Au Mexique, des cadavres sans organes ont été retrouvés dans une fosse commune clandestine. Pour Alejandro Solalinde, prêtre mexicain et fondateur d’une maison de refuge pour migrants, cela ne fait aucun doute: ces corps sont ceux de sans-papiers en route vers les Etats-Unis.
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Le père Alejandro Solalinde, prêtre mexicain et fondateur du centre d’accueil pour les migrants Hermanos en Camino, affirme qu’il existe des fosses communes contenant les cadavres sans organes de migrants.
« Des corps sans organes »
« Dans certains endroits, que je ne peux révéler actuellement, il y a des fosses avec des corps sans organes, c’est grave », a-t-il déclaré, alors qu’il recevait le prix Juan de Palafox pour son engagement humanitaire. Informé par les autorités, le père mexicain a précisé que ce cimetière clandestin contenait des cadavres sans organes de migrants : « Je parie ce que vous voulez que ce sont des immigrés » a-t-il ainsi lancé pendant la cérémonie.
Des migrants victimes d’exactions
Chaque année, des dizaines de milliers de migrants arrivent au Mexique, voie de passage pour ceux qui fuient la pauvreté et la violence de leur pays. La plupart d’entre eux arrivent par des trains de marchandises, de l’Etat voisin du Chiapas. Pendant leur voyage, beaucoup sont victimes d’agressions, de bandes criminelles, et du harcèlement de la police.
L’ONG Amnesty International dénonce l’impunité des violences
Ces exactions ne sont pratiquement jamais dénoncées. Un rapport de l’ONG Amnesty International, datant de 2010, pointait les exactions commises lors de contrôles de migrants au Mexique : « On n’imagine pas, quand on entreprend ce voyage, que nos rêves puissent virer au cauchemar en quelques secondes […] Le soldat m’a attrapée par la main et m’a dit d’avancer dans les broussailles. Il m’a conduite loin de la ligne de chemin de fer, à un endroit où nous étions complètement seuls. Il m’a demandé d’enlever mes vêtements pour voir si je dissimulais des stupéfiants. Il a dit que si je faisais ce qu’il me demandait il me laisserait partir » confiait à l’ONG une migrante, nommée Margarita.
L’ONG rapporte que six femmes et filles migrantes sur 10 sont victimes de violences sexuelles au cours de leur voyage. En 2011, 193 cadavres de migrants clandestins avaient été retrouvés dans des fosses communes, à San Fernando, dans l’Etat de Tamaulipas.
Une structure d’accueil pour les migrants
Lauréat du prix national des droits de l’homme 2012, le père Alejandro Solalinde a fondé la structure d’accueil Hermanos en el Camino – « Frères en chemin » en français – , pour les migrants d’Amérique centrale et du Sud, qui cherchent à rejoindre les Etats-Unis. La fondation est située dans la municipalité d’Ixtepec, dans l’état d’Oaxaca, une région qui enregistre avec Chiapas et Guerrero les taux les plus élevés d’analphabétisme, de pauvreté, d’exclusion et de chômage.
Son combat pour défendre les droits des migrants lui a valu plusieurs menaces: depuis 2008, le prêtre Alejandro Solalinde est victime d’agressions et d’actes de harcèlement.