la prudence

Si l’accord sur l’intégration des FARC dans la vie politique constitue une nouvelle étape décisive dans le processus de paix en Colombie, les observateurs et spécialistes de la Colombie appellent à la prudence. Déjà en 1984, la guérilla des FARC avait signé un accord avec le gouvernement colombien, qui prévoyait la réintégration d’anciens guerilleros qui avaient fondé le parti de l’Union Patriotique, rappelle L’Express. Les militants avaient pourtant été visés par les groupes paramilitaires – à l’extrême droite de l’échiquier politique colombien – poussant les FARC à reprendre la lutte armée en 1987.  

Au total, trois processus de paix ont déjà échoué dans l’histoire de la Colombie, dont le dernier date de 2002, sous Alvaro Uribe (2002-2010), ennemi juré des FARC, qui avait fait de la lutte contre la guérilla marxiste son cheval de bataille. 

Des questions délicates perdurent

Trois autres questions doivent encore être résolues avant un accord final. A partir du 18 novembre, les FARC et le gouvernement colombien aborderont le point délicat du narcotrafic qui gangrène la Colombie, premier pays producteur de cocaïne au monde. Viendront ensuite la question des dédommagements aux victimes du conflit, et la fin effective des hostilités. 

L’accord final fera ensuite l’objet d’un referendum qui pourrait se heurter à plusieurs acteurs du conflit: les paramilitaires, certains secteurs des FARC et l’armée,  qui n’ont pas intérêt à ce que le conflit cesse. 

Fatigués d’une guerre qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés, les Colombiens pourraient voter en faveur de l’actuel président Juan Manuel Santos, lors des élections 2014, en cas d’accord de paix définitif. 

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