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Notation: Paul Krugman prend la défense de la France

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Les agences de notation n’ont « aucune information particulière sur la solvabilité des Etats »

Si le prix Nobel d’économie dénonce la décision de Standard & Poor’s, c’est, avant tout, en raison du manque d’information dont l’agence dispose. Selon lui, les agences de notation, d’une manière générale, ne sont absolument pas légitimes dans l’évaluation de la solvabilité des pays. Elles n’auraient en réalité accès à aucune donnée leur permettant de réaliser une analyse économique solide.

« Les agences de notation ne disposent d’aucune, je dis bien aucune, information particulière sur la solvabilité des pays, et à fortiori, quand il s’agit de grands Etats comme la France. Est-ce que S&P dispose de connaissances internes sur l’état des finances de la France ? Non ».

Pourquoi la France et pas le Royaume-Uni ?

Paul Krugman établit également une comparaison éclairante entre la situation de la France et celle de la Grande-Bretagne, pays bénéficiant encore des « bonnes grâces » des agences de notation. Pour ce faire, il s’appuie sur les données du FMI, selon lui, infiniment plus fiables et pertinentes que celles des agences.

C’est bien la France qui a été dégradée, pourtant, à l’horizon 2018, par exemple, les projections du Fonds monétaire international (FMI) sont meilleures pour la France que pour la Grande-Bretagne.

« La France a fait mieux que le Royaume-Uni jusqu’à présent et le Fonds monétaire international estime que cet avantage va se maintenir ».

Il ajoute sur son blog : « la France est légèrement mois endettée et le FMI prévoit que l’écart se creuse encore un peu plus en ce sens ».

Une décision qui tient plus de « l’idéologie que de l’analyse économique solide »

Au-delà de la légitimité et de la pertinence de l’analyse de S&P, Paul Krugman dénonce la logique de cette dégradation, qui tient plus de l’idéologie que de la réelle analyse économique.

« Je suis désolé mais je pense que lorsque l’agence S&P déplore un manque de réformes, ce dont elle se plaint en réalité, c’est que François Hollande augmente les taxes et impôts pesant sur les riches au lieu de les alléger, et que, plus généralement, il n’est pas assez favorable au libre marché pour satisfaire les principes de Davos ».

« Ne prenez pas cette dégradation comme le signe que quelque chose ne pas vraiment pas dans la situation de la France. Cela relève plus de l’idéologie que le l’analyse économique défendable ».

Une tribune visiblement bien accueillie à Matignon

Dans une période marquée par une large défiance envers la politique de François Hollande, le soutien d’un économiste de l’envergure de Paul Krugman tombe évidemment bien. Pour preuve de l’enthousiasme suite à la publication de la tribune sur le New York Times, un tweet que l’on pourrait traduire par « Dans ta face Standard & Poor’s » a été publié sur le compte officiel de Matignon. Probablement le fruit d’une erreur, le message a rapidement été effacé mais n’en traduit pas moins un réel soulagement suite à ce soutien inattendu.

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