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Polémique sur la «retraite» de Philippe Varin: une crise à ricochets législatifs ?

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Ce mercredi de novembre a été soufflé par un vent puissant de polémiques et d’indignations diverses.

Subitement, la « retraite » de Monsieur Philippe Varin, dirigeant du groupe, Peugeot d’un montant de 21 millions d’euros, était à la «Une » de toutes les radios et chaînes d’infos. Après les affres sociaux de juillet 2012, les efforts demandés aux salariés, cette mesure chez PSA a été perçue comme indécente et globalement incomprise dans ses décomptes et sa complexité par beaucoup. 

Les réactions ne se sont pas fait attendre

Mélenchon a traité Philippe Varin de « voyou ».

Le ministre Arnaud Montebourg  a annoncé qu’il fallait encadrer, légiférer les conditions de départ des patrons. Arnaud Montebourg a également mis en avant les aides passées et accordées au groupe, notamment en 2008 et 2009 – plus de 4 milliards prêtés alors que les banques refusaient d’aider Peugeot. Il a rappelé les aides dénommées : primes à la casse, de bonus-malus, de crédit impôt recherche, de chômage partiel, etc… Et  a précisé que si la famille Peugeot est le principal actionnaire du groupe à hauteur de 25%…  l’Etat est partie prenante et a droit à des explications.

Tandis que Pierre Moscovici renchérissait, Jean-Vincent Placé, jamais en reste d’une querelle,  a demandé qu’on encadre par une loi, les salaires des dirigeants, etc…

Puis, très rapidement, en fin de journée, Philippe Varin a choisi,  d’éteindre l’incendie sociétal qui s’était allumé, avec rapidité, bon sens et sagesse. Malheureusement, cette nouvelle crise a fragilisé le groupe.  Et, PSA Peugeot Citroën va rester néanmoins sous observations…

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Politiques vs Entreprises, un conflit délétère

Dès lors, le politique clame à qui veut l’entendre, que les entreprises ne sont pas capables de s’autoréguler et que décidément, elles exagèrent. Et, justifie qu’ils ont bien fait d’imposer les 75 %  de prélèvements.

De leur côté, les grands dirigeants argumentent que la crise s’est durablement installée et qu’ils ont besoin de latitude et de fluidité pour travailler et surtout d’être dans les mêmes logiques que les entreprises concurrentes, au niveau mondial.

Désormais, s’enclenche le débat sur la rémunération des dirigeants. C’est un sujet emblématique et délicat.

Certes, ce gouvernement est d’essence socialiste et il a été élu démocratiquement.

Cependant, quand on est président de la République et ministre, on représente la fonction pour tous les Français. Dans un environnement anxiogène, la majorité des Français pensent que nous sommes toujours en pleine crise, avec un taux de chômage fiévreux, un pouvoir d’achat diminué et une croissance en berne.

Non au climat anti-patrons

Je ne crois pas, pour autant qu’on puisse continuer à développer ces climats anti-patrons, anti entreprises, anti industries. Ces patrons, ces industries, ces entreprises demeurent des viviers d’emplois.

Nous sommes en 2013 /2014  et notre monde contemporain s’est diamétralement transformé. Ce monde moderne est mouvant. Nous ne sommes d’ailleurs pas à l’abri d’une nouvelle crise financière.

On ne peut pas au nom d’une idéologie, déclarer la guerre à l’économie et à l’industrie.

Il peut y avoir des désaccords sur certains sujets. Chacun est dans son rôle de gardien de valeurs et de sauvegarde des emplois. Mais il doit y avoir une passerelle d’entente sur la volonté de se positionner au creux de la mondialisation et concurrence, au sein de cette guerre économique permanente.

« L’homo politicus  » et le monde économique sont dans l’ardente obligation de s’entendre et de mieux se comprendre.

Des dangers qui ne disent pas leur nom

Ce dont on parle moins dans ce pays, ce sont ceux qui partent s’installer ailleurs où les conditions faites aux entreprises sont moins dures. Les 75 %  d’imposition ont fait naître les « nouveaux vagabonds entrepreneuriaux ».  Beaucoup s’organisent en silence et ont déplacé leur siège social, d’autres orientent leur stratégie à l’étranger, etc.…

Le malaise français à l’égard de la mondialisation rejoint le malaise français à l’égard de l’industrie, de l’économie de marché.

Et, en plus de la guerre économique mondiale, on ne peut pas cumuler une « guerre politique contre  l’économie ». Ce serait la porte ouverte vers une évasion « grand format » du tissu entrepreneurial.

Au passage, que dire lorsqu’on reçoit des invitations à des colloques ou opérations de communication intitulées :

« Comment développer la french touch » ? Que penser quand on souhaite dans le même temps démontrer à tous les investisseurs l’attractivité de la France, en matière d’innovations et de fiscalité  et en même temps menacer de légiférer  sur les salaires des patrons ?

Chacun comprend aisément que l’exécutif cherche à apporter un peu de justice sociale, tente de répondre à ces appels désespérés des salariés licenciés de toutes parts. Naturellement, il faut à tout prix recherche une cohésion sociale, tenter d’éviter les frondes et explosions sociales.

Ce n’est pas contradictoire. Et il faut contribuer à cela, aussi.

Les enjeux vitaux de notre France en crise

Mais, les enjeux aujourd’hui s’ancrent résolument sur les questions :

Quelle sera la place de la France dans l’Europe, dans le monde, dans la mondialisation ?

Quelle est l’influence de la France ?

Quid de notre croissance, de la restauration du pouvoir d’achat, de la recherche effrénée d’emplois pour tous, du rôle grandissant de la finance, de la financiarisation de l’économie ?

La France a une histoire, celle d’un grand pays, où  sont nés les pensées philosophiques majeures et systèmes politiques décisifs.

L’universalisé de sa culture, ses valeurs, sa dimension intellectuelle et artistique, sa construction européenne, son appareil diplomatique, etc… font de la France une nation à part dans le monde. Plus je voyage, plus je crois en ces différences, ce mélange d’engagement européen et de fierté nationale.

Comment se projeter aujourd’hui et trouver les moyens de rassembler pour des objectifs définis et concrets ?

De grâce, sortons des logiques tribuniciennes, plus axées sur l’écume des vagues médiatiques, des opinions publiques que d’une stratégie moderne, adaptée, renouvelée de l’influence française.

Il faut redonner un horizon économique réaliste aux Français, dans une stratégie offensive et ciblée. La fin de l’année 2013 est l’instant privilégié de la réflexion sur l’année passée.  Janvier 2014 sera un kiaros politique bienvenu sur le départ d’une nouvelle offensive politico-économique.

Les idées ne manquent pas. Les innovations sont là. Les femmes liges et les hommes « ressources » identifiés, au-delà des esprits partisans, seront toujours présents au rendez-vous de l’intelligence.

Ad Augusta per Angusta , certes, mais ne tardons pas , avant qu’il ne soit trop tard.

Ghyslaine Pierrat

Spin doctor

Auteur du livre : « La communication n’est pas un jeu » éd. de l Harmattan 

Docteur en communication politique et économique

@gpierrat

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