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Manifestations en Bulgarie: les étudiants ne lâchent rien

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« Mafia » et « démission » scandent à l’unisson les étudiants bulgares, mobilisés dans le mouvement contestataire qui secoue la Bulgarie. Depuis plus de deux semaines, ils organisent des sit-in dans plusieurs bâtiments de l’université de Sofia, mais également dans une quinzaine d’universités à travers le pays, pour réclamer la démission du gouvernement.  

Colère et indignation des étudiants

Comme en juillet dernier, lorsque des manifestants avaient assiégié le Parlement en bloquant des dizaines d’hommes politiques à l’intérieur, les étudiants protestataires ont à nouveau essayé d’encercler les lieux, mercredi 13 novembre. Leur principale revendication : la démission du Premier ministre Plamen Orecharski, de centre-gauche. « Nous sommes prêts à maintenir le blocus jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites », a déclaré le leader étudiant Borislav Rangelov.

Six mois à peine après l’élection du successeur de Boïko Borissov, les manifestants l’accusent de corruption et d’entretenir des « liens trop étroits avec l’oligarchie »: ce qui a valu au Premier ministre le surnom de « mafia rouge ». 

Violence des heurts

Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées lors des dernières manifestations. Les vidéos postées sur You Tube révèlent la violence des affrontements entre la police et les manifestants. 

En marge de la « marche de la justice » organisée dimanche 10 novembre, une manifestante s’est exprimée sur la situation de la jeunesse en Bulgarie: « Regardez ce qui se passe. Ils veulent tuer et étouffer les seuls jeunes qui ne sont pas encore partis et qui veulent vivre en Bulgarie, qui veulent la démocratie. Mais apparemment, la démocratie c’est l’ordre public » a –t-elle expliqué à Euronews.

«Absence de moralité dans la vie politique»

Le recteur de l’université de Sofia, Ivan Ilchev, a récemment déclaré qu’il comprenait « les actions des étudiants comme une réaction à l’absence de moralité dans la vie politique et l’absence de préoccupation pour l’avenir des jeunes ». Il a cependant appelé les manifestants à débloquer les entrées de l’université pour permettre aux 14.000 étudiants de suivre leurs cours.

Manifestation massive en juin et juillet

Le mouvement contestataire perdure depuis plus de cinq mois à Sofia, le plus long de l’histoire du pays. En juin et en juillet, près de 10 000 manifestants se sont rassemblés pour demander la démission du gouvernement dans le pays le plus pauvre de l’Union Européenne, qu’il a intégrée en 2007. D’après un sondage mené par un institut indépendant, Alpha Research, 60% de la population bulgare soutiendrait le mouvement de protestation.

Un tournant dans l’évolution démocratique en Bulgarie ?

Dans une tribune publiée dans le magazine bulgare Kultura, rapportée par Courrier International, un enseignant bulgare nommé Dimitar Bechev – qui a participé aux manifestations de 1997 contre le gouvernement socialiste de Jan Vassilev Videnov – a tenu a encourager les étudiants dans leur combat.  

Quelques jours après le 24e anniversaire de la chute du dirigeant communiste Todor Hristov Zhivkov, marquant la transition démocratique en Bulgarie, Dimitar Bechev a voulu mettre en avant l’aspect « trompeur » de ce système démocratique « Le système est dysfonctionnel : il n’y a pas d’indépendance des médias, pas d’Etat de droit, pas de responsabilité…En somme, il ne s’agit de démocratie que dans un sens très étroit » explique-t-il à JOL Press.

Plus encore qu’en 1997, ces manifestations marquent selon lui un tournant dans le cheminement démocratique en Bulgarie: «  L’enjeu en 1997, était surtout de ne pas être à la traîne par rapport au reste de la CEE sur la voie de la réforme concernant la création de l’OTAN et de l’UE. Aujourd’hui il s’agit d’instaurer une vraie démocratie en Bulgarie ».  L’enseignant qui a rendu hommage aux étudiants à travers son texte, tient aujourd’hui à les encourager : « Tenez bon. Soyez réalistes demandez l’impossible ». 

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