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L’itinéraire du père Georges, prêtre français enlevé au Cameroun

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L’enlèvement du prêtre français Georges Vandenbeusch, 42 ans, dans la nuit du mercredi à jeudi dernier dans l’extrême nord du Cameroun, a été revendiqué par la secte islamiste Boko Haram. Il s’agit du même groupe qui avait enlevé en février dernier, une famille de sept français.

Alerté plusieurs fois par les autorités françaises sur la dangerosité de la zone, il avait néanmoins estimé que son devoir était de ne pas fuir. Le portrait de lui que Pascale Kremer, journaliste au Monde, avait fait en 2011, peu avant son départ pour le Cameroun, nous éclaire sur sa détermination à « rester ».  

De Sceaux à Maroua-Moloka

« C’est un métier magnifique prêtre, pourquoi ne parle-t-on que de ses difficultés ? On va dans les familles, on voit naître, grandir, on accompagne jusqu’à la mort, on est dans la vie des gens, même si le registre de parole avec le curé n’est pas le même qu’avec parents et amis » assurait-il au journal Le Monde en juillet 2011. Il souhaitait faire tomber les clichés qui circulent sur le catholicisme en France.

« Heureux comme un curé à Sceaux » avait titré le quotidien. Après neuf ans « de bonheur » à la jolie paroisse de Saint-Jean-Baptiste à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, il souhaitait ardemment découvrir de nouveaux horizons. « Une communauté catholique qui ne serait pas attentive à ce qui se passe dans les autres communautés catholiques du monde s’appauvrirait. L’Eglise doit être à la fois locale et universelle » avait-il confié au journal.

S’il n’avait pas à se plaindre de sa position très privilégiée à Sceaux, où l’église, selon ses dires, faisait le plein, tous les dimanches à 11 heures, il lui semblait « sain » de partir pour ne « pas s’encroûter », ne pas se laisser happer par « la force de l’habitude ». « Au bout d’un moment, on ne s’interroge plus assez sur ce qu’on fait ». Le maire centriste de la ville Philippe Laurent se souvient « qu’il était très enthousiaste à l’idée de découvrir autre chose, des gens avec d’autres priorités que les Scéens ».

Un prêtre passionné et bienveillant

Il a choisi l’extrême-nord du Cameroun pour vivre sa foi. Malgré la menace islamiste. Le rapt de la famille Moulin-Fournier en février dernier n’avait pas refroidi son enthousiasme. Il avait même proposé de jouer les médiateur entre la France et la secte Boko Haram, allant jusqu’à proposer d’être échangé contre les enfants, rapporte LCI. Conscient des risques d’enlèvements, le prêtre Georges avait choisi de rester par « solidarité » et avait même confié souhaiter voir sa mission rallongée.

Pour pouvoir célébrer la messe dans la langue locale, il a appris le mafa. Il s’est également engagé dans la scolarisation des petites filles camerounaises. Et aidait, dans la mesure du possible, les réfugiés du Nigeria, qui arrivaient en masse depuis quelques semaines après les offensives entre l’armée nigériane et des groupes islamistes. « Il était très intégré ici. Il recevait beaucoup de fidèles », relate sœur Françoise, qui travaillait avec lui dans la paroisse.

Dans sa dernière lettre, publiée le 10 septembre sur le site de son ancienne paroisse, il faisait état des difficultés de sa mission et des bombardements du groupe islamiste Boko Haram, dont le fracas parvenait jusqu’à son domicile. « Mais rassurez-vous, la sécurité ici est bonne car le Cameroun sert de refuge aux islamistes pourchassés  (…) cette base arrière leur est précieuse », indiquait-il alors…

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